Joe Biden appelle à sévir contre les réseaux sociaux qui ne protègent pas assez leurs utilisateurs

Le Président américain a appelé, dans une tribune publiée mercredi dans le Wall Street Journal, le Parlement à légiférer pour mieux encadrer les réseaux sociaux qui ne protègent pas assez leurs utilisateurs et notamment les mineurs des publicités ciblées et du harcèlement.
Joe Biden a appelé les autorités législatives a davantage se pencher sur la question de la protection des utilisateurs des réseaux sociaux. (image d'illustration de Joe Biden)
Joe Biden a appelé les autorités législatives a davantage se pencher sur la question de la protection des utilisateurs des réseaux sociaux. (image d'illustration de Joe Biden) (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

Dans une tribune publiée mercredi sur le site du Wall Street Journal, le chef de l'Etat américain a appelé les élus des deux bords à s'unir pour renforcer la législation en matière de protection des données personnelles et des utilisateurs mineurs, ainsi que pour lutter contre la discrimination, « l'exploitation sexuelle » et le « cyber-harcèlement ».

Le président démocrate s'est dit « fier » de ce que le secteur technologique avait accompli, mais également « inquiet », « comme beaucoup d'Américains », « de la façon dont cette industrie collecte, partage et exploite nos données les plus personnelles, renforce l'extrémisme (et) met nos enfants en danger (...) Des millions de jeunes gens se débattent face au harcèlement, à la violence, aux traumatismes » et aux questions de « santé mentale », a insisté le président. « Nous devons demander des comptes aux réseaux sociaux sur les expériences qu'ils mènent sur nos enfants, pour dégager des profits », a-t-il ajouté.

Les dérives de la tech font scandale aux Etats-Unis

En première ligne des réseaux sociaux pointés du doigt : Tiktok. La plateforme chinoise est critiquée pour l'addiction qu'il suscite chez enfants et adolescents par des élus et des associations. Ce réseau social est l'équivalent du « fentanyl numérique », a affirmé le député républicain Mike Gallagher, l'une des principales voix anti-chinoises au Congrès, comparant l'application à la drogue ayant causé de nombreux décès par overdose aux Etats-Unis. « C'est très addictif et destructeur et nous voyons des données troublantes sur l'impact dévastateur de l'utilisation constante des réseaux sociaux, en particulier sur les jeunes hommes et femmes américains », a-t-il déclaré à NBC News.

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Aux Etats-Unis, une loi interdit son utilisation sur les appareils des fonctionnaires, des élus l'accusant d'être un outil d'espionnage et de propagande au service de la Chine, sur fond de tensions entre Pékin et Washington. L'ancien président Donald Trump avait même tenté d'interdire le réseau social sur le territoire américain en accusant la plateforme d'espionner les Américains pour le compte du gouvernement chinois.

Mais l'Américain Meta, maison mère de Facebook est aussi accusé par le Président américain d'être néfaste aux jeunes. A l'automne 2021, une ex-employée de Facebook, Frances Haugen, a fait fuiter des documents internes montrant que les dirigeants de la plateforme avaient conscience de certains risques pour les mineurs. Pour éteindre l'incendie et calmer les détracteurs, à partir de février, Meta n'autorisera plus les groupes souhaitant faire de la publicité à destination des mineurs sur ces plateformes à avoir accès à d'autres données que leur âge et à leur localisation. Cette nouvelle mesure doit permettre de s'assurer que le contenu des annonces soit approprié et utile, explique Meta mardi dans un message sur son site. L'entreprise dirigée par Mark Zuckerberg, qui ne permettait déjà plus depuis l'été 2021 aux annonceurs de connaître l'historique des adolescents sur d'autres sites, a par ailleurs décidé d'étendre cette limitation à ses propres plateformes. Cela revient à « supprimer la possibilité pour les annonceurs de cibler les adolescents en fonction de leurs intérêts et de leurs activités », indiquait Meta début janvier.

Des efforts insuffisants selon certains : le 6 janvier, les responsables des écoles publiques de Seattle, aux Etats-Unis, ont déposé une plainte contre plusieurs réseaux sociaux les accusant « d'atteintes » à la santé mentale des mineurs. « L'augmentation des suicides, tentatives de suicide et visites aux urgences liées à la santé mentale n'est pas une coïncidence. (...) Cette crise s'aggravait déjà avant la pandémie et la recherche a identifié les réseaux sociaux comme jouant un rôle majeur dans l'apparition de problèmes de santé mentale chez les jeune », écrivent-ils dans leur plainte.

Un nouveau texte bientôt examiné par le Sénat

L'étau se resserre aussi pour les réseaux sociaux pas suffisamment protecteurs de leurs utilisateurs au plus haut niveau des institutions américaines. Joe Biden a rappelé avoir encouragé, depuis le début de son mandat, le Congrès à légiférer sur le sujet. Le président américain a évoqué les efforts de son gouvernement pour protéger les données personnelles, pour lutter contre la discrimination en ligne et renforcer les moyens de l'Etat américain pour sanctionner les pratiques anti-concurrentielles. « Mais nos prérogatives actuelles ont des limites », a-t-il expliqué, appelant ainsi les élus à étoffer le cadre légal auquel sont soumis les géants de la technologie.

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Après des décennies d'immobilisme, plusieurs initiatives au Congrès ont commencé à faire bouger les lignes. En septembre, un texte sur la concurrence a été adopté à la Chambre des représentants afin de renforcer les prérogatives des Etats pour assigner en justice des entreprises technologiques et augmenter les moyens financiers des régulateurs. Il n'a pas encore été examiné au Sénat. Une proposition de loi visant à protéger les mineurs sur internet, soutenue par des élus républicains et démocrates, a également été déposée au Sénat.

Une partie des élus républicains est fermement opposée à un durcissement de la lutte contre les pratiques anti-concurrentielles, au motif que le gouvernement n'a pas à empiéter sur le fonctionnement du secteur privé et que de telles mesures pourraient brider l'innovation.

ZOOM - En Europe, Tiktok tente d'amadouer les législateurs

Shou Zi Chew, le PDG de ByteDance, la maison mère de Tiktok, a rencontré mardi la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, ainsi que ses collègues Vera Jourova, chargée des valeurs et de la transparence, et Didier Reynders, commissaire à la Justice, à Bruxelles. Une réunion qui a pour but de discuter des attentes des régulateurs européens sur l'évolution des pratiques de Tiktok. En 2022, les 27 ont adopté le Digital services act pour endiguer la désinformation et les discours haineux. Ce texte contraindra dès mi-2023 les plus grandes plateformes en ligne à se faire auditer par des organismes indépendants, à évaluer les risques liés à leur utilisation et à adopter des mesures pour les atténuer. Les réseaux sociaux vont aussi devoir faire de gros efforts pour ne pas être sanctionnés en Europe.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 12/01/2023 à 19:03
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En parlant de Biden : De nouveaux documents classés ont été découverts dans le garage de la résidence privée du président des États-Unis à Wilmington, dans le Delaware, a annoncé jeudi la Maison Blanche. Au beau milieu de l'enquête sur les manquem...

à écrit le 12/01/2023 à 12:05
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Les réseaux dits "sociaux " sont devenus tellement addictifs que même les gens raisonnés et sensés continuent de les utiliser au lieu s'en aller. Alors sur les populations plus fragiles les dégâts sont encore plus importants.

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