Bernard Tapie bientôt seul à la tête de La Provence

Une semaine après la saisie d'une partie de ses biens, Bernard Tapie va détenir 100% du quotidien La Provence, laissant le reste de l'empire Hersant à la famille du patron de presse.
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Le Groupe Hersant Média (GHM) a annoncé mardi "un projet par lequel les actionnaires familiaux reprendraient 100% du capital de GHM", et donc la totalité de Nice Matin et des quotidiens des Antilles et de Guyane du groupe. Le Groupe Bernard Tapie (GBT) "deviendrait actionnaire à 100% de La Provence", tandis que Corse Matin resterait détenu à 50/50 par La Provence et Nice Matin.

"Pas mal de questions à poser à Bernard Tapie"

Cet accord devra encore être soumis aux comités d'entreprise. Une première réunion extraordinaire de celui de La Provence est convoqué mardi 23. Les membres du CE se prononceront ensuite le 2 août à titre consultatif sur le projet. A La Provence, les représentants syndicaux CFE-CGC, CFDT, FO et SNJ ont appris la nouvelle mardi à la mi-journée. "On a pas mal de questions à poser à Bernard Tapie, sur les projets de développement (...), sur les investissements, sur la clause de cession", qui devrait désormais pouvoir être activée, a indiqué à l'AFP Hervé Borello, délégué FO et secrétaire du CE. "On a tous été surpris", souffle une journaliste. "Nous allons poser des questions sur la ligne éditoriale, nous serons bien évidemment attentifs à l'indépendance de la rédaction et au maintien de la ligne éditoriale actuelle".

Fin d'une alliance qui n'aura duré que six mois

Cette réorganisation met fin à l'association à 50/50 entre Bernard Tapie et la famille de Philippe Hersant, président de GHM, conclue fin 2012. Elle n'aura tenu qu'un peu plus de six mois. L'homme d'affaires de 70 ans s'était allié à la famille Hersant pour mettre la main en décembre sur les derniers lambeaux de l'empire de presse régionale Hersant, soit les titres de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur - les quotidiens La Provence, Nice-Matin, Var-Matin et Corse Matin - et ceux des Antilles et de Guyane - France-Antilles Guadeloupe, France-Antilles Martinique et France-Guyane. Cette opération avait permis d'éviter une vente à la découpe des activités restantes de GHM, lourdement endetté.

Bernard Tapie, grand spécialiste de la reprise d'entreprises en difficulté, signait alors un retour aux affaires qui n'était pas forcément vu d'un bon oeil, d'autant qu'il était perçu par certains comme un premier pas dans la course à la mairie de Marseille. Mais l'aventure commune aura fait long feu.

"Inertie coupable" dans la gestion de La Provence

"L'affaire Tapie" fait craindre le pire à la rédaction du quotidien. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) de La Provence avait accusé début juillet d'"inertie coupable" la direction du groupe, qui aurait repoussé "à la rentrée" des projets de développement comme la refonte du journal et du site internet. "Ils ont fait le constat qu'il n'y avait pas d'accord sur la stratégie à mener et la manière de la mener, et qu'il fallait donc mieux se séparer", a indiqué une source proche du dossier, soulignant que cette décision n'avait "aucun rapport avec les événements liés à Bernard Tapie", mis en examen fin juin pour "escroquerie en bande organisée" dans l'enquête sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit lyonnais.

Bernard Tapie ne peut pas vendre La Provence

L'homme d'affaires se retrouve cependant seul maître à bord de La Provence en pleine tourmente personnelle, alors que les juges qui enquêtent sur l'affaire du Crédit Lyonnais ont ordonné la saisie d'une partie de ses biens. Il en conserve la jouissance mais ne peut plus vendre. Ils ont également obtenu l'accord du parquet pour saisir ses parts dans GHM, ce qui avait aussitôt suscité l'inquiétude des syndicats du groupe Nice-Matin et d'Olivier Mazerolle, nouveau directeur de la rédaction de La Provence. Bernard Tapie avait laissé entendre que cette mesure mettrait en difficulté le groupe de presse, brandissant le risque de voir "3.000 personnes au chômage".

>> Voir notre diaporama: Affaire Tapie-Adidas: la liste des biens saisis

A Marseille, la classe politique, sur ses gardes dans la perspective des municipales lors de l'arrivée de l'ex-président de l'OM fin 2012, ne semblait mardi pas s'inquiéter outre mesure de cette nouvelle donne. "Est-ce que cela a une influence politique? Nous ne le croyons pas. Je ne pense pas qu'il vise la mairie. Pour l'instant, Tapie a suffisamment à faire avec l'affaire de l'arbitrage", a réagi auprès de l'AFP le premier adjoint au maire de Marseille, Roland Blum (UMP).

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Commentaires 3
à écrit le 17/07/2013 à 16:50
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Enfin seul !

le 31/07/2013 à 18:25
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triste fin du quotidien !

à écrit le 17/07/2013 à 16:39
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Bernard tapie n'a jamais rien fait que couler ses boîtes. Que le journal se prépare à la même destinée.

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