Le normand Lucibel se rêve en « Apple de la cosmétique »

Via sa filiale Lucibelle, le spécialiste normand de l'éclairage mise sur la photothérapie par LED pour s’imposer dans la cosmétique high tech.
Le masque OVE est dessiné par Olivier Lapidus.
Le masque OVE est dessiné par Olivier Lapidus. (Crédits : Lucibel)

Précurseur français de la technologie LED, Lucibel a peut-être trouvé sa recette antirides. Le groupe installé à Barentin dans la banlieue de Rouen (65 salariés - 8,1 millions de chiffre d'affaires) creuse son sillon sur le marché florissant de la beauté. Son arme fatale ? La photobiomodulation : un procédé non invasif connu de longue date par lequel nos cellules transforment l'énergie photonique pour se régénérer, à la manière de la photosynthèse pour les plantes.

Sa première gamme de produits avait connu un succès relatif. Mais sa dernière trouvaille, un masque du nom d'OVE mis au point par sa filiale Lucibelle (créée en 2014) avec la dermatologue Michèle Pelletier, fait une entrée fracassante sur le segment du haut de gamme. Présenté comme « vingt fois plus puissant » que ses concurrents, il émet  une lumière LED rouge d'une longueur d'ondes très précise de 635 nanomètres qui, nous assure t-on, « stimule naturellement la production de collagène et d'acide hyaluronique » pour un effet rajeunissant et raffermissant. L'argument a manifestement convaincu la mère d'Elon Musk, Maye de son prénom, ancienne mannequin, qui est allée jusqu'à se fendre d'un tweet en 2022 où elle arbore le masque sur le visage.

Vendu aux particuliers autour de 2.500 euros, OVE est fabriqué en totalité en France et dessiné par le designer Olivier Lapidus. Il n'a pas tardé à attirer l'attention d'une grande marque du luxe. Depuis quelques jours, Dior (LVMH) le commercialise en direct sur son site et dans ses boutiques. L'enseigne a également commencé d'en équiper ses spas dans une vingtaine de pays. Le tout moyennant une exclusivité mondiale partielle.

« Il nous est interdit de le vendre aux vingt principaux concurrents de Dior qui nous garantit en échange un volant de commandes minimum par an et une visibilité exceptionnelle », précise Frédéric Granotier, président et fondateur de Lucibel.

« 43 familles de brevets »

Fort de ce partenariat doré sur tranche, le Normand coté à Euronext se rêve désormais en « Apple de la cosmétique ». « Notre ambition est de faire de Lucibelle le leader incontesté de la beauté par la lumière », résume son patron. Il est vrai le groupe peut s'enorgueillir de solides antécédents scientifiques dans le domaine de la photothérapie sur laquelle il planche depuis une décennie. Doté d'un bureau d'études inventif, il est le deuxième déposant de brevets en Europe (derrière Philips) et le treizième au monde après un quarteron d'asiatiques, champions de la discipline.

« Nous avons déjà déposé ou publié 43 familles de brevets. Et je me lève tous les matins en me demandant ce que nous pouvons faire de plus que les chinois », confie à La Tribune David Thibault, responsable de la recherche. Sur la table de travail de l'intéressé, d'autres gammes de produits attendent leur lancement : l'un pour le capillaire, d'autres encore pour le traitement des vergetures ou des imperfections de la peau du corps. Le groupe phosphore aussi sur des applications à caractère médical, pour résorber des tendinites par exemple. « Le soin par la lumière va s'imposer dans beaucoup de champs », prédit Frédéric Granotier.

Fiat Lux

Lucibel, qui a remonté la pente au premier semestre après une année 2022 chahutée (son patron dixit), mise sur un axe de développement connexe centré sur le bien-être : l'éclairage circadien. C'est ainsi qu'ont vu le jour un luminaire LED d'aide à l'endormissement et un autre adapté aux locaux privés de lumière naturelle mis au point avec des neurobiologistes. « Il favorise la synchronisation du rythme biologique en reproduisant le cycle de la lumière du soleil avec une efficacité prouvée sur la concentration, les capacités cognitives et la qualité du sommeil pour trois utilisateurs sur quatre », assure David Thibault.

Le concept a été testé pendant deux semaines dans plusieurs salles de classes européennes par le Centre du sommeil et de la vigilance de Paris à la faveur d'un programme dénommé School Vision. Pendant l'expérience, les élèves ont  vu leur temps de résolution des tests logiques réduit de 20% et ont amélioré leurs résultats. De quoi renvoyer les vieux néons de nos écoles au rayon des accessoires démodés ?

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