Spendesk lève 100 millions d'euros et devient la 7ème licorne fintech française

Ce 18 janvier, la fintech Spendesk annonce une levée de 100 millions d'euros, moins de 6 mois après avoir déjà levé le même montant. Avec ces investissements, la startup entre dans la catégorie des licornes, puisqu'elle est valorisée à plus d'1 milliard d'euros. Elle rejoint ainsi les fintechs Qonto et Payfit, qui ont également atteint le prestigieux statut en ce début 2022. Cette nouvelle levée de fonds va permettre à Spendesk de doubler ses effectifs en 2022, avec pour objectif de convertir une plus grande partie de son réservoir d'un million de clients potentiels en Europe.
François Manens
(Crédits : Spendesk)

La fintech française aura eu un peu de retard à l'allumage par rapport à d'autres pays, mais elle enclenche enfin la vitesse supérieure. Avec une nouvelle levée de 100 millions d'euros à peine 6 mois une série C du même montant, Spendesk dépasse le milliard de dollars de valorisation et devient ainsi la septième licorne française du secteur. Surtout, elle devient la 3ème fintech à atteindre ce statut en 2022 après Paylift et Qonto... alors que le mois de janvier n'est même pas terminé !

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Objectif : devenir le nouveau standard du paiement en entreprise

Créé en 2016, Spendesk édite une plateforme de gestion des dépenses professionnelles (factures, achats, notes de frais...) à destination des entreprises qui comptent entre 50 et 1.000 salariés. Elle suit un modèle désormais classique dans la tech de software-as-a-service (SaaS), c'est-à-dire de vente par abonnement.

"Nous remplaçons des processus internes lourds et des logiciels qui ne couvrent qu'une partie des problématiques. Notre objectif est de simplifier et décentraliser le fonctionnement des achats pour offrir une meilleure autonomie à tous les employés de nos clients", résume à La Tribune Rodolphe Ardant, cofondateur et CEO de Spendesk.

Si la startup a déjà convaincu plus de 3.500 clients avec son outil, elle n'a qu'à peine gratté la surface de son marché. "Nous sommes encore au tout début de l'aventure et nous avons un large réservoir d'entreprises à convaincre", précise le dirigeant. Il compte un million d'entreprises de moyenne taille à convaincre entre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, les trois pays où la nouvelle licorne concentre ses efforts.

"Il existe une grosse demande du marché, qui peut tout de même s'accompagner d'une forme de résistance car nous amenons une nouvelle manière de faire les choses. Nous sommes encore dans les premiers segments de la courbe d'adoption de l'innovation, mais une fois que les évangélistes auront prouvé l'intérêt de notre technologie, les autres suivront", argumente Rodolphe Ardant.

Spendesk a intérêt à convaincre rapidement, car elle n'est pas seule sur son segment de marché, avec notamment la concurrence de plusieurs jeunes pousses britanniques en Europe. Mais elle reste bien évidemment dans les temps pour s'imposer, puisque son marché en est encore à ses premiers pas. Et jusqu'ici, la licorne a réussi à presque doubler son chiffre d'affaires tous les ans -il s'élevait à 8,2 millions d'euros en 2020-, et elle compte garder ce cap.

Un fonds puissant pour alimenter l'hypercroissance

Pour atteindre ses objectifs ambitieux, Spendesk avait déjà levé 100 millions d'euros en série C en juillet 2021. Le tour était alors mené par General Atlantic, et Rodolphe Ardant avait expliqué ce choix par la capacité d'accompagnement avancée du fonds. "On cherchait un fonds qui soit très actif, qui disposerait de tout un groupe d'experts opérationnels pour nous aider dans le développement du business. General Atlantic possède plus de 150 experts dédiés au développement et au succès des entreprises de leur portefeuille", développait-t-il auprès de Maddyness.

Pour mener sa nouvelle levée de 100 millions d'euros, qu'elle considère comme une extension de la précédente, la fintech française est cette fois allé chercher un partenaire bien différent : le géant du financement Tiger Global. Ce fonds américain a récemment mené la levée de 486 millions d'euros de Qonto en France, et il compte dans son portefeuille d'investissement très fourni deux stars de la fintech, Revolut et Stripe.

"Tiger Global s'était déjà montré très intéressé pour participer à notre levée de l'an dernier", justifie le CEO de Spendesk. "C'est un fonds très différent des investisseurs déjà présents chez Spendesk, qui sont très actifs dans le développement de l'entreprise. A l'inverse, Tiger Global est un investisseur passif, mais il a une capacité de financement qu'on pourrait presque qualifier 'd'illimitée' puisqu'elle dépasse les 10 milliards de dollars par an."

Concrètement, en faisant entrer Tiger Global dès maintenant à son capital, Spendesk pourrait avoir déjà trouvé le principal investisseur de ses prochaines levées de fonds. L'entreprise veut continuer sur la route de l'hypercroissance, et elle aura donc régulièrement besoin d'injection de capital -comme de nombreuses licornes.

300 recrutements pour 2022

La nouvelle levée va avant tout venir alimenter le recrutement. Spendesk est passé de 300 à 400 salariés en 2021, et il prévoit d'en recruter 300 supplémentaires en 2022. Parmi eux, des profils commerciaux pour pénétrer le marché, mais aussi 40% d'ingénieurs pour continuer d'améliorer le produit. La startup couvre déjà 7 fonctionnalités du paiement d'entreprise, mais elle veut être exhaustive. Et ce n'est pas tout : elle travaille également à intégrer les spécificités de chaque pays à son offre, comme la propension des Allemands à utiliser du cash.

Dans un contexte de pénurie de talents, Spendesk promeut sa culture d'entreprise, validée en 2021 par le titre de "fintech européenne offrant les meilleures conditions de travail" octroyé par Glassdoor, un site réputé de notation des conditions de travail. Résultat, d'après Rodophe Ardant, la plupart des profils ne sont pas si difficiles à recruter. En revanche, la startup a dû aller chercher plusieurs profils de dirigeants à l'étranger.

"La pénurie de talents n'est pas présente à tous les niveaux. Pour nous, cette pénurie se ressent dans le manque d'expérience des candidats à des postes-clés sur des situations d'hypercroissance comme la nôtre. En Europe, le nombre de candidats suffisamment expérimentés est assez réduit, car peu d'entreprises sont déjà passé par une étape d'hypercroissance similaire à la nôtre. Cette situation nous a donc poussé à faire venir notre directeur produit, James Colgan (ex-Slack) depuis San Francisco. Il s'est installé à Paris avec sa famille".

La startup va recruter à Paris donc, mais aussi dans ses bureaux étrangers à Londres, Berlin et Hambourg. Et si tout se passe comme prévu, ce grand coup d'accélérateur pourrait être le premier d'une longue série.

François Manens

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Commentaires 2
à écrit le 18/01/2022 à 9:20
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Ce qui est bien avec le Blasé c'est qu'il n'évolue jamais (et il ne le cherche pas d'ailleurs... ) si au moins il y a avait de la matière dans ses commentaires cela pourrait amener à débattre, à s'enrichir et évoluer là aussi. Non le beauf dans sa sp...

à écrit le 18/01/2022 à 8:54
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Ce qui est bien avec le Blasé c'est qu'il n'évolue jamais (et il ne le cherche pas d'ailleurs... ) si au moins il y a avait de la matière dans ses commentaires cela pourrait amener à débattre, à s'enrichir et évoluer là aussi. Non le beauf dans sa sp...

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