YouTube part en guerre contre la réforme des droits d'auteur

La filiale de Google appelle les YouTubeurs à se mobiliser sur les réseaux sociaux et leur chaîne vidéo contre la réforme du droit d'auteur, adoptée début septembre au Parlement européen. La patronne de YouTube affirme que "des centaines de milliers d'emplois" seraient menacés. En parallèle, Suzanne Wojcicki a annoncé la création d'un fonds de 20 millions de dollars en soutien aux créateurs de vidéos éducatives.
Anaïs Cherif
La plateforme vidéo appelle les YouTubeurs à se mobiliser contre la réforme du droit d'auteur, adoptée début septembre au Parlement européen. YouTube a aussi annoncé la création d'un fonds de 20 millions de dollars en soutien aux créateurs de vidéos éducatives.
La plateforme vidéo appelle les YouTubeurs à se mobiliser contre la réforme du droit d'auteur, adoptée début septembre au Parlement européen. YouTube a aussi annoncé la création d'un fonds de 20 millions de dollars en soutien aux créateurs de vidéos éducatives. (Crédits : Dado Ruvic)

YouTube ne lâche pas l'affaire. La plateforme vidéo, filiale de Google, a appelé lundi 22 octobre les créateurs de contenus à se mobiliser contre la réforme européenne du droit d'auteur. Si le texte a été approuvé largement au Parlement européen le 12 septembre, il doit encore être débattu avec la Commission et le Conseil de l'Union européenne afin d'aboutir à une version définitive.

"Ce secteur florissant (de la création de vidéos sur Internet) est menacé", regrette dans une note de blog publiée lundi Suzanne Wojcicki, Pdg de YouTube.

En cause : l'article 13, "qui pourrait changer radicalement l'Internet que nous connaissons aujourd'hui". Le fameux article 13, dédié aux contenus culturels sur Internet, a cristallisé une partie des débats autour de la réforme européenne du droit d'auteur. Initialement, cet article obligeait les plateformes numériques, comme YouTube ou Twitter, à passer des accords de licence avec les ayants droits pour une meilleure rémunération lors de la diffusion de leurs œuvres. Le cas échéant, les plateformes se devaient de contrôler les éventuelles violations au droit d'auteur dans les contenus diffusés par les utilisateurs sur leurs sites. Elles étaient donc supposées mettre en place un système de filtres automatiques des œuvres, avant même leurs publications.

Cette disposition a été légèrement atténuée lors du vote au Parlement, la nouvelle version du texte précisant que "le blocage automatique (de contenus) doit être évité" au maximum. L'article a aussi introduit davantage de garanties pour éviter les risques de suppressions injustifiées de contenus.

Menace à la création sur Internet, selon YouTube

En dépit de sa nouvelle version, l'article 13 reste pourtant contesté par les plateformes numériques. Selon la patronne de YouTube, il "pourrait empêcher des millions de personnes, allant des créateurs comme vous aux utilisateurs lambda, de mettre en ligne des contenus sur des plateformes telles que YouTube". Avant de poursuivre : "S'il est appliqué comme proposé, l'article 13 menace des centaines de milliers d'emplois de créateurs européens, d'entreprises, d'artistes et de ceux qu'ils emploient."

"La proposition pourrait forcer les plateformes, telles que YouTube, à n'autoriser que le contenu d'un certain nombre de grandes entreprises car il serait trop risqué d'héberger du contenu provenant de plus petits créateurs, fournissant un contenu original, car les plateformes seraient désormais directement responsables de ce contenu."

Une responsabilité d'éditeur que les plateformes numériques, comme YouTube et Facebook, réfutent depuis des années. La patronne de la plateforme vidéo conclue : "Cette directive constitue une menace évidente pour vos revenus", avant d'appeler les YouTubeurs à se mobiliser contre la réforme, à travers les réseaux sociaux et leur chaîne vidéo.

Création d'un fonds de 20 millions de dollars

En parallèle, Suzanne Wojcicki a annoncé la création d'un fonds de 20 millions de dollars pour soutenir les YouTubeurs créant des vidéos éducatives - des tutoriels de bricolage et de couture, en passant par des cours de révisions pour le bac. Au total, la filiale de Google revendique 1 milliard de vidéos à vocation éducative vues chaque jour.

Une partie de cet investissement comprend un fond d'apprentissage destiné aux créateurs qui créent des contenus éducatifs sur YouTube. La plateforme "a d'ores et déjà commencé à investir dans certaines des chaînes les plus réputées dans le domaine, comme Ted-Ed", souligne la filiale de Google dans un communiqué de presse. Une autre partie de cet investissement est dédiée au développement de la nouvelle chaîne YouTube, baptisée "Learning", lancée en juin. Elle regroupe une large sélection de vidéos éducatives, regroupées par thèmes.

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Retrouvez les articles de La Tribune consacrés à la réforme européenne du droit d'auteur :

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 21/11/2018 à 14:17
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Le problème est que d'une manière générale, l'Europe est dirigée par des idiots. A moins qu'ils attendent que Youtube et Facebook décident de fermer temporairement leurs services afin de rendre une très grande majorité des européens europhobes!

à écrit le 23/10/2018 à 20:44
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Le problème c'est que ceux qui font nos lois n'ont aucune connaissance de l'économie...

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