Le groupe M6 est à vendre. Martin Bouygues (propriétaire de TF1) et Vincent Bolloré (Vivendi/Canal+) sont notamment très intéressés. Mais pas Patrick Drahi. Le Canard Enchaîné l'a affirmé fin mars. Selon nos informations, le magnat des télécoms et des médias, propriétaire via Altice de l'opérateur SFR, de BFMTV et de RMC n'a effectivement pas déposé d'offre. Interrogé par La Tribune, Altice ne fait pas de commentaire.
Pourquoi Patrick Drahi, si friand des médias ces dernières années, ne s'est-il pas positionné ? Selon nos informations, la réglementation française encadrant ce deal ne lui convient pas du tout. Pour rappel, la vieille loi de 1986 relative à la liberté de communication limite à 49% la part qu'une personne peut détenir dans le capital d'un service national de télévision dont l'audience moyenne annuelle dépasse 8% de l'audience totale des services de télévision.
Cession de titres
Cette loi concerne directement les deux cadors du petit écran, à savoir TF1, dont Bouygues ne possède « que » 44%, et le groupe M6, propriété à 48,3% de RTL Group, qui appartient lui-même à l'allemand Bertelsmann. Or Patrick Drahi n'aime pas posséder ses actifs à moitié. La perspective d'être limité à 49% du capital l'aurait convaincu de jeter l'éponge. Dans sa logique, voir 51% de la valeur éventuelle créée par un de ses actifs lui échapper lui déplaît profondément. En outre, un rachat du groupe M6, qui comprend RTL, l'obligerait à procéder à des cessions côté radios, toujours pour rester dans les clous de la réglementation.
Cela dit, cela fait plusieurs années, maintenant, que Patrick Drahi a levé le pied sur le front des acquisitions dans les médias. Depuis la fin 2017 et une gifle boursière liée aux difficultés et errements stratégiques de SFR, le milliardaire s'est reconcentré sur son cœur de métier, les télécoms, et au désendettement du groupe. Lui qui avait coup sur coup racheté Libération, L'Express, le groupe NextRadioTV (BFMTV et RMC), tout en cassant la tirelire pour les droits du foot (et en particulier ceux de la prestigieuse Ligue des champions) a cessé sortir le chéquier. Il s'est même séparé de plusieurs titres. Libération a ainsi été placé dans un fonds de dotation. L'Express, lui, a été vendu à 51% à Alain Weill, l'actuel PDG d'Altice France, et fondateur de NextRadioTV.
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