Après des mois de polémiques sur d'éventuels risques pour la santé de la 5G, dont le déploiement a débuté dans l'Hexagone, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rendu, ce mardi, un rapport très attendu. Ses travaux, commandés par le gouvernement, concluent à l'absence de « risques nouveaux » de la nouvelle génération de communication mobile pour la santé. « Nous n'avons pas trouvé d'élément d'alerte qui justifierait une évolution de la feuille de route [de l'arrivée de la 5G en France, Ndlr] », souligne Matthieu Schuler, le directeur général délégué du pôle « Sciences pour l'expertise » de l'Anses.
Toutes les fréquences utilisées pour la 5G ont fait l'objet d'analyses séparées. Il y a d'abord la bande allant de 700 MHz à 2,1 GHz. Ces fréquences sont globalement, aujourd'hui, les plus utilisées par les opérateurs télécoms. Elles ont l'avantage de porter loin, et donc de permettre une large couverture du territoire. Ces fréquences « basses » sont bien connues de l'Anses, puisqu'elles sont - ou ont été - utilisées pour fournir de la 2G, de la 3G ou de la 4G. Elles ont la particularité de pénétrer le corps humain profondément, de plusieurs centimètres, et « entrent en interaction avec la plupart des organes », souligne l'agence sanitaire. Dans son rapport, l'Anses affirme qu'il n'y a « pas de mise en évidence de lien de causalité entre l'exposition aux champs électromagnétiques émis par les technologies mobiles et l'apparition d'effets sanitaires ». Elle précise qu'avec la 5G, le niveau d'exposition aux ondes devrait être similaire avec les générations de communication mobile précédentes.
Des interrogations sur la bande des 26 GHz
Les interrogations portaient surtout sur les fréquences 3,5 GHz. Il s'agit de la bande « cœur » de la 5G, celle qui doit, notamment, offrir une forte augmentation des débits. Ces fréquences ont été attribuées à Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, lesquels déploient de nouvelles antennes, surtout dans les grandes villes. Ces fréquences « hautes » portent moins loin que les fréquences « basses ». Elles pénètrent le corps humain d'environ 1 centimètre. Le niveau d'exposition est aujourd'hui de l'ordre de 1,5 volt par mètre (V/m). Il pourrait grimper à 1,7 V/m selon certaines simulations. Mais ce niveau, souligne l'Anses, reste très en-dessous de la « valeur limite d'exposition », fixée à 36 V/m. L'agence sanitaire indique qu'elle manque de données et de recul pour être catégorique sur ces fréquences. Mais elle se montre très optimiste, jugeant « peu vraisemblable, à ce stade, que le déploiement de la 5G dans cette bande de fréquences constitue un nouveau risque pour la santé ».
En revanche, les fréquences 26 GHz, qui ne seront déployées que d'ici deux ou trois ans, posent question. Leur portée est très courte, jusqu'à 150 mètres. Mais elles offrent un débit encore plus grand, et permettent une quasi-immédiateté des communications. Il existe peu de travaux sur ces fréquences nouvelles, dont « l'exposition est limitée aux couches superficielles de la peau ou de l'œil », précise l'Anses. C'est pourquoi l'agence sanitaire se montre réservée, et appelle à mener des travaux complémentaires. « A l'heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires liés à l'exposition aux champs électromagnétiques » dans cette bande de fréquences, insiste-t-elle.
Le gouvernement bombe le torse
Après avoir été très critiqué pour avoir décidé du lancement de la 5G avant la publication de l'avis de l'Anses, le gouvernement bombe le torse. Secrétaire d'Etat en charge du numérique et des télécoms, Cédric O s'est félicité, sur Twitter, que le rapport « confirme l'absence d'impact sanitaire avéré de la bande 3,5 GHz », et « conforte » le choix de l'exécutif de n'avoir pas reporté l'arrivée de la 5G. Concernant les incertitudes liées à l'utilisation future des fréquences 26 GHz, le gouvernement affirme, dans un communiqué, sa volonté de « renforcer les efforts de recherche sur l'identification et l'analyse d'éventuels effets sanitaires liés à l'usage de ces ondes millimétriques par les réseaux de télécommunications ». De leur côté, les opérateurs devraient, désormais, pouvoir poursuivre le déploiement de la 5G plus facilement.
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