En Europe, l'impression 3D fait couler de l'encre

Dans un marché mondial en plein développement, l'Europe peine à trouver sa place dans le secteur de l'impression 3D. De nombreux obstacles subsistent. Pour relever ce défi, la Commission européenne a commandité un rapport qui analyse les difficultés des acteurs de l'impression 3D et fait des préconisations.
Grégoire Normand
Malgré des acteurs importants dans l'impression en trois dimensions, la coopération entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est doit être renforcée selon la Commission européenne.

L'intérêt pour l'impression 3D n'est pas prêt de s'estomper. Malgré un fort potentiel de croissance, ce secteur est pourtant confronté à des difficultés recensées et étudiées par un consortium de cabinets de conseils coordonné par IDEA Consult qui vient de rendre un rapport très complet à la Commission européenne.

Le but de ce travail est de rendre compte des faiblesses des acteurs de l'impression en trois dimensions dans les régions européennes et de leur apporter quelques recommandations. Le rapport pourrait être le point de départ d'une coopération plus rapprochée entre les différents acteurs de ce secteur.

Une industrie encore balbutiante

Pour les auteurs du rapport, les entreprises du secteur de l'impression 3D dans l'industrie européenne sont toujours au premier stade de développement dans la plupart des domaines. Pourtant, de nombreuses sociétés se sont lancées dans l'impression en trois dimensions de composants pour les automobiles, de pièces pour l'aviation, des outils pour la chirurgie médicale, des vêtements, des objets pour la décoration d'intérieur. Mais aucune n'a réussi à véritablement opéré une "disruption" (rupture) dans les secteurs étudiés.

Une Europe dominante sur plusieurs marchés

Bien que les régions européennes doivent faire face à une concurrence très forte des Etats-Unis, d'Israël et du Japon dans l'impression 3D, elles restent leaders dans les technologies de fabrication de pointe dans le métal, le frittage sélectif par laser (selective laser melting) qui permet de faire des prototypes d'objets, les technologies de fabrication d'objets pour le secteur biomédical. Plusieurs pays comme l'Allemagne, la France ou le Royaume-Uni ont également montré leur force dans la fabrication additive métallique qui consiste à fabriquer une pièce à partir de fines couches de poudre métallique mises en fusion par un faisceau laser. La pièce est alors construite couche par couche contrairement à l'enlèvement de matière lors de l'usinage. Selon le rapport, certains segments comme l'impression d'aliments en trois dimensions ou l'usage de poudre métallique haut de gamme pour la fabrication d'objets devraient être renforcés à l'avenir en Europe.

Un manque de formation et de compétences

Les barrières identifiées dans le document relèvent principalement du manque de connaissances et de compétences pour standardiser les matériels de production et les processus de fabrication. Le coût des matériaux et des imprimantes, le manque de conscience du potentiel des communautés d'usagers et l'attachement aux méthodes traditionnelles de fabrication constituent les principaux freins soulignés dans le document.

Des coopérations à renforcer pour un marché en plein boom

Les capacités européennes en matière d'impression 3D demeurent fragmentées. Les forces de production sont principalement concentrées dans des régions de l'Europe occidentale. Seul un nombre limité d'acteurs de l'impression 3D a été identifié dans les régions en Europe de l'Est. Cependant, l'étude a repéré des opportunités de collaboration entre les différentes régions qui pourraient faciliter les activités commerciales. Par ailleurs, la société de conseil et d'étude IDC spécialisée dans les technologies, a indiqué dans un communiqué publié le 11 août dernier que les revenus issus du secteur de l'impression 3D pourraient atteindre 35 milliards de dollars en 2020 contre 15,9 milliards de dollars attendus en 2016. Des chiffres qui devraient continuer à susciter l'intérêt des investisseurs.

Un marché en plein développement mais confronté à des obstacles

Selon une étude réalisée par le cabinet Xerfi en juin dernier, "si le marché mondial se développe rapidement, la technologie n'est pas encore prête pour la production de masse." Par ailleurs, si l'Europe et plus particulièrement la France sont plutôt bien équipées en termes de Fablab (*) à en croire la carte de Makery, les risques en matière de propriété intellectuelle ou de contrefaçon sont élevés pour les grandes entreprises comme le rappelait Ronda Majure vice-présidente Global Sales chez Thomson Reuters en avril dernier.

Le déploiement de l'impression 3D par la hausse de la demande

Après avoir fait un état des lieux des acteurs du marché de l'impression 3D, les auteurs de l'étude ont fait quelques recommandations comme la stimulation de la demande en facilitant les tests et l'acquisition d'imprimantes 3D par les consommateurs. Ils préconisent également de soutenir des plateformes qui rassemblent des communautés d'usagers et les laboratoires de fabrication.

(*)Un Fab Lab (contraction de l'anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d'outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d'objets.

Grégoire Normand

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Commentaires 3
à écrit le 23/09/2016 à 17:23
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Malheureusement, ce ne sont que des jouets, il faudra attendre encore pour voir des imprimantes permettant autre chose que des babioles dont la résistance est "limite". Pour ceux qui en doute : http://www.ppur.org/images/thumbnails/0000/2461/978...

à écrit le 23/09/2016 à 10:32
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Bref encore un rapport dont la seule valeur ajoutée est de payer le salaire d'un consultant

à écrit le 22/09/2016 à 19:19
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Qee faire des préconisations de l'UE ? Étudiez les et faites l'inverse vous aurez 9 chances sur 10 de réussir.

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