Réseaux sociaux : le géant Meta accusé par la justice américaine de nuire à la santé des enfants

Il est reproché à Meta (Instagram et Facebook) d'avoir « dissimulé la façon dont ces plateformes exploitent et manipulent les consommateurs les plus vulnérables ».
Plus de quarante Etats américains ont lancé des poursuites mardi contre le géant des réseaux sociaux, accusant ses applications Facebook et Instagram de nuire à la « santé mentale et physique de la jeunesse ».
Plus de quarante Etats américains ont lancé des poursuites mardi contre le géant des réseaux sociaux, accusant ses applications Facebook et Instagram de nuire à la « santé mentale et physique de la jeunesse ». (Crédits : FRANCIS MASCARENHAS)

Meta est à nouveau dans le viseur de la justice : plus de quarante Etats américains ont lancé des poursuites mardi contre le géant des réseaux sociaux, accusant ses applications Facebook et Instagram de nuire à la « santé mentale et physique de la jeunesse ». Selon le Pew Research Center, jusqu'à 95% des jeunes américains de 13 à 17 ans disent utiliser un réseau social, dont un tiers s'en servent « quasiment constamment ».

Cette action en justice représente l'aboutissement d'enquêtes menées depuis deux ans sur les méthodes des deux plateformes. Des méthodes considérées comme « addictives » par les autorités :

« Meta a exploité des technologies puissantes et sans précédent pour attirer (...) et finalement piéger les jeunes et les adolescents afin de faire des profits », assènent les procureurs généraux dans la plainte déposée auprès d'un tribunal californien.

Selon la plainte reçue ce mardi, les fonctionnalités de Facebook et Instagram ont été conçues pour « manipuler les jeunes utilisateurs, afin de les inciter à utiliser les plateformes de manière compulsive et prolongée ». Les procureurs accusent en outre Meta de mentir au public (en assurant que ses produits sont sûrs et adaptés pour les adolescents) et d'enfreindre la loi sur la confidentialité des données personnelles des enfants.

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Les profits avant la sécurité

Ce n'est pas la première fois que Meta se retrouve dans le collimateur de la justice américaine. Les Etats s'étaient déjà mobilisés à l'automne 2021 après qu'une ex-employée de Facebook ait lancé l'alerte sur les pratiques de son ancienne entreprise. L'ingénieure Frances Haugen avait en effet fait fuiter plus de 20.000 pages de documents internes, en martelant devant différents parlements que le géant des réseaux sociaux faisait passer les profits avant la sécurité de ses utilisateurs.

Depuis, Meta a tenté de rassurer les autorités avec l'ajout d'outils pour aider les parents à suivre les activités de leurs enfants ou pour inciter les adolescents à faire une pause, notamment. Mais le groupe a aussi cherché à ne pas se faire dépasser par le réseau social TikTok, ultra populaire chez les plus jeunes. Instagram a copié le format vidéo de sa rivale avec les « Reels », des clips dynamiques qui accrochent l'attention et que les utilisateurs font facilement défiler.

Contacté par l'AFP, le groupe Meta s'est dit « déçu que les procureurs généraux aient choisi cette voie au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises du secteur pour créer des normes claires et adaptées à l'âge pour les nombreuses applications utilisées par les adolescents ».

« Nous partageons l'engagement des procureurs généraux à fournir aux adolescents des expériences en ligne sûres et positives, et nous avons déjà introduit plus de 30 outils pour soutenir les adolescents et leurs familles », a encore souligné un porte-parole du groupe.

Outre Atlantique, Meta est également pointé du doigt. L'Union Européenne a de son côté ouvert une enquête la semaine dernière sur Meta et TikTok pour désinformation après les attaques du Hamas contre Israël. Bruxelles réclame des précisions sur les mesures qu'ils mettent en œuvre contre la diffusion de « fausses informations » et de « contenus illégaux », après les attaques du Hamas contre Israël.

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« Nous devons protéger nos enfants et nous ne reculerons pas dans ce combat »

Les alertes à l'égard des réseaux sociaux se multiplient. En mai dernier, Vivek Murthy, le médecin-chef des Etats-Unis, a tiré la sonnette d'alarme au sujet des « effets extrêmement nocifs » que peuvent avoir les réseaux sociaux, estimant qu'ils jouaient un rôle majeur dans la « crise nationale de la santé mentale des jeunes ». Son rapport évoquait notamment des études faisant le lien entre l'utilisation des plateformes et l'apparition de symptômes dépressifs, notamment chez les jeunes filles, plus vulnérables aux risques de cyber-harcèlement ou aux troubles de l'alimentation.

Alors que le Congrès ne parvient pas depuis des années à se mettre d'accord sur des lois pour mieux encadrer les géants des technologies de l'information, tant sur des questions d'abus de position dominante que de protection des consommateurs, le sujet des enfants tend à fédérer les élus des deux grand partis politiques. Mais pas suffisamment pour aboutir sur une réforme majeure.

En attendant, des élus locaux, des associations et des familles se sont mobilisés. Au printemps, l'Utah puis l'Arkansas se sont dotés de lois exigeant des réseaux sociaux qu'ils obtiennent un accord parental avant d'accorder aux mineurs l'accès à leurs plateformes. Les Etats demandent à la justice de forcer Meta à mettre fin à ses pratiques et réclament le paiement d'amendes. « Avec l'action en justice intentée aujourd'hui, nous marquons la limite à ne pas franchir », a déclaré ce mardi le procureur général de la Californie, Rob Bonta, cité dans un communiqué. « Nous devons protéger nos enfants et nous ne reculerons pas dans ce combat ».

Chaque mois, 21,4 millions de Français utilisent TikTok

21,4 millions de Français se divertissent chaque mois sur l'application Tiktok, a révélé mardi l'application d'origine chinoise qui, comme les autres grands réseaux sociaux, est d'ordinaire plutôt secrète sur ses chiffres d'audience. Les internautes sont notamment passionnées par la mode et la couture, précise le communiqué. L'application a également rappelé les autres tendances qui ont fait le succès du réseau social, comme #BookTok (le mot-dièze qui réunit les passionnés de livres et de littérature), et la musique, Tiktok étant à l'origine une application dédiée aux danses et aux chorégraphies musicales.

Considérée comme une très grande plateforme par la réglementation européenne sur les services numériques (DSA) en vigueur depuis le mois d'août, Tiktok est désormais tenu de dévoiler certains chiffres et de respecter de nouvelles obligations. L'entreprise a récemment annoncé plusieurs changements en Europe : l'hébergement des données sur le continent, un fil d'actualité non personnalisé ou la fin des publicités personnalisées pour les mineurs.

Avec un succès immense chez les adolescents, l'application normalement interdite aux moins de 13 ans inquiète enfin en raison de son caractère « addictif ». Tiktok a déjà écopé de plusieurs amendes concernant les traitements de données des mineurs, la dernière sanction européenne ayant atteint 354 millions d'euros en septembre.

En juillet, une commission d'enquête sénatoriale l'avait sommé de clarifier avant la fin de l'année ses liens avec sa maison-mère Bytedance (installée aux Îles Caïmans mais contrôlée par des actionnaires chinois), et de mettre en place une modération efficace et un contrôle effectif de l'âge de ses utilisateurs. TikTok a, par le passé, été accusé d'avoir espionné et géolocalisé à distance des journalistes, transféré des données d'utilisateurs vers la Chine et pris des mesures de censure au bénéfice de la Chine ou de ses alliés, notamment la Russie lors de l'invasion de l'Ukraine.

 (Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 25/10/2023 à 16:11
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C est aux parents de veiller à cela .. ah oui ils sont trop occupés à blablater sur ces mêmes réseaux sociaux.. mes de enfants :8-10 ans, n’ ont ni réseau sociaux ni smartphone.. mais une vie familiale, sportive et cultuelle bien remplie!! Les r...

à écrit le 25/10/2023 à 13:24
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« Nous devons protéger nos enfants et nous ne reculerons pas dans ce combat » Les parents sont coupable depuis des années maintenant d'avoir acheté ce type d'outil trop puissant à leur jeunes souvent immature et même pas majeur ,c'est trop tard ma...

le 25/10/2023 à 13:56
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Vos références datent un peu. Ou alrs vous ne sortez pas beaucoup. Le standard, de nos jours, c'est de croiser des enfants, dans leur poussette, les yeux rivés à l'écran. Si les géniteurs délaissent leur rôle d'éducateurs dès cet âge, pas étonnant qu...

à écrit le 25/10/2023 à 11:21
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"Les profits avant la sécurité" Mais depuis quand !? LOL ! "« Nous devons protéger nos enfants et nous ne reculerons pas dans ce combat »" Mais interdisez la publicité dans ce cas ! Des hypocrites, ce sont tous des hypocrites, enfin espérons qu'ils n...

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