Podcasts payants, directs : Spotify accélère sur l'audio pour semer la concurrence

Le leader mondial du streaming audio, qui n'a jamais été rentable sur une année entière, a présenté ce mercredi un bénéfice net de 23 millions d'euros pour le trimestre écoulé. Pour accélérer sa croissance, le géant suédois mise sur les formats audio non-musicaux. Déjà acteur sur le marché des podcasts depuis trois ans, la plateforme veut désormais se lancer dans les émissions en direct.
Anaïs Cherif
Spotify, qui proposait jusqu'ici uniquement de l'audio à la demande, cherche aussi à se positionner sur le marché du direct. Il s'inspire ainsi du succès fulgurant de Clubhouse, réseau social lancé il y a un an.
Spotify, qui proposait jusqu'ici uniquement de l'audio à la demande, cherche aussi à se positionner sur le marché du direct. Il s'inspire ainsi du succès fulgurant de Clubhouse, réseau social lancé il y a un an. (Crédits : BRENDAN MCDERMID)

L'audio à la demande ne se limite plus exclusivement à la musique. C'est le message martelé ce mercredi par Daniel Ek, patron de Spotify, lors d'un échange téléphonique avec les analystes suite à la publication des résultats trimestriels.

"Nous sommes en train de transformer Spotify - d'un simple service de musique à une plateforme audio complète", a revendiqué le Pdg.

Et de poursuivre : "2020 a été une année très riche pour Spotify, et je suis confiant en l'avenir", car le groupe a connu une forte augmentation de son nombre d'abonnés depuis un an dû à la pandémie, les gens étant confinés chez eux en raison des restrictions sanitaires.

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158 millions d'abonnés dans le monde

Le numéro un mondial du streaming musical a dévoilé un rare bénéfice net au premier trimestre de 23 millions d'euros, contre une perte de 145 millions un an plus tôt. Pour le géant suédois, qui n'a jamais être rentable sur une année entière, il s'agit seulement de son cinquième trimestre dans le vert depuis son entrée en Bourse en 2018.

En hausse de 16% sur un an, le chiffre d'affaires s'établit à 2,15 milliards d'euros. Il s'explique par une bonne performance de la publicité, qui a généré 216 millions d'euros au cours du trimestre (+46% sur un an), couplé à une hausse des abonnements.

Fin mars, la plateforme séduisait un total de 356 millions d'utilisateurs dans le monde (+24% sur un an), dont 158 millions d'abonnés et 208 millions de comptes gratuits mais avec publicité. Des chiffres se situant dans la fourchette haute des prévisions du groupe et proche des attentes des analystes.

Cette performance s'explique notamment par le lancement de Spotify en février dans 80 nouveaux marchés, dont des pays très peuplés comme le Nigeria, le Pakistan ou le Bangladesh. La plateforme est désormais disponible dans 178 pays dans le monde.

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Hausse du prix des abonnements

Si Spotify attire toujours plus d'abonnés, ces derniers lui rapportent un peu moins. Le revenu moyen par abonné était de 4,12 euros au cours du premier trimestre (-7% sur un an). En cause : le développement des offres groupées, comme "Duo" ou "Famille", permettant d'accéder jusqu'à six comptes simultanément. En France, ces offres sont respectivement proposées à 12,99 et 15,99 euros par mois, contre 9,99 euros mensuels pour un compte "standard".

C'est pourquoi le leader mondial a annoncé cette semaine une hausse des tarifs pour ses abonnements premium sur plus de 30 marchés - la France étant exclue de ces hausse. "Les premiers résultats n'ont pas montré d'impact significatif sur [l'afflux de nouveaux abonnés] ou les demandes de résiliation", peut-on lire dans la lettre aux investisseurs.

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Miser sur les podcasts payants

Pour accélérer sa croissance, le leader mondial veut continuer de se développer dans les formats audio non-musicaux. Lancé en 2006, il est passé à l'offensive sur les podcasts - ces formats en pleine ébullition - depuis 2019. L'idée : se diversifier pour augmenter ses marges et attirer toujours plus d'utilisateurs. Le paiement des royalties aux ayants droit est le premier poste de dépenses pour les plateformes de streaming audio. Devenir moins dépendant de la musique permet aux entreprises d'avoir légèrement plus de marge de manœuvre lors des renégociations de licences avec les grandes majors de l'industrie musicale.

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Après avoir acquis des studios de productions de podcasts à tour de bras ces dernières années, Spotify revendique désormais 2,6 millions de podcasts sur sa plateforme - contre seulement 185.000 début 2019. Le géant suédois a annoncé mardi une phase de tests afin de proposer des podcasts payants.

Concrètement, chaque podcast pourra mettre en place un abonnement supplémentaire pour donner accès à du contenu exclusif, le plus souvent en complément d'une partie de ses programmes accessibles gratuitement. Durant les deux premières années, Spotify ne prélèvera aucune commission sur les montants payés par les abonnés. Mais à partir de 2023, une commission de 5% sera instaurée.

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Proposer du direct, un nouveau pari

Spotify, qui proposait jusqu'ici uniquement de l'audio à la demande, cherche aussi à se positionner sur le marché du direct. Il s'inspire ainsi du succès fulgurant de Clubhouse, réseau social lancé il y a un an. Cette pépite américaine propose des "salons" virtuels permettant de participer en direct à des conférences avec des personnalités publiques ou des discussions audio à plusieurs internautes.

"Toutes les grandes plateformes vont se lancer sur le secteur de l'audio en direct", a affirmé Daniel Ek. "Je le pense comme un nouveau format. Prenons l'exemple des stories (ndlr : format développé initialement par le réseau social Snapchat), qui existe aujourd'hui sur une variété de plateformes : Spotify, Instagram, Messenger...", laissant sous-entendre qu'il y avait de la place pour la concurrence.

Fin mars, Spotify a annoncé l'acquisition de Betty Labs, entreprise spécialiste des "salons audio" en direct, pour un montant non dévoilé. "Cette acquisition s'inscrit dans le cadre de notre travail de création des "futurs formats audio" et accélérera l'entrée de Spotify dans le domaine de l'audio en direct", explique le groupe dans sa lettre aux investisseurs.

L'entreprise suédoise souhaite proposer "une gamme de programmes sportifs, musicaux et culturels, ainsi qu'un grand nombre de fonctions interactives qui permettront aux créateurs d'entrer en contact avec le public en temps réel." L'idée : permettre aux "athlètes professionnels, aux écrivains, aux musiciens, aux auteurs-compositeurs, aux podcasteurs et à d'autres voix mondiales la possibilité d'animer des discussions en temps réel, des débats, des sessions "ask me anything" (en français, demandez moi n'importe quoi)."

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Anaïs Cherif

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