Violences au Capitole : Facebook et Twitter bloquent enfin Donald Trump

Twitter et Facebook ont dégainé une arme que les anti-Trump n'espéraient plus : les plateformes ont temporairement bloqué le compte du président sortant, et Twitter l'a même menacé de suspension permanente. Une mesure sans précédent, décidée mercredi dans la foulée des violences au Capitole par les partisans du milliardaire républicain.
Sylvain Rolland
Jusqu'à présent, Twitter par exemple publiait seulement un message d'avertissement sur la véracité du contenu, mais estimait que les propos de Donald Trump, même faux, relevaient de l'intérêt général de par sa fonction de président des Etats-Unis.
Jusqu'à présent, Twitter par exemple publiait seulement un message d'avertissement sur la véracité du contenu, mais estimait que les propos de Donald Trump, même faux, relevaient de l'intérêt général de par sa fonction de président des Etats-Unis. (Crédits : DR)

Il aura fallu que des militants pro-Trump en viennent à la violence en saccageant des lieux de pouvoir à Washington DC, pour que les réseaux sociaux décident enfin de bloquer temporairement le président américain Donald Trump, et de masquer ses messages les plus problématiques jetant de l'huile sur le feu.

Même si Donald Trump a accepté le processus de transition du pouvoir -qui s'enclenche de toutes façons-, il continue de nier sa défaite à l'élection présidentielle de novembre, pourtant confirmée par les 50 Etats américains et validée par le Congrès mercredi. Le président américain pour encore 13 jours avait prévenu sur les réseaux sociaux qu'il tenterait d'empêcher le Congrès de certifier officiellement mercredi la victoire de Joe Biden. Certains de ses partisans l'ont pris au mot, envahissant l'assemblée dans un climat insurrectionnel.

Lire aussi : Fake news et élection présidentielle : Facebook et Twitter se défendent face au Sénat américain

Réaction symboliquement forte, Trump menacé d'exclusion de Twitter

Alors que les émeutes battaient leur plein, Facebook et Twitter ont décidé pour la première fois, mercredi, de bannir le président américain pour respectivement 24 et 12 heures. Les deux réseaux sociaux ont notamment réagi à trois tweets, dont une vidéo dans laquelle Donald Trump appelle les manifestants à "rentrer chez eux" tout en légitimant la rébellion.

"Ce sont des choses qui arrivent lorsqu'une victoire écrasante, lors d'une élection sacrée, est si vicieusement arrachée des mains de grands patriotes qui ont été mal et injustement traités pendant si longtemps. Rentrez chez vous avec amour et en paix. Souvenez-vous de ce jour pour toujours !", a-t-il déclaré en fin de soirée.

Un autre message supprimé concernait Mike Pence, son vice-président qui venait de reconnaître la victoire de Joe Biden.

Jusqu'à présent, Twitter publiait seulement un message d'avertissement sur la véracité du contenu, mais estimait que les propos de Donald Trump, même faux, relevaient de l'intérêt général de par sa fonction de président des Etats-Unis. Mais face à l'escalade de la violence et à la multiplication des critiques, depuis des mois, sur leur réaction jugée trop minimale aux provocations de Donald Trump, Facebook et Twitter ont enfin décidé de ne plus rendre visibles les messages les plus problématiques.

"Nous avons déterminé deux infractions à nos règles sur la page du président Donald Trump qui débouchent sur une suspension de 24 heures, ce qui signifie qu'il perd la capacité de poster sur la plateforme pendant cette période", a expliqué Facebook dans un communiqué. Guy Rosen, l'un des vice-présidents du réseau social, s'est dit "horrifié" par les émeutes et a accusé les messages de soutien de Donald Trump de "contribuer au risque de violence".

De son côté, Twitter a justifié ces mesures par "la situation de violence sans précédent en cours" dans la capitale américaine, et a indiqué que Donald Trump avait commis des "violations graves et répétées" de ses règlements. Fait inédit : Twitter a également menacé Donald Trump de suspension permanente de son compte s'il ne supprime pas de lui-même les trois tweets jugés les plus problématiques et actuellement bloqués.

Lire aussi : Digital Services Act (1/2) : comment l'Europe s'attaque à la haine en ligne et à la désinformation

"Trop peu, trop tard" ?

Si Twitter a été le premier a bloquer le compte de Donald Trump, Facebook lui a emboîté le pas en suspendant son compte pour 24 heures sur la plateforme, mais aussi sur l'application Instagram, qui fait partie du même groupe.

Les deux réseaux sociaux ont été très critiqués ces derniers mois pour leur gestion de la désinformation propagée par Donald Trump, et certains observateurs estiment qu'ils ont réagi trop tard aux émeutes de mercredi.

Il est vrai qu'elles ont d'abord tenté de parer au plus pressé. Twitter a réduit la portée des messages encourageant la violence en empêchant qu'ils soient retweetés ou "aimés". Et YouTube (qui appartient à Google) a retiré les directs montrant des émeutiers avec des armes à feu ou tenant des propos encourageant à la violence.

De nombreux observateurs accusent les plateformes d'avoir laissé le président sortant et ses partisans violents organiser leur rassemblement grâce à leurs services. "C'est trop peu, trop tard", a réagi dans un communiqué l'organisation militante anti-Facebook baptisée "Real Facebook Oversight Board" ("Véritable Conseil de surveillance de Facebook").

"24 heures, ça ne suffit pas. Il reste 13 jours jusqu'à l'investiture du président élu Joe Biden, autant d'occasions pour Trump de semer le chaos".

Lire aussi : Election américaine : Facebook et Twitter de nouveau face à la désinformation

Les réseaux sociaux entre le marteau et l'enclume

Les relations entre Donald Trump et les réseaux sociaux se sont tendues depuis mai dernier, quand Twitter a commencé a épingler certains de ses messages enfreignant son code de conduite. Le locataire de la Maison blanche et son camp les accusent de "censure" et ont tenté de prendre des mesures de rétorsion, en s'attaquant par exemple à la loi qui protège leur statut juridique d'hébergeur (au lieu d'éditeur).

Plusieurs études ont pourtant montré que la droite américaine était bien présente et très efficace sur les réseaux sociaux. Certains internautes farouchement pro-Trump fréquentent en outre assidûment des plateformes conservatrices, comme Parler, où fleurissaient mercredi les messages de soutien aux émeutiers du Capitole.

Lire aussi : Trump cherche à museler les réseaux sociaux avant la présidentielle, Twitter contre-attaque !

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 07/01/2021 à 13:06
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En même temps,ça permet de voir la puissance aujourd'hui de ces plateformes qui font la pluie et le beau temps sur une élection sans oublier des TV qui avaient coupé la parole de Trump en novembre ,une première aux US.

à écrit le 07/01/2021 à 11:40
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Heu ben finalement... on peut pas reprendre du buzz sur le covid svp ? -_- On a pas le choix c'est ça hein, ça m'étonne pas.

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