Le gouvernement le sait bien : cette bascule technologique suscite son lot d'interrogations et d'inquiétudes. La France est en train de troquer, progressivement, son réseau historique en cuivre (d'abord utilisé pour le téléphone, puis l'ADSL) contre un réseau de fibre optique, permettant de se connecter à Internet à très haut débit. Cette nouvelle infrastructure, déployée depuis dix ans à coups de dizaines de milliards d'euros, va devenir le socle de toute la vie numérique du pays pour les prochaines décennies.
En la matière, la France est l'un des pays les plus avancés du monde. Pas moins de 86% des particuliers sont déjà raccordables à cette technologie. Comme l'a rappelé, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, le 7 novembre dernier, l'objectif est que toutes les personnes et entreprises qui le souhaitent puissent en bénéficier à l'horizon 2025. Et ce, conformément à la promesse d'Emmanuel Macron.
De nombreux Français inquiets
Les Français les plus technophiles et habitant dans les grandes villes sont déjà, pour la plupart, passés à la fibre. Mais beaucoup craignent cette révolution technologique. Certains ne voient pas le bénéfice d'abandonner l'ADSL, ou sont réticents au changement. D'autres, encore, redoutent de voir leur connexion coupée sur le réseau cuivre - dans la mesure où Orange commence à éteindre cette infrastructure -, ou de ne pas être éligibles à la fibre. Ces inquiétudes, parfois très vives au regard de l'importance d'Internet au quotidien, remontent aux maires. Ceux-ci peinent parfois à apporter des réponses. C'est précisément pour cela que le gouvernement vient de lancer la plateforme trèshautdebit.gouv.fr.
Hébergé sur le site du ministère de l'Economie et des Finances, ce site entend répondre à toutes les questions des particuliers, des entreprises, et des élus locaux, comme l'a annoncé Thomas Courbe, le chef de file de la Direction générale des entreprises (DGE), ce jeudi 9 novembre sur X (ex-Twitter). Un onglet concerne d'abord les particuliers. Ceux-ci sont notamment invités à « anticiper au plus tôt » la fermeture du réseau cuivre lorsque leur commune sera concernée.
« Si votre choix se porte sur la fibre, [il faudra] réaliser les travaux nécessaires au raccordement au sein de votre logement pour permettre son arrivée », rappelle la plateforme.
Numériser les PME
Les entreprises sont aussi concernées. L'objectif est notamment de les informer des avantages de la fibre, de la manière dont cette technologie peut faciliter leur vie, et booster leur business. « La fibre permet d'utiliser un ensemble de services qui améliorent la productivité, par exemple les services cloud », précise le site, sachant que les PME de l'Hexagone sont encore peu numérisées. Ce qui préoccupe la DGE, qui y voit un frein à l'innovation autant qu'à la compétitivité du pays. Les élus locaux pourront, quant à eux, trouver des ressources pour répondre aux craintes de leurs administrés, et engager des campagnes d'information - en particulier quand Orange, l'opérateur historique, fermera le réseau cuivre.
Cette plateforme semble démontrer, dans tous les cas, la détermination du gouvernement à respecter la promesse présidentielle de la « fibre pour tous », d'ici deux ans. Lors d'un colloque à Paris, mardi dernier, Jean-Noël Barrot l'a répété : cet objectif figure « tout en haut de [sa] fiche de poste ». C'est notamment pour le concrétiser que l'Etat a conclu, la semaine dernière, un deal avec Orange.
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