Pour traquer le parcours client, la startup Bubbles mise sur la gamification des publicités

Lancée en 2014 avec une activité de chargeurs de smartphones, Bubbles a pivoté en 2016 pour proposer des campagnes publicitaires reposant sur le jeu. Le but : permettre à ses clients, comme Leclerc ou Auchan, d'augmenter les passages en caisses et le prix du panier moyen grâce à des jeux permettant d'obtenir le remboursement de ses achats.
Anaïs Cherif
Bubbles, startup spécialisée dans le marketing de proximité, permet à ses clients d'augmenter les passages en caisse et le coût des paniers moyens grâce à des campagnes publicitaires personnalisées avec de la gamification.
Bubbles, startup spécialisée dans le marketing de proximité, permet à ses clients d'augmenter les passages en caisse et le coût des paniers moyens grâce à des campagnes publicitaires personnalisées avec de la gamification. (Crédits : DR)

Tout commence avec un simple jeu. Sur smartphone, via des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, vous êtes appâtés par une publicité, à la façon d'une loterie numérique. "Vous avez une chance sur X de partir de tel magasin sans payer lors de vos prochaines courses", résume Christophe Vattier, Pdg et fondateur de Bubbles, startup spécialisée dans le marketing de proximité.

"C'est une recette marketing vieille comme le monde, que nous avons industrialisé pour permettre à nos clients d'augmenter les visites en magasins, mais surtout les passages systématiques en caisses. Nos clients ne veulent pas des visiteurs mais des acheteurs."

A l'heure où le e-commerce ne cesse de grandir, les commerçants sont friands de campagnes publicitaires ciblées grâce à la géolocalisation pour attirer en magasins les acheteurs potentiels, et donc, augmenter leur chiffre d'affaires. Contrairement aux startups concurrentes spécialisées dans l'analyse du parcours client, Bubbles garantit un passage en caisse - et non une simple visite en magasin - car les chalands doivent d'abord régler la note pour découvrir lors du passage en caisse s'ils ont remporté le gros lot.

12 à 30% des joueurs achètent ensuite en magasin

"Nous avons une capacité de tracking depuis la première fois où l'acheteur voit la publicité jusqu'à sa transformation en caisse. Nous savons tout traquer, pour pouvoir dire à nos clients : Monsieur Dupont a vu la pub mardi à 14 heures, via Facebook, il est allé vendredi à 17 heures dans le magasin des Champs-Elysées et a acheté pour 143 euros", illustre Christophe Vattier.

Selon les chiffres communiqués par Bubbles, seulement un tiers des acheteurs potentiels exposé à de la publicité partent sans jouer et 12 à 30% des joueurs achètent ensuite en magasin. La jeune pousse parisienne, qui revendique un chiffre d'affaires supérieur à 1 million d'euros en 2018, table sur une rentabilité au cours du premier semestre 2019.

Proposant des campagnes publicitaires de gamification depuis moins d'un an, elle revendique "une quarantaine de clients", principalement dans la grande distribution alimentaire (Auchan, Leader Price, Leclerc...) et la beauté/mode (Naf Naf, Printemps, Lacoste...). Bubbles se rémunère à l'opération - qui va du type de publicité proposée, à la conception des jeux en passant par la récolte des données, l'interface avec les caisses et la restitution des infos en temps réel dans un back office. Une campagne peut aller de "quelques centaines d'euros à quelques milliers d'euros selon la taille du magasin", selon Christophe Vattier.

Capter les données personnelles des acheteurs

Lancé en 2014, Bubbles proposait initialement des chargeurs de smartphones en forme de bulle (d'où la startup tire son nom) à destination des professionnels - comme les magasins, les bars... Les utilisateurs de smartphones en vadrouille pouvaient alors trouver les bornes de recharge disponibles via une application pour s'y rendre. Suite à de nombreux problèmes technologiques, Bubbles décide de pivoter en 2016 et de se concentrer sur une nouvelle offre de service. Son activité de chargeurs est actuellement en "phase finale de cession pour février ou mars", estime Christophe Vattier. La jeune pousse envisage d'ailleurs de changer de nom courant 2019.

"Le monde de la publicité change profondément. Ce secteur a besoin de renouveau parce que nous commençons à être saturés de publicités sur le digital", affirme Christophe Vattier. "Pour obtenir du temps de cerveau disponible, il ne suffit pas de montrer une jolie pub : il faut donner des services à valeur ajoutée. Plus l'acheteur potentiel va percevoir un intérêt, plus il sera prêt à donner du temps de cerveau pour venir en magasin, acheter davantage et même, fournir des données personnelles."

L'obtention de data est cruciale pour permettre au commerçant de maintenir le lien avec l'acheteur potentiel, une fois capté par le biais du jeu. "Entre 6 à 7 personnes sur 10 donnent des vraies données (nom, prénom, mail, téléphone portable) pour être recontactées", chiffre le fondateur de Bubbles. Un chiffre élevé qui s'explique, selon lui, par un biais cognitif : comme avec le Loto, les perdants espèrent toujours rafler la mise une prochaine fois.

Hausse du panier moyen grâce aux "biais cognitifs"

"Auparavant, les algorithmes étaient novateurs mais ils sont devenus une simple une commodité. Pour nous, la recette secrète est d'utiliser les biais cognitifs des acheteurs potentiels, rentrer dans leur cerveau et offrir de la valeur ajoutée en fonction de leur vision", explique Christophe Vattier, qui précise qu'une partie des équipes de Bubbles fait de la recherche en sciences cognitives.

Ces recherches permettent aussi de justifier, selon lui, une hausse du panier moyen. Avec l'espoir de se faire rembourser ses courses, l'acheteur charge davantage son panier. Dans le secteur de la grande distribution, Bubbles revendique une "hausse du panier moyen de 80%, contre 30 à 40% dans le secteur beauté/mode", selon Christophe Vattier.

Depuis sa création, Bubbles a levé 5,5 millions d'euros auprès de business angels, tels que Franck Le Ouay (co-fondateur de Criteo) ou encore Didier Quillot (ancien directeur général Orange France). La startup emploie actuellement 25 employés - dont 15 à Paris. Bubbles dispose également d'un bureau au Canada depuis deux ans et demi et d'un centre de développement en Pologne. Nouvelle étape : l'Asie, où la société vient d'ouvrir en janvier un bureau au Vietnam.

"L'Asie est un eldorado au potentiel incroyable pour trois raisons : le retail est en explosion, ce sont des dingues de smartphones et surtout, de jeux - trois critères qui résument notre offre", estime Christophe Vattier.

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 16/02/2019 à 17:50
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1 chance sur 5 c'est prendre les gens pour des idiots. Le benef net qu'un distributeur fait est autour des 5% Donc même s'il donnait 1 chance sur 20 à ses clients il ne gagnerait rien. Si on considère que ca ramène 5% de flux en plus, la grande su...

à écrit le 02/02/2019 à 11:12
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Magnifique article où des chefs d'entreprises et journalistes se réjouissent de la "traque" des consommateurs ! À aucun moment le concept d'éthique ne les effleure ? C'est à vomir...

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