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Préparer la transformation numérique des Etats post-Covid. C'est le message adressé ce vendredi par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) avec la publication de son étude "Perspectives de l'économie numérique de l'OCDE 2020", qui dresse un état des lieux complet de la transformation numérique des pays.
Explosion du trafic sur Internet
Premier constat évident : "le trafic Internet dans certains pays a augmenté jusqu'à 60% peu après l'épidémie", alors que 1,3 milliard de citoyens de pays de l'OCDE ont été amenés à se confiner à leur domicile. Cette accélération sans précédent du numérique a donc permis de créer de nombreuses opportunités : télétravail massif, école à distance, commerce en ligne... Mais elle a aussi souligné des préoccupations pré-existantes - préserver sa vie privée en ligne, lutter contre les cybercriminels - et renforcé de nouvelles fractures importantes, notamment en terme d'accès à Internet.
Par exemple, dans la zone OCDE qui compte 37 pays, la part de la fibre dans les abonnements au haut débit fixe atteint 82% en Corée et 79% au Japon, contre 20% en France, et moins de 5% en Allemagne et au Royaume-Uni... Et le très haut débit reste souvent trop rare en zone rurale. Conséquence : l'OCDE appelle les Etats à prendre en compte ces inégalités dans le cadre de leur politique de relance.
Post-covid, une "étape charnière" pour la transformation numérique
"Les technologies ont aidé nos économies et nos sociétés à éviter un arrêt complet pendant la crise du Covid-19, et nous ont permis d'en savoir plus sur le virus, d'accélérer la recherche d'un vaccin et de suivre l'évolution de la pandémie", a déclaré en guise de préambule le Secrétaire général adjoint de l'OCDE, Ulrik Vestergaard Knudsen, lors d'une visioconférence. Et de poursuivre :
"Mais la crise a également renforcé notre dépendance à l'égard des technologies et révélé au grand jour les disparités numériques entre les pays et en leur sein, a-t-il souligné. Nous arrivons à une étape charnière de la transformation numérique, et le visage de nos économies et de nos sociétés post-Covid dépendra des progrès que nous parviendrons à réaliser et de notre capacité à réduire les clivages."
L'OCDE s'inquiète ainsi des inégalités d'accès et de maîtrise du numérique au regard de l'âge et du niveau socio-professionnel des citoyens. "Bien que 58% des personnes âgées de 50 à 74 ans aient utilisé Internet quotidiennement en 2019 - contre seulement 30 % en 2010 -, cette proportion reste bien inférieure à la moyenne des utilisateurs quotidiens d'Internet âgés de 16 à 24 ans (les "digital natives"), qui était proche de 95 %", chiffre l'étude. Et de poursuivre : "On observe également des déficits de compétences persistants au sein des pays - les personnes ayant des niveaux de compétences ou de revenus plus élevés utilisant mieux Internet" et donc, sont plus à même de décrocher des emplois.
Les Etats appelés à se doter d'une stratégique numérique nationale
En clair, si les Etats n'agissent pas rapidement sur l'amélioration des compétences numériques des citoyens dans le cadre de la relance, alors cela pourrait "avoir des conséquences importantes sur la productivité des entreprises", selon l'OCDE. Etant donné que la pandémie continue d'accélérer la numérisation, cela "pourrait exacerber l'écart de productivité entre les adeptes du numérique et les retardataires."
D'où la nécessité d'avoir une véritable stratégie numérique d'envergure à l'échelle de chaque Etat, insiste l'étude. Actuellement, 34 des 37 pays de l'OCDE disposent déjà de dispositifs dédiés, mais ils restent encore trop parcellaires et ciblés : intelligence artificielle, blockchain, 5G... Insuffisant, selon Andrew Wyckoff, directeur de la Direction de la science, de la technologie et de l'innovation à l'OCDE.
"Les pays et les gouvernements sont encore en train de chercher des réponses à la crise pour s'adapter à ce nouvel environnement. Mais le numérique a impacté tous les secteurs et a modifié la façon dont nous vivons, estime-t-il. C'est pourquoi les gouvernements doivent sortir des stratégies avec des champs d'application réduits pour privilégier une approche globale coordonnée à l'échelle nationale."
Connectivité, emploi, concurrence... Les 7 piliers prioritaires de l'OCDE
L'OCDE a donc dévoilé un cadre afin d'aiguiller les pays dans l'élaboration de leurs politiques en la matière. L'organisation a identifié 7 piliers essentiels. Premièrement, l'accès à Internet, où l'OCDE identifie comme prioritaire la lutte contre les disparités en la matière entre les zones rurales et urbaines. Ensuite, les usages du numérique. L'organisation appelle à former massivement les citoyens pour qu'ils soient aptes à travailler dans un monde de plus en plus numérique, et qu'ils favorisent l'adoption des nouvelles technologies dans les PME.
Pour le troisième pilier qu'est l'innovation, l'OCDE appelle à "stimuler l'entrepreneuriat (...) et inciter à l'investissement dans la recherche et le développement". Alors que les échanges sont appelés à être de plus en plus numériques, il apparaît nécessaire de renforcer la confiance dans les nouvelles technologies, selon l'étude. "La plupart des pays de l'OCDE ont adopté des stratégies de sécurité numérique à l'échelle de l'administration, mais elles manquent souvent d'un budget autonome, et ne sont pas intégrés à l'ensemble des plans numériques nationaux", regrette l'OCDE.
Sur le volet de l'emploi, l'OCDE appelle les gouvernements à "porter un nouveau regard sur les structures et les réglementations du marché du travail", alors que les pays sont confrontés à une vague massive de licenciements due à la pandémie et que "l'automatisation continue de se répandre". Pour le volet sociétal, "une attention particulière est nécessaire pour soutenir le bien-être des citoyens", alors qu'ils passent de plus en plus de temps en ligne : lutte contre désinformation en ligne, l'addiction aux écrans...
Enfin, les Etats doivent réguler pour permettre une meilleure concurrence. "La crise du Covid-19 a suscité des inquiétudes quant à la consolidation du marché, car les startups et les PME luttent pour rester à flot, alors que les grandes entreprises technologiques exercent une influence croissante sur nos vies numériques", souligne l'OCDE.
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