Fibre : l’Arcep se mobilise contre les malfaçons et épingle une filiale d'Altice (SFR)

Le régulateur des télécoms publie un plan d’action pour améliorer la qualité du déploiement de la fibre et les raccordements des abonnés. Ceux-ci se soldent encore trop souvent par des échecs, liés aux malfaçons de nombreux sous-traitants. En parallèle, l’institution lance une enquête sur les pratiques de XP Fibre (Altice/SFR), après avoir eu vent de nombreux problèmes sur son réseau.
Pierre Manière
Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep.
Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep. (Crédits : Reuters)

Les Français n'ont jamais été aussi nombreux à se convertir à la fibre. Il faut dire que cette technologie est de plus en plus accessible. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free s'activent pour l'apporter à la population. Leur double objectif : que tous les Français disposent d'un accès Internet à très haut débit d'ici à la fin de l'année prochaine, et avoir tiré la fibre sur tout le territoire d'ici à 2025. Aujourd'hui, environ 60% de la population peut bénéficier de cette technologie. Selon les dernier chiffres de l'Arcep, le régulateur des télécoms, l'Hexagone compte, à ce jour, quelque 12,4 millions d'abonnés à la fibre. Sur ce front, la France devance de très loin tous les pays européens.

Sous-traitants sous pression et mal payés

L'ennui, c'est que ce grand chantier de la fibre, largement soutenu par les pouvoirs publics, est menacé par des malfaçons. Le problème préoccupe l'Arcep comme le gouvernement depuis des mois. De nombreux sous-traitants des opérateurs, sous pression et mal payés, ne travaillent pas dans les règles de l'art.

Beaucoup effectuent leurs tâches à la va-vite, et sèment la pagaille dans les installations. Partout, des usagers se plaignent de raccordements mal effectués. A ce jour, un peu moins d'un raccordement sur cinq se solde par un échec.

Chasse aux « plats de nouilles »

L'Arcep souhaite, au plus vite, y mettre un terme. Dans un communiqué publié jeudi, l'institution dresse un constat accablant de la situation :

« Dans un contexte de forte croissance des déploiements et des abonnements, élus, opérateurs et utilisateurs alertent régulièrement le régulateur sur les difficultés rencontrées : utilisateurs débranchés au profit d'un nouvel abonné, dégradation des armoires de rue, déconnexions temporaires, difficultés de raccordement... »

L'institution a annoncé, ce même jour, un plan d'action afin de pousser les opérateurs et leurs sous-traitants à améliorer leurs pratiques. Elle égrène différentes initiatives pour assurer un meilleur contrôle des interventions sur les réseaux (via notamment un système de « comptes-rendus photo »), mais aussi du respect des processus (en limitant le nombre de sous-traitants). L'institution appelle également les opérateurs à remettre sans traîner « en conformité les infrastructures les plus dégradées ». Manière pudique d'évoquer l'état déplorable de certaines armoires de rue, parfois défoncées et dont les câbles partent dans tous les sens. Au point que les professionnels des télécoms les qualifient, non sans humour, de « plats de nouilles ».

La qualité du réseau de XP Fibre en question

L'Arcep ne s'arrête pas en si bon chemin. Le régulateur épingle par la même occasion XP Fibre sur ses pratiques et la qualité de ses réseaux. Cette filiale d'Altice, la maison-mère de SFR, déploie des infrastructures de fibre dans l'Hexagone. En dehors des grandes agglomérations, cette société doit permettre à d'autres opérateurs d'accéder à son réseau sous certaines conditions. Mais l'Arcep a eu vent de « plusieurs difficultés » à ce niveau.

« En particulier, l'Arcep a été alertée au sujet de pannes récurrentes sur les services fournis aux abonnés par les opérateurs commerciaux sur les réseaux exploités par XP fibre et de ses filiales, ainsi que d'importants délais de résolution des incidents, précise le gendarme des télécoms dans un communiqué. Ces signalements font notamment état de cas de pannes qui pourraient résulter du débranchement des lignes à l'occasion du raccordement d'un nouvel abonné. »

Le régulateur évoque aussi « des défauts importants dans la qualité de la réalisation des opérations de raccordement final ». De quoi pousser l'institution à ouvrir une enquête administrative à l'encontre de XP Fibre. Interrogée par Les Echos, Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep, estime que ces investigations pourraient déboucher sur une sanction. Il s'agit aussi, pour la cheffe de file de cette administration, d'affirmer qu'elle ne craint pas d'utiliser ce pouvoir, alors que l'institution fait l'objet de certaines critiques.

Pierre Manière

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Commentaires 5
à écrit le 26/11/2021 à 19:29
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Les tarifs de prestations proposés par les opérateurs sont tellement bas qu'aucune TPE/PME avec contrat et réglementation française ne peut répondre . Je parle même pas des pénalités financière disproportionnées appliquées . Bilan ce sont des auto en...

le 27/01/2022 à 14:42
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Bonne analyse de mr Stark ! Le prix est le premier problème. Le second, c'est la volonté d'aller trop vite .. ne permettant pas de mettre en place des équipes de chantier formés ... et qui parlent Français - En effet le chantier n'attire PAS nos jeu...

à écrit le 26/11/2021 à 19:21
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Obsolescence programmée et organisée !

à écrit le 26/11/2021 à 11:18
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Travailler pour Drahi, c'est perdre son temps, son argent, sa santé.

à écrit le 26/11/2021 à 10:45
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Dans ma ville ( Compiègne) , c'est SFR qui a déroulé la fibre. Résultat : dans ma copropriété du travail sans qualité. Il a fallu se gendarmer pour que le travail soit refait. Et je ne vous dis pas comment les liaisons vers les appartements ont été r...

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