Cybersécurité : Orange prépare une offre pour le grand public

Orange Cyberdefense compte lancer un service visant à protéger les particuliers dans un contexte d’explosion des cyberattaques. Celui-ci doit voir le jour dans le courant de l’année. Il doit permettre à Orange de se démarquer de ses concurrents alors que la compétition fait rage dans les télécoms françaises.
Pierre Manière
L’an dernier, Orange Cyberdefense a vu ses ventes croître de 14%, à près d'un milliard d'euros.
L’an dernier, Orange Cyberdefense a vu ses ventes croître de 14%, à près d'un milliard d'euros. (Crédits : Kacper Pempel)

Orange Cyberdefense a une place singulière chez Orange. Cette filiale de l'opérateur historique, qui a généré près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier et compte 2.700 collaborateurs en Europe, est un des leaders de la cybersécurité sur le Veux Continent. Elle constitue surtout un des très rares projets de diversification de l'opérateur historique à rentrer dans les plans de Christel Heydemann. La patronne d'Orange veut recentrer le groupe sur son cœur de métier, à savoir la connectivité, quitte à couper le cordon avec certaines activités, comme sa filiale de streaming OCS, récemment revendue à Canal+, et peut-être prochainement Orange Bank.

En revanche, pas question de se séparer d'Orange Cyberdefense. Cette branche est jugée stratégique par l'état-major de l'opérateur. Hugues Foulon, le patron d'Orange Cyberdefense, évoque la « complémentarité naturelle et évidente » de cette activité avec les services de connectivité d'Orange, dans un contexte d'essor fulgurant des cyberattaques. Après s'être spécialisé dans la protection des entreprises, Orange Cyberdefense prépare d'ailleurs une offre à destination du grand public. Interrogé à ce sujet, Hugues Foulon confirme que « c'est un sujet de 2023 ».

« Redonner de la valeur à la connectivité »

L'idée est de proposer aux clients d'Orange, dans l'Internet fixe ou dans le mobile, des solutions visant à les protéger des attaques informatiques en provenance, par exemple, de mails ou de SMS frauduleux. Pour l'heure, la direction d'Orange Cyberdefense en est encore au stade de la réflexion. « Pour qu'une telle offre fonctionne, il faut qu'elle soit pertinente - c'est-à-dire qu'elle réponde bien aux besoins des clients - et différenciante vis-à-vis des antivirus existants, lesquels ne sont pas toujours bien installés ni mis à jour », explique Hugues Foulon. Le dirigeant évoque aussi la possibilité que les abonnés puissent directement demander des conseils à des experts s'ils sont la cible de sollicitations potentiellement dangereuses.

Pour Orange, cette offre pourrait constituer un atout important pour se différencier alors que la compétition fait toujours rage avec SFR, Bouygues Telecom et Free, et que les préoccupations de cybersécurité vont, elles, crescendo« Cela permettrait redonner une certaine forme de valeur ajoutée à la connectivité, qui est, de manière générale, devenue une commodité », explique Hugues Foulon. Orange compte sur cette offre pour doper son chiffre d'affaires, bien sûr, mais aussi pour « diminuer le churn », c'est-à-dire la proportion d'abonnés qui filent à la concurrence, poursuit le dirigeant.

Une opportunité de business

Si Orange Cyberdefense prend le temps de peaufiner une telle offre, c'est parce que le marché grand public est très différent du marché professionnel auquel il est habitué. Alors que le groupe s'occupait principalement des grandes entreprises, il a fallu attendre 2022 pour qu'il lance une offre de cybersécurité pour les TPE et les PME. Souvent mal protégées, celles-ci sont de plus en plus victimes de « ransomware », ces attaques qui consistent à prendre en otage les données d'une société, et à les débloquer contre une importante somme d'argent.

L'essor des cyberattaques constitue, pour Orange, une importante opportunité de business. L'an dernier, Orange Cyberdefense a affiché une croissance de ses ventes de 14%, quand les principaux marchés européens ont crû de 9% à 10%. Hugues Foulon souhaite conserver ce rythme en 2023. Il ne s'interdit pas des acquisitions pour accélérer davantage dans un marché encore très éclaté, et en pleine consolidation. « Aujourd'hui, nous sommes leaders en France, en Belgique et en Suède, mais nous restons challengers en Angleterre, en Allemagne, et nous sommes absents en Espagne et en Italie, précise-t-il. Nous avons donc des champs de progrès importants dans les années qui viennent. » Bref, pas question de lésiner sur les moyens pour « construire », comme l'ambitionne Hugues Foulon, « le leader européen de la cybersécurité ».

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 14/03/2023 à 8:40
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On sent le chantage a l'horizon et l'on va devoir puiser dans notre porte-monnaie pour avoir le moindre service ! La dépendance va nous rendre fou ! ;-)

à écrit le 13/03/2023 à 18:54
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Faudrait déjà que la société soit capable de sa propre sécurité,avant de vendre de la poudre de perlinpimpim aux autres. Ils feront appel à l'état pour pondre une loi, obligeant les petites entreprises ou les particuliers de prendre un contrat de pr...

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