Mounir Mahjoubi, futur ministre du numérique d’Emmanuel Macron ?

L’ancien président du Conseil national du numérique (CNNum) a rejoint Emmanuel Macron dès le mois de janvier, pour devenir le directeur de sa campagne numérique. Propulsé devant les médias depuis la victoire, le candidat aux législatives dans le XIXè arrondissement de Paris cumule de nombreux atouts pour devenir le prochain ministre du Numérique.
Sylvain Rolland
Mounir Mahjoubi, 33 ans, multiplie les apparitions dans les médias depuis l'élection pour parler du programme numérique d'Emmanuel Macron.

Qui sera le ministre du Numérique d'Emmanuel Macron ? Parmi les prétendants potentiels, un nom se détache dans l'écosystème et jusque dans les couloirs de Bercy : Mounir Mahjoubi. Âge de 33 ans, l'ancien président du Conseil national du numérique (CNNum) présente de nombreux atouts pour le poste.

Un expert aligné sur le programme numérique d'Emmanuel Macron

Tout d'abord, Mounir Mahjoubi est un expert du numérique. Entrepreneur, il a cofondé plusieurs startups : FairSense, un site e-commerce de stickers décoratifs qui a fait faillite un an après sa création (2006-2007), le célèbre réseau d'achat en direct aux producteurs locaux La Ruche Qui Dit Oui (2010) et, en août dernier, le studio d'innovation French Bureau. Il a également co-fondé Le Bridge, une initiative pour connecter les entrepreneurs et investisseurs européens (2011-2012) ainsi que l'agence digitale Mounir & Simon, qu'il a dirigée de 2009 à 2012.

Au Conseil National du numérique (CNNum), qu'il a présidé de février 2016 à janvier 2017, le diplômé de Sciences Po Paris a porté des sujets qui se retrouvent au cœur du programme numérique d'Emmanuel Macron : la transformation numérique des PME/TPE, l'inclusion numérique et la nécessité d'une Europe du numérique.

Interrogé sur France Inter le 11 mai sur les cyberattaques dont En Marche! a été victime pendant la campagne, Mounir Mahjoubi en a profité pour réaffirmer les « trois piliers » du programme numérique d'Emmanuel Macron : le « numérique inclusif » autour de la transformation digitale des PME/TPE et de l'accès à internet des populations les plus fragiles, le développement de l'économie numérique (droit à l'expérimentation pour les startups, mesures fiscales pour faciliter l'investissement...) et la numérisation des services de l'Etat. Des sujets sur lesquels il est légitime.

Un nouveau visage issu de la société civile

Autre atout : Mounir Mahjoubi représente parfaitement le renouvellement générationnel cher à Emmanuel Macron. « Soyez prêts à voir de nouveaux visages », a-t-il d'ailleurs glissé sur France 24 le soir de l'élection de son mentor. Plutôt discret jusqu'à présent, le trentenaire est partout dans les médias depuis le 7 mai. A la fois pour incarner ce renouvellement et pour se faire connaître dans le cadre des élections législatives. Il se présente dans le XIXè arrondissement de Paris, face à un ténor socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, affaibli par le score du PS à la présidentielle.

Issu de la société civile, Mounir Mahjoubi est également un symbole de l'ascenseur social -il a grandi dans une famille ouvrière - et de la France multiculturelle - ses parents sont d'origine marocaine. Un signal fort s'il venait à être nommé au gouvernement.

Pas un novice en politique

Enfin, le geek entrepreneur présente la grande qualité de ne pas être un novice en politique... sans en avoir fait non plus son fonds de commerce. L'ancien délégué syndical chez Club Internet (un job d'étudiant) a adhéré au PS à 18 ans. Il a ensuite contribué activement aux campagnes présidentielles de Ségolène Royal en 2007 (en créant la « Ségosphère ») et de François Hollande en 2012. Mais il a par la suite pris ses distances avec le parti. En réalité, son positionnement politique colle parfaitement à la « ligne Macron », notamment dans le numérique, à savoir un centrisme teinté de social, autant attaché à la modernisation de l'économie et à la simplification fiscale, qu'à la justice sociale et à l'égalité des chances.

« Comme entrepreneur, j'ai souhaité qu'il soit plus facile de recruter quelqu'un. Mais je suis aussi né dans une famille pauvre. Au PS, je n'ai jamais trouvé la résonance entrepreneuriale. A droite, l'impôt est vu comme quelque chose de punitif. En Marche! était le mouvement parfait pour moi, pour ce que je veux dans la vie », a-t-il confié à Libération le 7 mai dernier.

S'il ne fait pas partie du « premier cercle » autour d'Emmanuel Macron, il a toutefois rejoint le mouvement bien avant la valse des ralliements de dernière minute, dès le mois de janvier, et a travaillé sur le projet. « Il serait logique que les enjeux d'avenir du numérique soient portés par une personne qui incarne ce renouvellement », estime une source à La Tribune.

De nombreuses autres options, un choix très politique

Si le nom de Mounir Mahjoubi fait sens pour toutes ces raisons, de nombreuses incertitudes subsistent. Tout d'abord, Emmanuel Macron dispose de beaucoup d'options pour le poste. Parmi ses soutiens officiels et officieux figurent nombre d'entrepreneurs et de spécialistes du numérique, ce qui lui offre un grand vivier de talents à piocher dans la société civile. Le nouveau président de la République pourrait aussi faire appel à des personnalités à l'expérience reconnue, à l'image de Sébastien Soriano (président de l'Arcep), Henri Verdier (directeur d'Etalab), Didier Casas (ex de Bouygues Télécom et soutien officiel de Macron), voire Antoine Darodes (directeur de l'Agence du numérique).

Sans compter les parlementaires. Le numérique étant l'un des sujets les moins polémiques entre la gauche et la droite, Macron pourrait pratiquer l'ouverture en sollicitant les hamonistes Gaëtan Gorce ou Christian Paul (PS), le député LR Lionel Tardy ou encore la députée LR Laure de la Raudière, qui a écrit plusieurs rapports de référence avec Corinne Erhel, pilier de Macron à l'Assemblée nationale mais décédée le 5 mai dernier. L'exigence de parité pourrait également jouer un rôle dans le choix d'Emmanuel Macron. Enfin, Mounir Mahjoubi pourrait aussi devoir attendre les élections législatives de juin avant de se voir confier un poste.

Un périmètre à réinventer

Ensuite et surtout, le choix du titulaire dépendra du périmètre du poste. Dans son programme, Emmanuel Macron indique que le numérique doit s'immiscer dans chaque pan de l'action publique, qu'il doit devenir un sujet transversal et non plus sectoriel. Dans cette logique, il paraît donc impensable de recréer un simple secrétariat d'Etat relégué aux tréfonds de l'ordre protocolaire, comme ce fut le cas sous François Hollande avec Fleur Pellerin, Axelle Lemaire et Christophe Sirugue. La question d'un ministère de plein exercice se pose. A moins de créer carrément un vice-premier ministre de la transition numérique. Selon nos informations, cette dernière option a bel et bien été considérée avec attention par l'équipe d'Emmanuel Macron, qui en a pesé "le pour et le contre".

Une chose est sûre : les chances d'Axelle Lemaire de reprendre son poste sont proches de 0. Pourtant très appréciée par l'écosystème du numérique et incarnant elle aussi le renouvellement du personnel politique, l'ancienne secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation n'a jamais caché ses relations houleuses avec Emmanuel Macron lorsqu'il était son ministre de tutelle à Bercy. Pour ne rien arranger, elle faisait partie de l'équipe politique de Benoît Hamon, et s'est déclarée sur Twitter « pas candidate au poste ».

Sylvain Rolland

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Commentaires 9
à écrit le 13/05/2017 à 14:08
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Un acteur du numérique qui a fait science po paris ...tout un programme ... Avec ce genre d'articles, je vais finir par MOUNIR de rire ... :) Sérieusement , on a eu 4 licornes françaises récentes : criteo , talend , blablacar, docker... . A j'oubli...

à écrit le 13/05/2017 à 9:35
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Bof ...pas très impressionnant tout ça.

à écrit le 13/05/2017 à 2:26
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plus d'esbrouffe que de maîtrise ce papillonnant prétendu Mr Numéric ! déjà une LJ : un signe ? il semble bien que ce nouveau parti soit multiculturel et surtout multicultuel... une bonne chose, peut-être

à écrit le 12/05/2017 à 15:41
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Un ministre pour le numérique, pourquoi faire ? Il y a 17 ministres dans le gouvernement Trump + 7 conseillers. Aucun ne s'occupe directement du numérique. Notre nouveau Président a dit qu'il y aurait 15 ministres; il n'a pas mentionné les secréta...

à écrit le 12/05/2017 à 14:34
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Rien que de savoir que c'est un socialiste reconverti soulève en moi des soupçons, mais bon, il faudra voir d'ici très peu :-)

à écrit le 12/05/2017 à 11:29
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Avec 15 ministres, j'espère qu'un champ thématique tel que le numérique, qui en fait irradie partout dans l'activité économique, n'aura pas un ministère en tant que tel. On ne fait pas du numérique pour le numérique. Le numérique pour la pêche n'est ...

à écrit le 12/05/2017 à 10:44
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Ce Monsieur a certainement bien des qualités, mais un gars de Sciences Pipo au numérique, c'est une blague...

le 12/05/2017 à 13:40
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Complètement d'accord avec vous. Un entrepreneur pourquoi pas, mais avec un minimum de compétences dans le numérique.

à écrit le 12/05/2017 à 9:35
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En prenant M Bayrou comme acolyte, j'étais persuadé de l'assurance de notre Président M Macron, à savoir qu'il avait déjà regardé le filme "L'emmerdeur" avec Lino Ventura et Jacques Brel. Sinon il faut absolument qu'il le regarde rapidement.

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