Santé, culture, commerce... Le metaverse, l'eldorado pour les startups de la VR et l'AR ?

La crise de la Covid-19 a précipité la bascule dans cet Internet immersif qui plonge des avatars dans des univers parallèles. Le metaverse ouvre de nouvelles opportunités pour les sociétés spécialisées dans la réalité virtuelle ou augmentée. De la formation en santé avec le projet Learning Metasystem de Simango, au metaverse adapté au retail façon Maison Berger, l’activité économique autour des mondes virtuels se développe au-delà de l’industrie. Les investissements stratégiques touchent aussi le secteur de la culture.
En décembre dernier, Maison Berger, a testé son premier live-shopping dans le métaverse. Conçue par Wilkins Avenue AR Studio, cette expérience a superposé au monde physique des contenus 3D interactifs lors d'un live sur Instagram.
En décembre dernier, Maison Berger, a testé son premier live-shopping dans le métaverse. Conçue par Wilkins Avenue AR Studio, cette expérience a superposé au monde physique des contenus 3D interactifs lors d'un live sur Instagram. (Crédits : Maison Berger)

Le metaverse, ce monde virtuel immersif qui plonge des avatars dans des univers parallèles, font-ils entrer le secteur de la réalité virtuelle et la réalité augmentée dans une nouvelle dimension ? Au-delà des jeux vidéo, ce concept de science-fiction sur plateformes digitales ouvrent un vaste champ des possibles qui influencera demain le travail, le commerce, en passant par la musique, la télévision, la culture et même la santé.

Propulsée pour l'instant par les projets issus des géants anglo-saxons comme Meta (ex-Facebook), Microsoft, Apple, cette industrie naissante laisse entrevoir aux startups spécialisées dans des technologies AR/VR, qui peinent parfois à tenir leurs promesses, des opportunités en matière de communication et marketing, de création et de recrutement de nouveaux clients.

La crise de la Covid-19 a précipité la bascule dans cet Internet immersif et l'effet metaverse pousse à la réflexion et aux nouveaux projets.

1.500 milliards de dollars de revenus d'ici à 2030

« Ce qui est aujourd'hui fait pour la formation ou la maintenance industrielle va devenir la norme. On va vivre de plus en plus avec nos téléphones mobiles et des applications de réalité augmentée ou avec des casques et des lunettes qui vont permettre de voir d'autres choses », analysait Alexandre Michelin, lors du premier Knowledge Immersive Forum (KIF), en septembre dernier à Metz. « La France a une grande tradition de recherche. Il y a aujourd'hui des startups qui ont l'intelligence et le savoir-faire. »

Selon une étude du KIF, réalisée avec le cabinet Ernst and Young, ce nouvel Internet mondial est crédité de 1.500 milliards de dollars de chiffre d'affaires d'ici à 2030.

Une manne dont souhaiterait profiter la startup rennaise Simango, qui avec son projet Learning Metasystem se projette naturellement vers l'hôpital virtuel de demain. Forte d'un chiffre d'affaires d'un million d'euros en 2021 et d'une croissance multipliée par cinq en un an, la jeune pousse spécialisée dans les modules de formation de santé immersifs, en réalité virtuelle et augmentée, se fixe un délai de 3 ans pour parvenir à délivrer une expérience complète fondée sur les principes du métaverse.

Simango certifiera ses formations dans la blockchain

Avec à son actif, 10.000 personnes formées depuis 2018, sur mobile ou via un casque de réalité virtuelle, dans 250 établissements de santé, Simango vient d'annoncer mi-janvier l'ouverture d'un département spécifique de R&D metaverse.

Les équipes actuelles (30 personnes) travailleront avec les collaborateurs recrutés sur plusieurs nouveaux postes (chef de projet, architecte, infographiste, ingénieurs pédagogiques...).

« Ce projet nécessite l'ajout de briques technologiques et de compétences inédites. Dès mars 2022, l'équipe aura démarré ses premiers chantiers metaverse : avatars, conditions d'accès à l'hôpital virtuel, stockage des données, badges numériques », explique Vincent-Dozhwal Bagot, président et fondateur de Simango.

« Les premiers services du Learning Metasystem arriveront à la rentrée de septembre 2022 et poseront les bases de ce nouveau mode d'apprentissage pour lesquels les besoins sont énormes. Dans le metaverse, on va se connecter à d'autres choses, et l'hôpital virtuel intégrera des partenaires, sur l'éducation thérapeutique par exemple.»

Pour développer son metaverse qui, à terme, certifiera les formations dans la blockchain (à la manière des NFT), Simango prévoit de clore en octobre une série A de 3,5 millions d'euros, près de trois ans après avoir levé 1,2 million d'euros auprès des fonds West Web Valley et Breizh Up.

Selon le KIF, les metaverses devraient se généraliser dans les cinq ans à venir. Le secteur de la vente au détail n'échappe pas à cette tendance.

Maison Berger adapte le metaverse au retail via Instagram

En décembre dernier, Maison Berger, filiale du groupe Emosia (100 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 50% à l'export) a testé son premier live-shopping dans le metaverse.

Conçu par Wilkins Avenue AR Studio, spécialisé dans les expériences de réalité augmentée pour les secteurs du retail et du luxe, ce happening imaginé pour l'inauguration d'une boutique dans le Marais à Paris, a superposé au monde physique des contenus 3D interactifs lors d'un live sur Instagram.

Via leur avatar, les clients ont été projetés dans l'univers de la boutique décorée pour Noël et ont pu réagir à des animations virtuelles révélant (en les suggérant) les senteurs des lampes Berger.

« La réalité augmentée est un formidable moyen de susciter le rêve grâce à la technologie et de projeter les clients dans notre univers olfactif. Une marque comme Maison Berger a besoin de combiner la vente en ligne et l'expérience physique », assure Guillaume Rolland, directeur de l'Innovation de Maison Berger Paris, et ancien fondateur de la startup nantaise Sensorwake (réveil olfactif), rachetée en 2019 par Emosia.

« Le résultat de ce live shopping, proposé d'une façon simple d'accès, sans téléchargement d'application ou de casque VR, a crée une interactivité et un engagement tout au long du live, avec plus de 950 commentaires en 15 minutes. »

À partir de février 2022, l'expérience se prolongera en magasin avec la mise en place d'une « PLV augmentée » par laquelle le consommateur pourra revivre une partie des animations grâce à un filtre Instagram et les partager sur les réseaux sociaux.

Le groupe Emosia, qui compte 7.000 points de vente dont 80 boutiques dans 50 pays, investit dans l'accélération digitale de la marque afin de créer un « parcours  client » omnicanal.

Investissements stratégiques dans les médias et la culture

Cette ambition guide aussi les marques médias et les lieux culturels. « Le concept de metaverse est une formidable opportunité pour les projets XR en réalité virtuelle et augmentée », estime Alexandre Roux, responsable de la distribution chez Lucid Realities, et partenaire régulier du France TV Story Lab de France Télévisions.

« Le sujet suscite toutes sortes de réflexions, chez les producteurs, chez les diffuseurs, et même dans les événements professionnels. Basculé en ligne en raison de la pandémie, le festival américain Sundance a lui-même inauguré, en janvier dernier, sa version dans le metaverse. »

C'est dans cet écrin hybride, où les festivaliers baladaient leur avatar au sein d'espaces virtuels, qu'a été présentée la dernière production de Lucid Realities, Seven Grams, sélectionnée dans la catégorie New Frontier. Consacrée aux conditions d'extraction des minerais rares utilisés dans les portables, cette expérience en réalité augmentée réalisée par le journaliste Karim Ben Khelifa, qui avait imaginé le projet muséal en réalité virtuelle The Enemy en 2017, est disponible dans les stores sous la forme d'une application.

« Le principal défi pour les auteurs et créateurs est de savoir comment l'on va produire des œuvres adaptées au metaverse et comment elles seront diffusées dans cet environnement. Pour l'instant, il y a peu d'impact sur le développement d'une entreprise comme Lucid Realities, mais nous étudions comment répondre au mieux à la demande des diffuseurs et des musées. La version metaverse d'une œuvre comme The Enemy nécessite une adaptation technologique et un important investissement. »

Pour financer leurs innovations, les créateurs audiovisuels peuvent se tourner vers le fonds d'aide aux expériences numériques du CNC. Doté d'un budget de 3,5 millions d'euros, il a accompagné, en 2020, 85 projets fondés sur une démarche de création interactive et/ou immersive (réalité virtuelle, augmentée, mixte, narrations interactives).

Du côté des musées, la Banque des Territoires a permis au Grand Palais, au titre du Programme d'Investissements d'Avenir, de créer sa filiale Grand Palais Immersif, également financée par Vinci Immobilier.

Investissements stratégiques

La filiale de la Caisse des Dépôt est aussi entrée au capital de la société Expéditions Spectacles pour son concept d'expositions naturalistes, immersives et sensorielles, Sensory Odyssey, lancé en septembre 2021 avec le Muséum national d'Histoire naturelle.

« Dans divers domaines, il y a déjà une activité économique autour du metaverse », confirmait Alexandre Michelin lors du KIF. « Les entrepreneurs sont soutenus par des investissements stratégiques qui porteront leurs fruits dans les années qui viennent. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 16/02/2022 à 9:29
Signaler
C'est pour cela que l'on veut plus d'énergie et donc plus de nucléaire?

à écrit le 15/02/2022 à 12:56
Signaler
Le metaverse de Next Earth ! une société à surveiller de près.

à écrit le 14/02/2022 à 15:50
Signaler
Quel charabia ! ...des "couillonades"?

à écrit le 14/02/2022 à 14:26
Signaler
On comprend mieux que le manque de micro processeur soit le ralentissement d'une économie! Quel arnaque!

à écrit le 14/02/2022 à 13:07
Signaler
Incroyable quand même ces GAFAM qui en 20 ans ont explosé toutes les multinationales existantes, qui ont imposé une monnaie numérique et maintenant le métaverse. 20 ans seulement et elles sont déjà au stade de pouvoir guider les consommateurs du mond...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.