IA : des grandes maisons de disques américaines attaquent en justice la startup Anthropic

La plainte est portée par trois maisons de disques majeures, dont la major Universal Music Group. Celles-ci sont propriétaires des droits de stars de la musique, parmi lesquelles figurent Beyoncé, Daft Punk ou encore Mick Jagger. La startup d'IA Anthropic est soutenue financièrement par le géant Google. Elles accusent la jeune pousse d'infraction aux droits d'auteur.
Mathieu Viviani
Lancée ce mercredi aux Etats-Unis, la plainte est portée par trois maisons de disque, la major Universal Music Group et les labels indépendants Concord et ABKCO.
Lancée ce mercredi aux Etats-Unis, la plainte est portée par trois maisons de disque, la major Universal Music Group et les labels indépendants Concord et ABKCO. (Crédits : DADO RUVIC)

Pour fonctionner, les systèmes d'intelligence artificielle générative doivent constamment se nourrir de contenus sur le web. Problème : tous ne sont pas libres de droit. C'est exactement ce qui se joue dans ce nouveau procès intenté par plusieurs grandes maisons de disques américaines à la société d'IA Anthropic. Une information révélée par le journal Financial Times et le magazine Variety. Fondée en 2021 par des anciens cadres de l'application IA à succès ChatGPT, la startup basée à San Francisco est soutenue par Google, qui y a investi 300 millions de dollars pour 10% de capital.

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Lancée mercredi dernier aux Etats-Unis, la plainte est portée par trois maisons de disques : la major Universal Music Group et les labels indépendants Concord et ABKCO. Ils accusent Anthropic d'infraction aux droits d'auteur, en laissant son IA se nourrir sans rémunération de paroles d'artistes, hébergés en leur sein. Les trois groupes réclament donc la tenue d'un procès devant un jury et jusqu'à 150.000 dollars par chanson utilisée sans autorisation des ayants droits, ce qui pourrait représenter des dizaines de millions de dollars.

Pour rappel, ces maisons de disques détiennent les droits de larges catalogues d'édition dans lesquels on trouve plusieurs grandes stars actuelles et historiques de la musique : parmi elles, on trouve les chanteuses à succès Taylor Swift et Beyoncé, le groupe français Daft Punk, The Weeknd, l'Anglais Elton John, Gloria Gaynor ou encore Mick Jagger (chanteur des Rolling Stones).

Les paroles des artistes au cœur du conflit

Dans leur plainte, les majors affirment que lorsque le chatbot d'Anthropic, baptisé « Claude 2 », est questionné par un utilisateur sur les paroles de tubes, comme « I Will Survive » de Gloria Gaynor, ou « Halo » de Beyoncé, l'outil d'intelligence artificielle fournit des réponses contenant « des textes entiers ou des portions importantes ».

Les plaignants reprochent également au chatbot d'aller puiser dans du contenu protégé par des droits d'auteur, même lorsqu'il ne reçoit pas de requête spécifique pour cela. En particulier, lorsqu'un utilisateur demande d'écrire une chanson sur un thème précis ou dans le style d'un artiste bien réel.

Ils arguent également le fait qu'Anthropic « profite largement » de leurs œuvres musicales, « sans rien payer aux éditeurs, aux auteurs ni aux innombrables propriétaires de droits d'auteur ».

Des procédures qui se multiplient

Le recours, déposé par les trois labels devant un tribunal fédéral du Tennessee, s'inscrit dans le sillage de poursuites similaires, lancées par des créateurs contre des entreprises spécialisées dans l'IA dite générative. Dernier épisode en date, en septembre dernier, George R.R. Martin, l'auteur de la série télévisée à succès « Game of Thrones », et d'autres écrivains, ont lancé à New York des poursuites fédérales contre OpenAI. Ils l'accusent d'avoir utilisé leurs œuvres littéraires pour créer ChatGPT, au mépris de leurs droits d'auteur. De nombreuses autres plaintes ont déjà été déposées par des artistes, organisations et codeurs contre OpenAI et ses concurrents.

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En réponse, début septembre, Microsoft (principal investisseur d'OpenAI), a annoncé qu'il fournirait une protection juridique à ses clients poursuivis pour violation de droits d'auteur sur des contenus générés avec ses outils d'IA générative.

Universal Music Group en première ligne

Dans le top 3 des maisons de disques mondiales, Universal Music Group utilise son influence dans cette nouvelle bataille des droits d'auteur face aux services d'IA générative. Selon le Financial Times, en avril dernier, la major aurait demandé aux plateformes de streaming, comme Apple et Spotify, d'empêcher les applications d'IA de piocher des données dans leurs morceaux.

Les majors du disque et les experts du sujet réfléchissent actuellement à des solutions pour permettre aux IA génératives d'utiliser leurs données. Parmi elles, la signature par ces dernières d'accords de licences pour nourrir leurs algorithmes.

(Avec AFP)

Mathieu Viviani

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Commentaires 2
à écrit le 20/10/2023 à 18:36
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Une guerre perdue d'avance, ils gagneront les premières batailles mais finiront balayés.

à écrit le 20/10/2023 à 14:51
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