Etats-Unis : la pression monte autour de TikTok, bientôt interdit aux fonctionnaires

La Chambre des représentants doit voter cette semaine l'interdiction pour les fonctionnaires américains d'utiliser TikTok sur leurs appareils. La plateforme tente de négocier avec les autorités, notamment en stockant ses données aux Etats-Unis, pour éviter d'être vendue ou bannie du marché américain.
La présidente du Congrès Nancy Pelosi souhaite que l'interdiction de TikTok aux fonctionnaires soit votée cette semaine.
La présidente du Congrès Nancy Pelosi souhaite que l'interdiction de TikTok aux fonctionnaires soit votée cette semaine. (Crédits : Reuters)

Combien de temps Tik Tok pourra-t-il tenir aux Etats-Unis ? Déjà frappé par plusieurs restrictions, le Congrès s'apprête à interdire l'application chinoise sur les portables et ordinateurs des fonctionnaires pour des motifs de sécurité nationale, alors qu'une vingtaine d'Etats américains ont déjà pris des mesures similaires pour leurs propres fonctionnaires.

« Ce n'est pas un sujet démocrate ou républicain, c'est une question de sécurité nationale », explique à l'AFP Ryan McDougle, sénateur local de Virginie, en pointe sur le dossier.

Consensus transpartisan

Après le Sénat la semaine dernière, la Chambre des représentants devrait donc adopter, dès cette semaine, un texte qui interdit le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les équipements professionnels des employés de l'Etat fédéral américain. Près de vingt Etats américains ont déjà pris des mesures similaires pour leurs propres employés.

« Ce n'est pas un sujet démocrate ou républicain, c'est une question de sécurité nationale », explique à l'AFP Ryan McDougle, sénateur local de Virginie, en pointe sur ce dossier qui fédère au-delà des clivages partisans.

« Le problème fondamental est le suivant : TikTok appartient à ByteDance (sa maison mère), qui est lui-même soumis au contrôle effectif du Parti communiste chinois » (PCC), a appuyé dimanche CNN l'élu républicain Mike Gallagher de la Chambre des représentants. La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi souhaite ainsi que ce que le texte soit soumis au vote cette semaine.

La vente forcée de TikTok, autre option

La Chambre des représentants, qui va accueillir dès janvier une majorité républicaine très hostile à la Chine communiste, pourrait ne pas se contenter de durcir l'accès à Tik Tok pour les employés de l'Etat fédéral mais bien décider une interdiction totale du réseau social aux Etats-Unis comme avait tenté, sans succès, de le faire Donald Trump en 2020 au terme de son mandat. Autre option possible, ByteDance pourrait être forcée de céder les activités de TikTok aux Etats-Unis.

Sous pression, TikTok tente de montrer patte blanche. L'application cherche à rassurer les autorités américaines sur la protection des données des utilisateurs en promettant de les stocker en totalité sur des serveurs basés aux Etats-Unis... tout en admettant que des employés basés en Chine pouvaient y avoir accès.

« Le Parti communiste chinois ne nous a pas demandé de partager ces données », se défend régulièrement TikTok. « Nous n'avons pas transmis au PCC des informations relatives aux utilisateurs américains et nous ne le ferions pas si on nous le demandait ».

Crainte autour de l'influence de Pékin

Le destin du réseau social est également suspendu aux conclusions d'un rapport du Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), une agence gouvernementale qui mesure les risques de tout investissement étranger pour la sécurité nationale américaine. Le CFIUS pourrait proposer un protocole pour satisfaire les questions de sécurité nationale que signeraient TikTok et les autorités américaines, qui planchent dessus depuis plusieurs mois.

Au-delà de la protection des données, les craintes de Washington autour de TikTok portent sur l'influence que pourrait exercer Pékin sur les contenus de la plateforme que consultent de citoyens, parfois jeunes, et éventuellement tenter de peser sur le processus démocratique.

Nocivité sur le développement des jeunes

Une étude de l'organisation Global Witness et de la New York University a montré que TikTok avait diffusé de nombreuses vidéos contenant de la désinformation lors de la campagne des dernières législatives américaines, dans des proportions plus importantes que Facebook et YouTube sur la même période.

Les reproches contre TikTok se font également entendre dans la tech américaine au sujet des contenus du réseau social. «Sur leur version de TikTok, si vous avez moins de 14 ans, ils vous montrent des expériences scientifiques à faire à la maison, des visites de musées, des vidéos patriotiques ou éducatives. Et ils limitent l'utilisation à quarante minutes par jour. Ils ne diffusent pas cette version de TikTok au reste du monde. Comme s'ils savaient que la technologie influence le développement des jeunes. Pour leur marché domestique, ils vendent une forme appauvrie tandis qu'ils exportent de l'opium au reste du monde», affirmait ainsi début novembre sur CBS Tristan Harris, ancien cadre de Google et dirigeant d'un cercle de réflexion indépendant sur les conséquences psychologiques des plateformes numériques.

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