Fibre optique : comment la filière compte rebondir quand la France sera couverte

Alors que le déploiement des réseaux de fibre se poursuit à un rythme effréné dans l’Hexagone, les industriels, qui ont embauché à tour de bras ces dernières années, cherchent de nouveaux débouchés. En France, ils comptent participer à des projets de sécurisation des réseaux ou au développement des « territoires connectés ». Tous espèrent aussi exporter leurs savoir-faire à l’international, et notamment en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Pierre Manière
Côté perspectives à l'international, il reste à ce jour, selon les estimations du think tank idate, quelque 32 millions de prises fibre à déployer en Allemagne, 21 millions au Royaume-Uni, et 14 millions en Italie.
Côté perspectives à l'international, il reste à ce jour, selon les estimations du think tank idate, quelque 32 millions de prises fibre à déployer en Allemagne, 21 millions au Royaume-Uni, et 14 millions en Italie. (Crédits : Reuters)

Le grand chantier du déploiement de la fibre arrive dans la dernière ligne droite. En 2025, cet immense projet qui vise à offrir à tous les Français une connexion Internet fixe ultra-rapide sera quasiment terminé. Dès la fin de l'année, c'est déjà plus de 80% de la population qui aura accès à cette technologie. Celle-ci aura, au final, été déployée en 15 ans. Un temps record pour un tel chantier d'infrastructures. Pour respecter ces délais et l'accélération des raccordements des abonnés, les opérateurs télécoms et les industriels ont embauché à tour de bras. Aujourd'hui, la filière de la fibre rassemble plus de 40.000 ouvriers, techniciens ou ingénieurs spécialisés. Tout l'enjeu est donc, déjà, de préparer l'après, une fois que tous les réseaux auront été construits.

C'est désormais l'une des préoccupations majeures d'InfraNum, qui fédère environ 70% des industriels de la fibre. La semaine dernière, ses dirigeants ont dévoilé différentes pistes et projets. Le premier d'entre eux concerne... encore les réseaux de fibre français. InfraNum compte bientôt proposer au gouvernement un « plan national de résilience » de ces infrastructures. L'objectif est de travailler à la sécurisation des réseaux. Aujourd'hui, plus de 40% d'entre eux sont déployés en « aérien », c'est-à-dire via des pylônes le long des routes. Ce choix a l'avantage d'être peu coûteux. Mais il fragilise grandement les infrastructures. Celles-ci pourraient par exemple essuyer de gros dommages en cas de tempêtes ou d'inondations, qui sont de plus en plus fréquentes.

La sécurisation des réseaux devient une priorité

InfraNum propose d'enfouir ces réseaux de fibre. La fédération préconise d'autres solutions pour les sécuriser davantage, comme le doublement « des nœuds de raccordement optique », ces locaux techniques d'où partent les lignes des abonnés. Le coût d'un tel plan avoisinerait, au total, les 10 milliards d'euros par an. InfraNum suggère de lisser les travaux sur dix ans. Cela permettrait de « conserver durablement » autour de 7.000 emplois au sein de la filière, souligne la fédération.

Cette proposition intervient dans un contexte où la sécurisation des infrastructures télécoms est devenue une priorité. Comme l'indiquait à La Tribune Arthur Dreyfuss, l'ancien président de la Fédération française des télécoms (FFT) et secrétaire général d'Altice France (SFR), jamais les dégradations et actes de malveillance visant les réseaux n'ont été aussi nombreux. Le 27 avril dernier, d'importants sabotages ont ciblé celles de SFR, et ont occasionné des pannes et dysfonctionnements.

Participer aux projets de « territoires connectés »

La filière de la fibre propose, également, de participer aux projets de « territoires connectés » qui commencent à émerger dans l'Hexagone. La généralisation de la fibre permet, en effet, aux collectivités de déployer de nouveaux usages. Ceux-ci concernent l'éclairage public, la gestion de l'eau, des déchets, la vidéo-protection ou encore la mesure des flux de mobilité...

La filière estime aussi que le numérique peut permettre d'accélérer la transformation environnementale. Pour cette année, elle estime ce marché à 520 millions d'euros.

Perspectives à l'international

Mais les industriels de la fibre cherchent aussi des relais de croissance hors de l'Hexagone. Tous comptent bien valoriser leur expérience acquise dans le déploiement de la fibre à l'étranger. L'Europe est leur première priorité. Selon les estimations du think tank idate, il reste à ce jour quelque 32 millions de prises fibre à déployer en Allemagne. Il y en a également 21 millions au Royaume-Uni, et 14 millions en Italie. De quoi offrir de jolis débouchés à la filière française... Celle-ci s'est d'ailleurs déjà mise en ordre de bataille. En novembre dernier, Altice a annoncé la signature d'un gros contrat en Allemagne pour installer des prises fibre dans les zones rurales. Les industriels lorgnent également l'Afrique. La filière française est déjà présente au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Ces deux pays ont respectivement débloqués 2 et 3 milliards d'euros pour améliorer leurs infrastructures numériques, et en particulier leurs réseaux de fibre.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 10/06/2022 à 9:14
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Si vous avez envoie de vous marrer grave, regardez les loustics en train de bouiner à tirer les câbles, amarrer aux poteaux, puis fouiner bien assis dans les armoires, ce n'est pas des fibres mais le fil d'Ariane, dans 10 ans. Ils y seront encore!

à écrit le 09/06/2022 à 12:33
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he ben il y aura obligation de mettre a niveau ces reseaux, quoi qu'il en coute, et c'est reparti pour un tour ( ca sera pour sauver la planete et reduire les inegalites, alors ca va)

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