Pratiques commerciales trompeuses : un influenceur sur deux est « en anomalie », selon la DGCCRF

« Près de la moitié » des 310 influenceurs contrôlés en 2022 et 2023 par la Répression des fraudes étaient « en anomalie concernant l’affichage de l’intention commerciale de leurs publications, des allégations trompeuses sur certains produits ou la promotion de produits ou services interdits », indique la DGCCRF dans un communiqué publié ce mercredi.
Un influenceur sur deux est en anomalie, selon la DGCCRF. (photo d'illustration)
Un influenceur sur deux est en anomalie, selon la DGCCRF. (photo d'illustration) (Crédits : DR)

Un influenceur sur deux se trouve « en anomalie » selon la Répression des Fraudes. « Près de la moitié » de 310 influenceurs contrôlés en 2022 et 2023 ont été épinglés « concernant l'affichage de l'intention commerciale de leurs publications, des allégations trompeuses sur certains produits ou la promotion de produits ou services interdits », selon un communiqué de la DGCCRF, publié ce mercredi.

Candidats de téléréalité, influenceurs mode, beauté, « lifestyle », restauration ou sport, créateurs de contenus humoristiques, streamers de jeux vidéo... La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) assure avoir contrôlé un total de 98 influenceurs en 2022 et 212 en 2023.

« Près de la moitié d'entre eux étaient en anomalie. La DGCCRF a majoritairement constaté la mise en œuvre de pratiques commerciales trompeuses consistant à ne pas indiquer le caractère commercial de leurs publications, ou à ne pas identifier clairement la personne pour le compte de laquelle elles sont diffusées », est-il détaillé.

« Des faits plus graves » pour certains

La Répression des fraudes précise que « pour certains, il a également été constaté, à l'issue des enquêtes, des faits plus graves consistant à déclarer ou à donner l'impression que la vente d'un produit ou la fourniture d'un service est licite alors qu'elle ne l'est pas ».

La DGCCRF cite le cas d'injections d'acide hyaluronique par une esthéticienne ne disposant pas de la qualité de médecin, ou encore la vente de produits contrefaits ou de produits dangereux interdits à la vente.

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Certains influenceurs affirmaient « faussement qu'un produit est de nature à guérir des maladies », par exemple « des compléments alimentaires qui soigneraient certains cancers » ou qu'un produit ou un service « augmente les chances de gagner aux jeux d'argent et de hasard », comme « la promotion d'un abonnement pour des conseils en paris sportifs, en alléguant des gains importants et faciles », selon la DGCCRF.

35 avertissements adressés aux influenceurs

« Ces enquêtes peuvent se poursuivre auprès des annonceurs dont la responsabilité peut également être retenue », selon le communiqué.

À l'issue de ces deux ans d'enquêtes, « 35 avertissements ont été adressés aux influenceurs pour lesquels les manquements étaient ponctuels. Pour les pratiques les plus graves et délibérées, 81 injonctions de mise en conformité ont été adressées ainsi que 35 suites pénales », selon le bilan communiqué.

La DGCCRF « constate qu'une majorité des influenceurs contrôlés se mettent en conformité, néanmoins, les investigations se poursuivent auprès de ceux qui ne satisferaient pas à leur injonction », prévient-elle, avertissant également qu'en 2024, elle renforcera ses contrôles.

Des publicités déguisées selon l'UE

Mi-février, l'Union européenne a publié une étude montrant que derrière les recommandations enthousiastes des influenceurs (recette de cocktail, dernière mode de fast-food ou d'accessoires, conseils beauté...) se cachent le plus souvent des publicités déguisées.

Bruxelles a décortiqué les publications de 576 influenceurs (dont 82 comptant plus d'un million d'abonnés) sur les réseaux sociaux (Instagram, TikTok, YouTube, Facebook, X, Snapchat, Twitch) à travers 22 États membres ainsi qu'en Norvège et en Islande.

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Le résultat est sans appel : la quasi-totalité (97%) des influenceurs publiaient « des contenus commerciaux », mais seulement un cinquième d'entre eux « indiquaient systématiquement » et clairement qu'il s'agissait d'une publicité. Il s'agit pourtant d'une exigence du droit de l'UE en matière de protection des consommateurs.

Certains évoquent simplement des « collaborations » ou « partenariats ». Autres manquements : seuls 36% étaient enregistrés en tant que professionnels et 30% ne fournissaient aucune coordonnée d'entreprise.

Parmi les influenceurs étudiés, 119 promouvaient « des activités malsaines ou dangereuses »: « malbouffe », consommation de boissons alcoolisées, traitements médicaux ou esthétiques, jeux d'argent et de hasard, ou encore services financiers risqués (cryptomonnaies...), expliquait la Commission en février.

Près de 360 de ces influenceurs seront désormais ciblés par une enquête « plus approfondie » des autorités nationales et risquent des sanctions, précisait en février l'exécutif européen.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 04/04/2024 à 14:26
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Cela devrait être interdit tout simplement.

à écrit le 04/04/2024 à 13:56
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Saluons néanmoins ce type de contrôle parce que n'en déplaise, mais une marque que va trop loin niveau marketing ( ou pipeau c'est au choix ) , sera sanctionnée par les consommateurs et le marché au final .... là niveau influenceurs il y a un ris...

à écrit le 04/04/2024 à 9:42
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Et combien de multinationales osnt en infraction d'au moins une loi ?

à écrit le 03/04/2024 à 18:23
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"Influenceur"! Le mot contient un aspect négatif par le simple fait qu'influencer c'est s'appuyer sur la faiblesse, la naïveté, la crédulité des gens. La bêtise ? Certes! "Influenceur"c 'est la porte ouverte à toutes les arnaques possibles et imag...

à écrit le 03/04/2024 à 17:16
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Ils vivent au dépens de ceux qui les écoutent. Moi je ne les écoute pas !

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