Pour Gilles Pélisson (TF1), le mariage avec M6 constitue « une opportunité historique »

Pour défendre sa fusion avec M6 devant la commission du Sénat sur la concentration dans les médias, le PDG de TF1 a soutenu que le marché de la publicité de la télévision linéaire était attendu en net repli ces prochaines années. Comme c’est déjà le cas, a-t-il insisté, aux Etats-Unis.
Pierre Manière
Gilles Pélisson, le PDG de TF1.
Gilles Pélisson, le PDG de TF1. (Crédits : Reuters)

Les excellents résultats 2021 de TF1, publiés en fin de semaine dernière, ont paradoxalement mis Gilles Pélisson dans une situation assez inconfortable. Pour le PDG du premier groupe privé français de télévision, il apparaît plus difficile de défendre son mariage avec M6 alors qu'il semble s'en sortir très bien tout seul... La commission d'enquête du Sénat sur la concentration des médias, qui l'auditionnait ce lundi après-midi, n'a évidemment pas manqué de le questionner à ce sujet.

Même si, aujourd'hui, la durée d'écoute de la télévision traditionnelle est menacée par l'essor des plateformes de vidéo à la demande (VOD) comme Netflix, le marché de la publicité linéaire, qui constitue l'écrasante majorité des recettes des chaînes, demeure stable, aux alentours de 3,3 milliards d'euros. Mais d'après Gilles Pélisson, cette situation ne va pas s'éterniser. Le PDG de TF1 considère que le marché de la publicité linéaire va subir peu ou prou le même sort qu'aux Etats-Unis. Au Pays de l'Oncle Sam, celui-ci « a commencé à décrocher » a-t-il indiqué, passant « en cinq ans de 64 à 58 milliards de dollars ». Cette baisse est consécutive au fort niveau de pénétration des champions de la SVOD, qui est de 83% contre 64% pour la France. Ce qui a mécaniquement provoqué une baisse de la durée d'écoute par individu de la télévision (DEI), laquelle est passée « de 4h36 à 2h36 entre 2011 et 2019 », a précisé le dirigeant.

« Notre modèle est fragilisé »

Le problème, selon lui, c'est que cette tendance va se poursuivre. « Aux Etats-Unis, les projections font état d'une baisse du marché de la publicité à 44 milliards lors des cinq prochaines années, a expliqué Gilles Pélisson. En clair, il aura perdu 20 milliards de dollars en dix ans. » Si cette tendance touche la France dans les mêmes proportions, « ce sont plusieurs centaines de millions d'euros qui vont disparaître dans les années à venir, a alerté le dirigeant. Voilà pourquoi notre modèle est fragilisé. C'est pour ça que nous sommes inquiets. »

Dans ce contexte, la fusion avec M6 constitue « une opportunité historique », a-t-il poursuivi. Il faut la saisir. » Elle permettra, selon lui, au groupe de disposer de davantage de moyens pour se développer plus fortement dans le streaming payant, afin de concurrencer, au moins dans l'Hexagone, les Netflix, Amazon Prime ou Disney Plus. Ce changement de modèle, Gilles Pélisson l'estime crucial. « On ne compte les sociétés qui ont cru qu'elles allaient s'en sortir alors qu'il y avait une bascule dans le digital, mais qui se sont réveillées trop tard », a-t-il souligné.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 15/02/2022 à 8:54
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Tout ces débats, toutes ces convocations pour au final adopter cette fusion sont peu compréhensibles, les médias n'appartiennent déjà qu'à quelques mains qu'elles soient deux en moins ne va pas changer grand chose en ce qui concerne le service offert...

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