Droits voisins : Facebook signe un chèque à la presse française

Avec cet accord, Facebook et une partie de la presse française vont ouvrir une nouvelle relation. Après des années de négociation, le géant s'est accordé avec les éditeurs pour rémunérer les "droits voisins". Une participation directe dans l'économie du secteur, après une première incursion il y a cinq ans. Mais cette fois-ci, Facebook devient hôte des contenus via son service "Facebook News".
C'est un accord de solidarité, concernant près de 300 éditeurs, avec un niveau minimum de rémunération pour les plus petits, a expliqué Pierre Louette, président de l'APIG et PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien.
"C'est un accord de solidarité, concernant près de 300 éditeurs, avec un niveau minimum de rémunération pour les plus petits", a expliqué Pierre Louette, président de l'APIG et PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien. (Crédits : Dado Ruvic)

Près d'un an après un premier accord noué entre le géant Google et la presse française visant à rémunérer l'utilisation de leurs articles sur les services du géant américain, c'est au tour de Facebook d'officialiser ce jeudi une compensation. Comme pour Google, la firme de Mark Zuckerberg s'est vue contrainte par une directive européenne sur les "droits voisins" du droit d'auteur de 2019. Tandis que Google et 300 titres de l'Alliance de la presse d'information générale (APIG - dont La Tribune fait partie) avaient négocié aux forceps un accord-cadre de 76 millions de dollars, le montant avec Facebook - dont la réputation est bousculée sur d'autres fronts - n'est pas précisé.

Facebook, dont le modèle économique repose comme Google sur la publicité ciblée auprès d'annonceurs en échange de services gratuits aux utilisateurs, cherche surtout à anticiper les représailles de l'Autorité de la concurrence.

Aussi, le géant, dont la valorisation a atteint 1 trillion de dollars cet été, imite la stratégie de Google (toujours en négociation avec l'APIG suite à une condamnation de l'Autorité de la concurrence) en développant un nouvel espace de publication des articles de presse, contre cette rémunération. Tout l'intérêt pour lui étant de garder la maîtrise des données des consommateurs de ces contenus, à la source de ses revenus qui ont culminé à 70,7 milliards de dollars en 2020, pour un bénéfice net boosté par les confinements du Covid-19 en hausse de 58%.

Dans ses termes, cet "accord de licence" permettra donc aux éditeurs de presse qui le souhaitent d'alimenter le fil "Facebook News" censé être lancé en France en janvier prochain. Le service est déjà opérationnel aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

"Nous sommes heureux d'avoir conclu un accord de licences pour les droits voisins. Cela signifie que les utilisateurs de Facebook pourront continuer à partager librement des actualités au sein de leurs communautés, tout en garantissant la protection des droits voisins de nos partenaires éditeurs", écrit Jesper Doub, directeur des partenariats avec les médias d'information en Europe, dans un billet publié sur un blog de Facebook.

Négocié pendant deux ans, il fixe un "cadre" qui "tient compte de la manière dont les contenus de presse sont publiés et partagés sur Facebook, que ce soit par les utilisateurs, ou sous le contrôle des éditeurs", est-il précisé par la firme.

"Des revenus pérennes" pour la presse

Cet accord-cadre d'une durée renouvelable de trois ans "crée une nouvelle catégorie de revenus pérennes" pour la presse, autres que ceux liés à sa diffusion papier, en ligne ou aux abonnements, s'est félicité auprès de l'AFP Pierre Louette, président de l'APIG et PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien.

Il intègre la signature à terme d'accords individuels entre Facebook et les éditeurs membres de l'APIG. "C'est un accord de solidarité, concernant près de 300 éditeurs, avec un niveau minimum de rémunération pour les plus petits", a expliqué Pierre Louette.

Les groupes Le Monde et Le Figaro ont pour leur part négocié des accords directement avec Facebook, comme ils l'avaient fait auparavant avec Google (ainsi que Libération et l'Express).

Mais les revenus, les montants et la méthode de calcul de ces accords restent secrets.

Pour ce qui concerne les autres familles de presse, le directeur général de Facebook France Laurent Solly a indiqué dans une interview au Figaro continuer "à avoir des discussions constructives avec d'autres éditeurs".

Un risque de dépendance accepté

"Nous reconnaissons la valeur que nous apportent les médias, mais nous en leur apportons aussi, par exemple en terme d'audience. En 2020, le fil d'actualité a généré dans le monde 180 milliards de clics renvoyant vers les sites des éditeurs, ce qui représente 9 milliards de dollars de recettes publicitaires pour la presse", a-t-il fait valoir.

Du reste, ce n'est pas la première incursion directe de Facebook dans le bilan es éditeurs de presse. En 2016, le géant avait investi plusieurs millions d'euros, selon Mediapart, auprès de plusieurs médias TV et presse afin d'attirer sur sa plateforme des contenus vidéos d'informations. Face aux critiques d'offrir un espace au "fake news", tout l'enjeu de l'algorithme de Facebook est en effet d'attirer des contenus de qualité et vérifié et de maintenir ses taux d'engagements.

Les négociations ont été compliquées, certains professionnels ont dénoncé un risque de dépendance aux géants américains. D'autant que contrairement à la presse qui fait même face actuellement à des pénuries de papier sur son modèle historique de diffusion, Facebook et consorts ont, eux, engrangé des revenus records pendant la crise sanitaire.

De son côté, Google été condamné par l'Autorité de la concurrence à 500 millions d'euros d'amende et à reprendre les négociations avec les éditeurs, pour leur proposer une nouvelle offre de rémunération.

(Avec agences)

Lire aussi 5 mnFacebook pourrait changer de nom : une fuite en avant indispensable pour Mark Zuckerberg ?

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Commentaire 1
à écrit le 22/10/2021 à 8:03
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Pour qu'elle serve la classe dirigeante qui s'acharne sur facebook. Ben ils sont pas revanchards chez facebook ! Ah ben oui c'est vrai ils sont contraints et forcés.

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