La directrice de la rédaction du New York Times quitte son poste

Jill Abramson a déjà fait ses cartons de son bureau du New York Times (NYT). Un départ "inattendu" pour cette sexagénaire, première femme à avoir dirigé la rédaction du célèbre journal.
L'Américaine Jill Abramson du NYT a été poussée vers la sortie par sa hiérarchie d'une manière "abrupte" selon un article de son propre titre. (Photo : Reuters)

Après le départ de Natalie Nougayrède du Monde mercredi, c'est une autre directrice d'une rédaction de renom qui quitte ses fonctions. L'Américaine Jill Abramson du NYT a été poussée vers la sortie par sa hiérarchie d'une manière "abrupte" selon un article de son propre titre. Une nouvelle qui a pris de court ses propres collaborateurs.

Lorsque le directeur de la publication Arthur O. Sulzberger a annoncé son départ, "la salle de rédaction est restée sans voix". Le NYT ajoute une citation du supérieur de Jill Abramson pour justifier ce "limogeage" : "La décision a été prise à cause d'un différend sur les projets de management de la rédaction". Une explication qui laisse tout le monde, et a fortiori les journalistes du NYT globalement en faveur de leur directrice, sur leur faim.

Une démission forcée

Mais pour les rédacteurs David Carr et Ravi Somaiya du NYT, il y avait bien de l'eau dans le gaz depuis plusieurs semaines. L'ancienne directrice du bureau de Washington, et ex-journaliste d'investigation au Wall Street Journal se serait brouillée avec Arthur O.Sulzberger au sujet de son attitude "versatile et polarisante". Elle aurait d'ailleurs engagé un consultant en management pour améliorer ses méthodes.

Jill Abramson aurait aussi l'ire de son adjoint Dean Baquet (qui va d'ailleurs prendre sa place) en voulant lui nommer une co-adjointe sans le consulter. "Il aurait frappé du poing dans un mur", de frustration rapportent les journalistes du NYT

Un salaire moins élevé que son prédécesseur

Mais les bisbilles entre hiérarchies ne seraient pas la seule raison de ce départ. Selon un article du site d'information américain Slate, la principale raison serait d'ordre salariale. Jill Abramson se serait plainte après s'être rendue compte que son salaire était moins élevé que celui de son prédécesseur Bill Keller. Sa rémunération aurait même été moins élevée que celle de certains de ces adjoints.

Une "honte" selon ses collaboratrices du NYT, a fortiori au vu des bons résultats obtenus par le journal depuis sa nomination en 2011. "Abramson semblait faire une excellent travail aux manettes du Times,  le menant vers un futur digital prometteur" écrit Slate, déplorant l'éviction d'une directrice de rédaction talentueuse

Un passage à l'ère numérique réussi et des finances saines

Le site d'information poursuit en relevant que, lorsque le NYT était dirigé par Bill Keller entre 2003 et 2011, les finances se sont dégradées si profondément que le groupe a dû contracter un emprunt à l'oligarque mexicain Carlos Slim. Les comptes seraient aujourd'hui en bonne santé et le journal a passé la barre des 800.000 abonnés numériques sous la direction de Jill Abramson, rendant le quotidien largement bénéficiaire.

Elle avait aussi pour projet d'accélérer encore sur la voie du numérique en créant un poste de rédacteur en chef spécialement pour le web afin de développer l'audience. 

Dean Baquet, premier Noir américain à la tête du journal pour la remplacer

Mais ses projets n'ont pas fait le poids face à ses désaccords avec ses supérieurs. Préparé depuis une semaine selon le NYT, son départ du poste de directrice de la rédaction laisse la place à son adjoint Dean Baquet. Fraîchement arrivé en 2007 au journal new-yorkais, Dean Baquet devient le premier Noir américain à occuper ce haut poste à la rédaction du NYT.

Ce lauréat du Prix Pulitzer 1988 convoitait déjà le job lors de la nomination de Jill Abramson il y a trois ans. Un premier échec qui lui aurait laissé un goût amer, propice aux montées de tensions avec sa collègue.

Face à cette "démission", la presse outre-atlantique semblent en tout cas unanime : le New York Times, Jill Abramson l'avait dans la peau. Elle s'était faite tatouer le "T" en lettres gothiques du journal dans le dos et avait parlé de sa nomination comme "de l'honneur de sa vie".

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Commentaires 2
à écrit le 15/05/2014 à 15:01
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sur leur fin...ou sur leur faim?

à écrit le 15/05/2014 à 14:37
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L'orthographe de nos jours est tellement négligé...c'est effrayant!

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