Des boucles de comptage et des afficheurs ont fleuri sur la chaussée. À Paris, notamment, rue de Rivoli, près de l'hôtel de ville, boulevard Sébastopol, Cours la Reine, vers le Canal Saint Martin et à la gare d'Austerlitz. Les boucles électromagnétiques détectent le passage d'un vélo et transmettent l'information sur l'afficheur, ainsi que sur l'interface du client. Le tout permet de dénombrer les cyclistes, mais aussi, dans d'autres cas, les piétons, les trottinettes, les scooters ou les voitures.

L'idée de mesurer les flux est venue, il y a 20 ans, à Christophe Milon, fondateur d'Eco-Compteur, et à son père, ingénieur télécom. Tous deux passionnés de randonnées, ils se sont demandés combien de promeneurs empruntaient l'un de leurs sentiers préférés, une portion du chemin des douaniers, à Perros-Guirec. Et ils ont inventé un boîtier de comptage ! Les deux randonneurs ont parcouru bien du chemin depuis... Ils ont d'abord peaufiné leurs outils, puis créé une société en 2000 à Lannion, dans les Côtes d'Armor. Et leur technologie est désormais protégée par 25 brevets internationaux. Mais les compteurs sont toujours fabriqués en Bretagne...

Partenaires

D'autres sociétés spécialisées dans la donnée, telles que les françaises Fluctuo et Géovélo, collectent des données et mesurent les flux, mais avec des technologies et des outils basés sur les applications mobiles installées sur les smartphones. « Nous sommes partenaires car nos données sont complémentaires. Eco-Compteur compte tous les cyclistes à un point donné, Géovélo collecte les parcours des cyclistes et Fluctuo, les usages des mobilités partagées, ensemble nous pouvons cartographier les flux de manière réaliste », relève Véronique Watelle, Business Developer pour Eco-Compteur. Pour construire des infrastructures, les entretenir et encourager l'adoption de mobilités douces, les collectivités locales ont besoin d'avoir une vue d'ensemble de tous les usagers, leurs habitudes, leurs parcours et le taux de fréquentation des voies publiques.

Les experts d'Eco-Compteur ont donc eu l'idée de fusionner toutes les données afin de cartographier, extrapoler et prédire les flux, dans le but d'aider les collectivités locales. « Elles pourront ainsi également vérifier si leurs campagnes de promotion des mobilités alternatives sont efficaces », ajoute Véronique Watelle.

Innovation unique au monde

« Même si nous bénéficions déjà d'une bonne exposition à l'international, puisque nous avons plus de 20 000 compteurs dans le monde, 39 distributeurs et une agence à Montréal, une autre à Cologne et un bureau en Chine, enchaîne-t-elle, les Jeux olympiques et paralympiques 2024 sont une occasion unique de montrer notre savoir-faire ». D'autant qu'un tel projet, permettant de croiser un ensemble de données de façon permanente, n'existe, « à ma connaissance, nulle part ailleurs dans le monde ! », dit-elle. L'idée de fusionner des données fait en effet partie des 21 projets sélectionnés dans le cadre de l'appel à innovations mobilités « Jeux olympiques et paralympiques 2024 ». La PME bretonne, qui compte une centaine de salariés et a affiché un chiffre d'affaires de près de 15 millions d'euros sur 2020, veut donc d'abord aider Paris à faciliter les déplacements et encourager de nouvelles pratiques avant, pendant et après les JOP 2024. Mais elle table aussi sur la visibilité qu'offrent les Jeux auprès de visiteurs étrangers pour aider d'autres collectivités et accroître ainsi son maillage international.