L'Europe a (un peu) rattrapé son retard technologique sur les Etats-Unis, selon la BEI

Les entreprises du Vieux Continent ont fait des efforts en matière de projets dans « la robotique avancée, l'analyse des données de masse et l'intelligence artificielle », selon le rapport annuel de la Banque européenne d'investissement. Mais ses fruits inattendus de la crise Covid pourraient être éphémères. Explications.
Jeanne Dussueil
53% des entreprises de l'UE ont pris des mesures en 2022 pour renforcer leur présence numérique, selon la BEI.
53% des entreprises de l'UE ont pris des mesures en 2022 pour renforcer leur présence numérique, selon la BEI. (Crédits : DR)

Le retard technologique de l'Europe face aux Etats-Unis n'est plus un secret. Il est même de plus en plus pressant, à l'heure des mesures protectionnistes américaines et des investissements stratégiques de l'Inflation Reduction Act de Joe Biden. Mais alors que le décrochage du Vieux Continent est manifeste, le fossé technologique s'est réduit au cours des quatre dernières années, selon le dernier rapport « Digitalisation in Europe 2022-2023 », publié en mai par la Banque européenne d'investissement chargée de flécher les fonds auprès des Etats membres.

En outre, l'Europe a réduit l'écart avec les Etats-Unis, avec une adoption de technologies avancées sur « la robotique avancée, l'analyse des données de masse et l'intelligence artificielle », et ce, à 69%, contre 71% aux Etats-Unis, note ainsi la BEI.

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Or, en 2019, le fossé était bien plus important, de 58% d'adoption par les entreprises européennes contre 69% pour les Etats-Unis, rappelle l'enquête annuelle de la BEI, menée auprès de quelque 12.00 entreprises de l'UE, ainsi que sur un échantillon de 800 entreprises américaines. Elle se fonde sur des données de performances, d'investissements, de projets futurs, de sources de financement et « d'autres défis.»

Mieux, « plus de la moitié (53 %) des entreprises de l'UE ont pris des mesures en 2022 pour améliorer leur compétitivité. Et 53% des entreprises de l'UE ont pris des mesures en 2022 pour renforcer leur présence numérique, notamment en offrant des services en ligne », souligne le rapport.

Cette performance est presque exclusivement à mettre au crédit de la crise du Covid-19, selon l'institution, qui a contraint les entreprises européennes à accélérer la digitalisation de leurs activités face à la fermeture des frontières. Pour rappel, 63 % des entreprises françaises ont reçu une forme de soutien financier en réponse à la pandémie, et plus d'une entreprise sur dix (13 %) en recevait encore un en 2022, ce pourcentage grimpant à 20% pour les PME françaises, rappelle un autre rapport de la BEI.

Les TPE européennes sont plus faibles

Tout n'est pourtant pas rose dans cette accélération de circonstance made in Europe. « Les entreprises américaines ont dans l'ensemble davantage progressé dans le domaine de la numérisation en réponse à la pandémie, principalement en raison d'un investissement numérique plus faible de la part des micro et petites entreprises dans l'Union européenne », tempère le rapport.

Dans le détail, « seules 30% des microentreprises de l'Union européenne ont donné la priorité à la numérisation contre 62% des grandes entreprises.»

Et en France, cette faiblesse est encore plus marquée. En 2022, « plus de la moitié (56 %) des entreprises françaises ont déclaré utiliser au moins une technologie numérique de pointe, ce qui est inférieur à la moyenne de l'UE (69 %) », selon la BEI.

Des faiblesses structurelles

Pour combler son retard, les Etats membres doivent encore faire des efforts en matière d'« infrastructures numériques, d'internet à haut débit, d 'environnements innovants et sur la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée. »

Aussi, les investissements en recherche et développement restent un point clé pour le Vieux Continent. Entre 2014 et 2019, leur chiffre d'affaires a progressé 40% plus lentement que leurs homologues américaines, leurs dépenses en R&D ont été inférieures de 40%, leur rentabilité en retrait de 20%, et leurs investissements de 8%, rappelle McKinsey.

Enfin, il reste aussi à l'Europe à surveiller l'ultra-domination des leaders chinois et américains dans le numérique. « La nouvelle rivalité sino-américaine surplombe la compétition mondiale. Loin derrière, l'Europe voit sa position se dégrader », écrivait l'Institut Montaigne fin 2022.

Jeanne Dussueil

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Commentaire 1
à écrit le 28/05/2023 à 7:01
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Un simple spasme donc, il fallait s'en douter du fait d'investisseurs milliardaires dans le comas.

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