Soulagement chez Alcatel-Lucent et ses investisseurs. L'action de l'équipementier télécoms français s'offre vendredi la plus forte hausse du CAC 40, indice qu'elle quittera le 24 décembre prochain : un rebond de plus de 10% à 0,94 euro, loin de ses plus hauts de l'année, flirtant avec les 2 euros en février. Alcatel-Lucent a annoncé vendredi matin un accord d'engagements avec Credit suisse et Goldman Sachs sur des facilités de crédit d'un montant global de 1,615 milliard d'euros. Ce financement servira à rééchelonner sa dette : c'est une bouffée d'oxygène alors que le groupe, en trésorerie nette négative au troisième trimestre après avoir consommé plus de 320 millions de cash en neuf mois, fait face à des échéances de plus de 2 milliards d'euros au cours des trois années à venir.
Soit un montant équivalent à sa capitalisation boursière actuelle
Les brevets des Bell Labs en garantie, pour l'instant...
Le montant est supérieur aux attentes des analystes qui tablaient plutôt sur 1 milliard de financement. Ces facilités de crédit, libellées en dollars et en euros, devraient être garanties entre autre par le portefeuille de propriété intellectuelle d'Alcatel-Lucent, qui détient 29.000 brevets, provenant en particulier des légendaires Bell Labs, « un trésor » selon le directeur général Ben Verwaayen. Ce qui peut sembler paradoxal alors que le groupe cherche à monétiser ses brevets, en octroyant des licences ou en les cédant. Toutefois, cette solution ne serait pas abandonnée. Une piste poussée par les pouvoirs publics, très attentifs à ce que le groupe ne prenne « pas de décisions risquant d'hypothéquer son avenir », serait la cession de ces brevets à un « consortium de valorisation » pour faire rentrer du cash, une co-entreprise dont Alcatel-Lucent serait actionnaire avec d'autres acteurs pas forcément franco-français et pourquoi pas américains (Google ou Microsoft ?), selon une source bien informée.
Rôle du FSI en cas de cessions ?
Le patron d'Alcatel-Lucent précise dans un communiqué que le groupe va « profiter de la flexibilité résultant de ce nouveau financement pour étudier activement toutes les options qui pourraient conduire à consolider durablement notre rentabilité, renforcer notre positionnement stratégique et améliorer notre bilan financier. » L'équipementier télécoms envisage en effet « la sortie ou la restructuration de contrats de services gérés et de marchés géographiques non rentables » et la cession d'actifs non stratégiques, par exemple les matériels pour entreprises, voire les câbles sous-marins. L'Etat pourrait d'ailleurs jouer un rôle, par exemple via le FSI en tant qu'investisseur minoritaire au côté d'un repreneur « offrant de bonnes garanties », comprendre si possible pas un équipementier chinois comme Huawei...
Cinquième plan social depuis la fusion avec Lucent
Ces financements donneront au groupe « une plus grande flexibilité pour atteindre les objectifs du Programme Performance annoncé précédemment, y compris l'objectif de réduction des coûts de 1,25 milliard d'euros. » Dans le cadre de ce plan, Alcatel-Lucent va supprimer 5.490 emplois dans le monde, dont 1.430 en France. Plusieurs centaines de salariés ont fait grève et manifesté jeudi à Vélizy à l'occasion du comité central d'entreprise d'Alcatel-Lucent France contre « ce cinquième plan de suppressions d'emplois depuis la fusion avec Lucent. »
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