Immobile et immuable. Depuis une dizaine d'années, le marché de la téléphonie mobile avait peu évolué, un oligopole de trois acteurs se partageant partagé un marché en plein boom et ses marges confortables. Mais Xavier Niel, le fondateur de Free, avait promis le même bouleversement dans la téléphonie que dans l'ADSL, qu'il avait révolutionné en lançant en 2002 le forfait triple play à 29,99 euros obligeant tous les opérateurs à s'aligner.
Le 10 janvier dernier, il tient parole. Les tarifs sont au dessus des espérances des consommateurs, en même temps qu'ils désespèrent les opérateurs. Les forfaits tout compris à 19,99 euros, ou à 2 euros pour une heure de communication sont une véritable bombe psychologique... Les tarifs balayent 10 années d'argumentaires instillés par les opérateurs, qui n'ont eu de cesse de justifier des tarifs élevés. Du côté des clients, c'est la ruée. En deux mois, 2,2 millions de personnes, selon les calculs de Bouygues Télécom, cèdent aux sirènes du trublion du marché. Revers de la médaille, Free se montre incapable d'assurer la qualité de service promise. Les clients se plaignent d'interruption de réseaux, de problèmes auxquels ne les ont pas habitué les opérateurs historiques. Orange, avec lequel il a passé un contrat d'itinérance, menace de couper le service. Peu importe.
Malgré les toussotements du départ, les trois opérateurs historiques ont compris que les beaux jours étaient finis et que l'heure était aux économies. Première victime de ce bouleversement, Frank Esser, PDG de SFR depuis 10 ans. Il a cédé le 26 mars avec effet immédiat sa place à Jean-Bernard Lévy, qui conserve son poste de président du directoire de Vivendi, la maison-mèconfirmant une information des Echos. L'objectif : rassurer l'extérieur autant que des équipes déboussolées. Et bien sûr mener à bien les économies nécessaires, comme cela a déjà été suggéré lors de la présentation des résultats annuels. Ce n'est qu'un début. Bouygues Télécom va également réaliser 300 millions d'euros d'économies. Mais les plus touchés sont actuellement les opérateurs mobiles virtuels (MVNO) qui ont d'ores et déjà perdu beaucoup de clients.
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