Peut-on doubler le nombre de licornes françaises d'ici à 5 ans ?

Bpifrance, qui fêtait mercredi 26 septembre les cinq ans de son fonds de growth Large Ventures, en est persuadé : la French Tech a semé les graines qui vont donner de nouvelles licornes dans les cinq prochaines années. Une opinion largement partagée par l'écosystème.
Sylvain Rolland
L'objectif de Nicolas Dufourcq, le directeur de Bpifrance, est clair : il faut éviter à l'avenir une situation comme cette année, où 80 % des levées supérieures à 20 millions d'euros ont été prises par les Etats-Unis.
L'objectif de Nicolas Dufourcq, le directeur de Bpifrance, est clair : il faut "éviter à l'avenir une situation comme cette année", où 80 % des levées supérieures à 20 millions d'euros ont été "prises par les Etats-Unis". (Crédits : DR)

Après avoir contribué à combler la "faille" de l'amorçage ces cinq dernières années en participant, directement ou indirectement, à la plupart des premiers tours de table des startups françaises, Bpifrance s'attaque au dernier trou dans la raquette : le "growth". Autrement dit, les gros tours de table, avec des montants de minimum 20 millions d'euros, sans plafond. Ceux qui font exploser les valorisations des startups et créent des licornes, à l'image de BlaBlaCar, l'une des rares licornes françaises, qui a levé au total près de 400 millions d'euros et est valorisée aujourd'hui autour de 1,3 milliard d'euros.

Si le problème de la France reste la rareté des fonds capables d'investir de tels montants, les choses changent. Si bien que Nicolas Dufourcq, le directeur de Bpifrance, en est persuadé : "le nombre de licornes françaises va doubler d'ici à cinq ans", pronostique-t-il.

Toujours trop peu de fonds de growth en France

Pour cela, il va falloir que les fonds français se dotent de véhicules d'investissements spécialisés dans le growth. Aujourd'hui, il se comptent sur les doigts de la main : Large Ventures de Bpifrance, mais aussi Partech Growth, Sofinnova Partners, Idinvest Partners, Keensight Capital ou encore Eurazeo font partie des seuls capables de financer un très gros tour de table.

Lire aussi : Record : 2 milliards d'euros levés par les startups françaises au premier semestre

Pour Nicolas Duforcq, l'impulsion donnée par Large Ventures, créé en 2013, a été primordiale:

"Quand nous avons créé Large Ventures, on était seuls en France sur le créneau du growth. Notre présence a montré que la place de Paris était insuffisamment équipée pour les gros tours de table et a poussé d'autres fonds à occuper ce créneau, souvent avec l'aide de Bpifrance en fonds de fonds. Aujourd'hui, cela commence à porter ses fruits, même s'il faut encore faire un gros travail car il manque toujours 5-6 fonds de growth en France, dotés d'un milliard d'euros, pour créer en masse des licornes françaises".

L'objectif du directeur de Bpifrance est clair : "éviter à l'avenir une situation comme cette année", où 80 % des levées supérieures à 20 millions d'euros ont été "prises par les Etats-Unis".

Multiplication récente des grosses levées de plus de 20 millions d'euros

Cette faiblesse française du growth se traduit logiquement par un faible nombre de licornes, ces startups non-cotées valorisées plus d'un milliard de dollars. Même si le géant du ciblage publicitaire Criteo, coté en Bourse, est généralement intégré dans le lot, la France en compte en réalité quatre : la plateforme d'e-commerce Vente-privee.com, le leader mondial du covoiturage BlaBlaCar, le champion européen du cloud OVH, et, depuis août 2018, le pionnier du streaming musical Deezer. Autrement dit, le constat est amer car l'Europe abritait fin 2017 57 licornes, dont 22 pour le Royaume-Uni et 7 pour l'Allemagne et la Suède.

Cela peut-il changer dans les cinq prochaines années ?

"Il y a eu un vrai changement de culture, à la fois du côté des entrepreneurs qui sont beaucoup plus ambitieux et qui n'ont plus forcément le réflexe des Etats-Unis pour lever de grosses sommes ; et du côté des investisseurs avec l'émergence de plusieurs fonds dans le growth en France", indique à La Tribune Omri Benayoun, du fonds Partech Growth.

Maïlys Ferrere, la directrice du fonds Large Ventures, abonde dans ce sens. "Il y a eu sept fois plus de levées à plus de 20 millions par an entre 2013 et 2018, et trois fois plus de levées supérieures à 40 millions d'euros depuis deux ans. La bonne nouvelle est que ces montants étaient plutôt réservés aux biotech et que désormais la plupart des grosses levées sont pour des startups du digital", ajoute-t-elle. Effectivement, il y a eu quatre levées de plus de 20 millions d'euros en 2013 et 29 à ce jour en 2018, probablement encore plus d'ici à la fin de l'année.

Lire aussi : Startups : bientôt sept nouvelles licornes françaises ?

Un signe, selon elle, de la nouvelle profondeur du capital-risque français. Et un bon indicateur de licornes à venir, car beaucoup de ces startups auront besoin de relever de l'argent dans un à trois ans, et auront besoin de très gros tickets qui feront exploser leur valorisation. Actility, Amplitude Technology, Cedexis, Crocus Technology, Devialet, Scality, Sigfox, Blade ou encore Doctolib font partie des meilleures chances françaises de devenir des géants dans leur domaine, et de grossir les rangs des licornes.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 28/09/2018 à 9:35
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certes certes......... la france cherche des imbeciles pour redresser le pays ( remplir les caisses, pour ceux qui ne parlent pas francais)....... on pourrait parler de l'exit tax, de dailymotion, de la loi florange, du compte penibilite et de tous...

à écrit le 27/09/2018 à 15:17
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Bon courage à elles et félicitations pour le chemin déjà parcouru !

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