La pandémie a donné un coup d'accélérateur sans précédent au numérique : téléconsultations médicales, télétravail, e-commerce, école à distance... Si la crise sanitaire a démontré le potentiel de la transformation digitale, elle a aussi mis en lumière de façon criante les inégalités d'accès et d'utilisation du numérique. Environ 13 millions de Français ne savent pas utiliser ou n'ont pas accès à Internet.
Pour tenter d'y remédier, sept territoires ont annoncé ce mardi 16 février le lancement d'expérimentations locales, baptisées "Coordination territoriale de l'inclusion numérique" (CTIN). Le but : former les citoyens aux usages quotidiens du numérique. Cela s'inscrit dans le cadre du plan de relance, pour lequel le gouvernement a budgété en novembre dernier une enveloppe de 250 millions d'euros dédiée à l'inclusion numérique.
Recruter des conseillers numériques
Ces sept territoires (Lyon, Strasbourg, Lille, La Rochelle, l'intercommunalité Sicoval - Sud-Est Toulousain - ainsi que les départements de la Haute-Garonne et du Rhône) vont donc tenter de structurer leurs actions en faveur de l'inclusion numérique via les CTIN.
Première étape : recruter les fameux "conseillers numériques". Ces conseillers numériques ont pour mission de proposer des permanences, des mini-formations, ou encore organiser des ateliers pour former les personnes à utiliser le numérique au quotidien : faire son CV en ligne, vérifier les sources d'information, savoir vendre et acheter sur Internet, protéger ses données personnelles, maîtriser les réseaux sociaux...
"Sur les 13 millions de personnes souffrant d'illectronisme en France, nous estimons que la moitié peut probablement être formée. Mais il ne s'agit pas d'un simple stock qui s'épuise au fur et à mesure que nous formons, il s'agit d'un flux. C'est pourquoi nous avons besoin de plus de médiateurs numériques sur le long terme", affirme ce mardi Cédric O, secrétaire d'Etat en charge du numérique.
Mise en commun des aides financières entre territoires
Dans le cadre du plan de relance, le gouvernement a annoncé vouloir former et financer les salaires de 4.000 conseillers numériques. Les CTIN ont déjà signé des accords de principe avec le gouvernement, qui doit réserver leur 185 conseillers numériques pour un montant total de 9,25 millions d'euros : 60 conseillers numériques pour la Haute-Garonne et le Sicoval, 50 pour la métropole de Lyon, 32 pour Lille, 20 pour Strasbourg, 15 pour le Rhône et 8 à la Rochelle.
Pour coordonner leur stratégie de formation au numérique, les territoires misent donc sur les CTIN. Encore trop souvent, les actions locales en faveur de l'inclusion numérique sont éclatées, et donc, méconnues du public-cible. Cette multiplication des initiatives publiques nuit donc à la lisibilité des dispositifs mis en œuvre. C'est d'ailleurs ce que dénonçait le Sénat dans un rapport consacré au sujet en septembre dernier.
Par exemple, les conseillers numériques peuvent être déployés dans une variété de lieux de proximité, comme les mairies, les bibliothèques, les maisons de retraite et Ehpad, ou encore les centres d'action sociale et les associations. "Pour l'ensemble de ces structures locales, il est parfois difficile de réussir à se parler et de se coordonner. D'où le besoin d'expérimentations avec les CTIN", précise Cédric O.
Concrètement, les CTIN vont permettre "d'instaurer une gouvernance locale pour pouvoir rassembler les acteurs institutionnels, les acteurs privés, les associations et les représentants des bénéficiaires dans le cadre d'un comité stratégique pour élaborer un plan d'actions communes", explique Céline Colluci, déléguée générale des Interconnectés, association d'élus qui soutien le projet. Les CTIN permettront également une "mise en commun des moyens financiers", souligne-t-elle.
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