Le français Skello peut-il devenir une super-plateforme de gestion du personnel ?

Le logiciel de cette startup parisienne automatise et optimise la gestion des plannings complexes dans l'hôtellerie/restauration, le retail et la santé. En hyper-croissance depuis sa création en 2016, Skello revendique 7.000 points de vente qui utilisent sa solution en France et lève 40 millions d'euros supplémentaires pour s'étendre en Europe dans les deux prochaines années et recruter 350 personnes.
Sylvain Rolland

Deux heures de travail le matin, trois heures l'après-midi, une récupération à caser pour rattraper un shift de soirée, prise en compte de l'affluence, des contrats de travail disparates ou encore des absences... Pour de nombreuses professions, la gestion des plannings du personnel relève du casse-tête et génère son lot de tensions, de temps perdu et d'erreurs. "Il y a un moment où le manager se heurte à un mur car il ne peut pas prendre en compte tous les paramètres nécessaires pour gérer les plannings complexes de manière optimale", explique Quitterie Mathelin-Moreaux.

En 2016, l'entrepreneuse a donc lancé Skello, un logiciel d'automatisation de la gestion du personnel, avec deux associés, Emmanuelle Fauchier-Magnan et Samy Amar. Deux ans plus tard, 1.000 restaurateurs et hôteliers avaient adopté le produit. Aujourd'hui, ils sont 7.000 et s'étendent aussi dans le secteur du retail et de la santé, voire même de l'industrie. Un succès qui permet à la startup parisienne de lever 40 millions d'euros supplémentaires auprès du fonds Partech Growth et de ses investisseurs historiques XAnge et Aglaé Ventures.

D'un logiciel de plannings à une plateforme globale de gestion du personnel

Comme Lydia, qui était à ses débuts une application de paiements entre particuliers et qui se transforme petit à petit en super-app des services financiers, Skello est en train de réaliser sa mue d'un logiciel de planification d'agendas à une super-plateforme SaaS de gestion du personnel dans tous les secteurs.

"Au début, nous avons ciblé les deux secteurs où le besoin était le plus évident et qui étaient les plus faciles à pénétrer puisqu'ils étaient sous-digitalisés : l'hôtellerie et la restauration. Mais à terme, notre technologie peut être adaptée à tous les secteurs qui gèrent des plannings complexes, et nous fournissons aussi des services associés comme notre badgeuse numérique Timeclock ou le traitement des éléments variables de paie avec quinze logiciels partenaires", décline Quitterie Mathelin-Moreaux.

La startup propose aussi une application mobile qui permet aux managers de communiquer avec leurs équipes. Logiquement, le modèle économique de Skello se base sur le point de vente : la startup commercialise trois offres (basique, success, premium) ainsi que la badgeuse, pour un panier moyen autour de 100 euros par mois.

En développant les services associés comme la badgeuse Timeclock, que 62% des clients utilisent, la startup agrandit petit à petit sa boîte à outils RH. Car sa valeur ajoutée vient du traitement de la data. En juin dernier, Skello a lancé la technologie Smart Planner, qui prend également en compte l'historique des plannings pour affiner la gestion des futurs plannings. "Nous sommes les seuls à proposer cette fonctionnalité d'apprentissage par l'expérience, grâce à la data récoltée", indique la cheffe d'entreprise.

Un modèle scalable, l'Europe en ligne de mire

La grande force de Skello est sa scalabilité, c'est-à-dire sa capacité à s'étendre à d'autres secteurs que l'hôtellerie/restauration, et à conquérir de nouveaux pays. Sa technologie Smart Planner, développée en interne, prend en compte les règles locales et contractuelles de chaque organisation et de chaque secteur d'activité, ainsi que les contraintes liées aux postes de travail. Autrement dit, "on peut être opérationnel dans un nouveau secteur très rapidement et très facilement", revendique Quitterie Mathelin-Moreaux.

De fait, Skello est en hyper-croissance depuis sa création. De 3 employés en 2016 au moment de son financement d'amorçage de 600.000 euros, la startup est passée à 30 employés et 1.000 points de vente adressés au moment de lever 6 millions d'euros en Série A en 2018. Trois ans plus tard, l'équipe s'est étoffée à 150 personnes et la solution équipe 7.000 points de vente, en France principalement, mais aussi dans les pays francophones voisins, Suisse et Belgique.

Avec les 40 millions d'euros de son nouveau tour de table, Skello compte recruter 350 personnes de plus et vise désormais 30.000 points de vente dans deux ans. A la fois en France où il reste du travail pour conquérir le marché et se distinguer de la concurrence. Mais aussi dans d'autres pays européens, à commencer par l'Espagne et l'Allemagne, des marchés stratégiques "ouverts en test" depuis deux mois. D'ici à deux ans, où il faudra certainement réaliser une méga-levée de fonds pour enfoncer le clou, Skello espère s'être implanté en Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal), ainsi qu'en Europe continentale (Allemagne, Autriche, Suisse). Et, pourquoi pas, à terme, rejoindre le club des licornes voire des futurs géants européens de la tech, dans un secteur, la "RH tech" ou "tech pour les ressources humaines", en plein boom suite à la crise sanitaire.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 16/09/2021 à 16:15
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Le problème n'existerait pas si les gens étaient heureux au travail. L'absentéisme hors "vraie" maladie est toujours la conséquence d'un management violent.

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