La 5G arrive progressivement dans l'Hexagone. Pour les entreprises, cette technologie s'avère prometteuse. Certains y voient un Graal pour développer les voitures autonomes, l'industrie 4.0, la robotique, la santé connectée, ou encore les « villes intelligentes » gérant mieux la circulation ou la consommation d'énergie... Aujourd'hui, la 5G n'apporte, pour l'essentiel, « que » davantage de débit. Mais d'ici deux ans ou trois ans, l'arrivée de nouveaux « cœurs de réseaux » (où transitent les communications) et de nouvelles fréquences (dites « millimétriques », dans la bande des 26 GHz), permettront à ce standard de fonctionner à plein régime. La 5G offrira alors une latence extrêmement faible, synonyme de quasi-immédiateté des communications. Elle permettra de gérer des myriades d'objets connectés. En outre, il sera possible de sécuriser certaines parties de la bande passante pour des usages critiques et prioritaires.
Comme tous les opérateurs, Orange mise sur de nouveaux usages et services pour rentabiliser la 5G qu'il déploie à coups de milliards d'euros. Aujourd'hui, l'opérateur historique multiplie les partenariats avec les grands industriels, comme Renault et Schneider Electric, pour développer le véhicule connecté ou l'usine du futur. Mais il compte également sur les startups, les PME et structures plus modestes pour apprivoiser au plus vite cette nouvelle technologie. C'est la raison pour laquelle le numéro un français des télécoms a lancé ce mercredi son programme « Orange Lab 5G ». Au total, neuf « Lab » vont voir le jour en 2021. Le navire-amiral vient d'ouvrir à Orange Gardens, le campus d'Orange dédié à l'innovation de Châtillon, en Ile-de-France. D'autres sites sont prévus à La Défense, Lille, Lyon, Marseille, Rennes et Toulouse. A l'étranger, Orange en ouvrira deux, à Bucarest et près du port d'Anvers, qui bénéficie d'une 5G dernier cri.
Des tests « en situation réelle »
Dans ces « Lab », les entreprises pourront « tester leurs produits et services sous un environnement 5G en avance de phase ou sur le réseau commercial, en situation réelle », précise Orange. A Orange Gardens, par exemple, elles bénéficient d'un réseau expérimental comprenant un « cœur » 5G et utilisant des fréquences millimétriques. Entrepreneurs et ingénieurs pourront accéder à un large éventail d'équipements - des modems, des routeurs, des terminaux, des lunettes à réalité augmenté ou casques de réalité virtuelle - pour tester leurs prototypes. Des experts d'Orange complètent le dispositif.
Sûr de sa stratégie de « co-innovation », l'opérateur met en lumière des collaborations réussies avec différentes startups. Orange a notamment travaillé avec la startup Iadys. Cette dernière a inventé un petit bateau-robot qui ramasse les déchets dans les ports. Avec Orange, ses équipes ont mis en place un système de pilotage à distance utilisant un smartphone et la 5G. « Avec la 4G, la latence était trop élevée et le robot était incontrôlable », affirme un cadre de Iadys.
La bataille des usages, une compétition mondiale
Pour encourager les startups à toquer à la porte de ses « Lab », Orange a choisi de rendre ses programmes gratuits. L'opérateur espère ainsi détecter des innovations prometteuses. Quitte, si possible, à y investir via Orange Ventures, son fonds d'investissement technologique. « Avec la 5G, l'important, ce sont les usages qui vont se développer », insiste Michaël Trabbia, le nouveau directeur de la technologie et de l'innovation d'Orange, soulignant que « c'est un domaine où l'Europe n'est pas toujours le plus en pointe ». Après avoir perdu la bataille des usages liés à la 4G pour le plus grand profit des géants américains du Net, le Vieux Continent va, il est vrai, devoir cravacher sur le front de la 5G pour ne pas se faire damer le pion par la Chine et les Etats-Unis.
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