
Depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022, OpenAI et son partenaire Microsoft semblent dicter l'agenda du milieu de l'intelligence artificielle. Google, pourtant reconnu comme l'un des champions du secteur, peine à générer un engouement similaire. Pire, il se fait désormais menacer par Bing, le moteur de recherche de Microsoft, sur son propre terrain.
Mais Google a lancé sa contre-attaque hier. L'entreprise a présenté plusieurs fonctionnalités d'IA générative -similaires à ce que peut faire ChatGPT-, qui seront prochainement intégrées à la suite de bureautique Workspace (Docs, Sheets, Slides, Gmail...). Autrement dit, c'est à son tour d'aller sur le terrain de Microsoft. Ce dernier travaille depuis des mois à l'intégration de GPT et ChatGPT dans sa suite de bureautique Microsoft 365 (Word, Excel, PowerPoint, Outlook), et prévoit (depuis dix jours) de faire des annonces relatives à l'IA et au travail ce jeudi.
Une aide à l'écriture et à la synthèse
Les nouvelles fonctionnalités dopées à l'IA font office d'assistant pour l'utilisateur. Elles vont lui permettre de générer un texte à partir d'une consigne, de résumer en quelques lignes un document complexe, de nettoyer un tableur à partir d'une commande écrite ou encore pour créer un compte rendu à partir d'une simple série de points importants. Intégrées à l'éditeur de texte Docs et au service de courriel Gmail, elles seront dans un premier temps accessibles à une cercle restreint de « testeurs de confiance » dès ce mois, afin de corriger les premiers défauts. L'accès au grand public sera ouvert « dans l'année », sans plus de précision.
A terme, les nouvelles fonctionnalités de Google permettront aussi de créer des images, des vidéos et du son pour illustrer les présentations Slides. L'entreprise s'aligne ainsi sur les capacités de Microsoft Designer, nourri au modèle de génération d'images DALL-E d'OpenAI, comme le note The Verge. A l'occasion de ces annonces, Google a aussi introduit l'API de PaLM -son modèle de langage concurrent de GPT d'OpenAI- qui va permettre aux entreprises d'intégrer l'utilisation de l'IA dans leurs apps.
Google perd la bataille de « l'effet waouh »
En ne donnant l'accès aux fonctionnalités qu'à un cercle limité de testeurs, Google reproduit la méthode de déploiement qu'il a utilisé pour le lancement de l'agent conversationnel Bard (son équivalent de ChatGPT). L'entreprise retient le lancement grand public afin de corriger les plus gros défauts et de limiter les risques du déploiement. A l'inverse, Microsoft et OpenAI ont tendance à mettre directement leurs outils dans les mains du grand public. Cette façon de faire leur a offert une grande visibilité sur leurs prouesses techniques. Mais elle a un coût, puisqu'elle expose aussi les défauts des outils. Bing Chat, le chatbot intégré à Bing, a par exemple rapidement été poussé à la faute par des utilisateurs bien décidés à tester ses limites, ce qui a mené à plusieurs séries de corrections de la part de Microsoft et à des discussions autour de sa fiabilité.
Cependant, grâce à ce même Bing Chat, lancé un jour avant une conférence de Google dédiée à l'IA courant février, Microsoft avait réussi à éclipser les annonces de son concurrent. Google allait donc renvoyer la pareille hier, mais c'était sans compter sur le lancement imprévu de GPT-4, le nouveau modèle de langage d'OpenAI (déjà intégré dans Bing Chat), capable de comprendre le sens des images en plus de celui des textes. Une fois de plus, Google s'est ainsi retrouvé au second rang médiatique, et n'a pas pu profiter de « l'effet waouh » sur lequel surfe OpenAI avec ChatGPT et GPT-4. Mais au moins, il démontre qu'il a de vrais atouts dans la course à l'intelligence artificielle qui se profile.
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