Mobile World Congress : quand la 5G part à la conquête des entreprises

Au salon du mobile de Barcelone, équipementiers et opérateurs télécoms en sont convaincus : les réseaux 5G privés et la numérisation des usines ou des sites industriels va constituer un levier de choix pour booster la productivité et la compétitivité.
Pierre Manière
Environ 60.000 personnes sont attendues au salon du mobile de Barcelone cette année.
Environ 60.000 personnes sont attendues au salon du mobile de Barcelone cette année. (Crédits : Reuters)

Le Mobile World Congress, la grand-messe du mobile qui se déroule tous les ans à Barcelone, a ouvert ses portes ce lundi. Ces dernières années, l'événement s'était largement tourné vers le grand public. Il constituait, en particulier, un moment privilégié pour les fabricants de smartphones de présenter leurs nouveaux terminaux. Mais pour cette édition, marquée par un retour des cadors des nouvelles technologies après deux ans de pandémie, tous ont les yeux rivés vers les entreprises et les industriels. Opérateurs et équipementiers télécoms espèrent les convertir sans traîner à la 5G, et à leurs nouveaux réseaux 5G privés. Cette technologie est présentée comme la voie royale pour numériser tous les grands secteurs de l'économie, de l'énergie aux transports, en passant par l'automobile, la banque ou encore la santé.

Dans ce domaine, la Chine affiche de grandes ambitions, voyant dans la 5G industrielle un puissant catalyseur économique. C'est ce qu'ont martelé les PDG des trois grands opérateurs de l'Empire du Milieu, les mastodontes China Mobile, China Unicom et China Telecom, qui ont tous participé à conférence d'ouverture du salon. Même son de cloche chez l'équipementier télécoms Huawei, qui s'est offert le plus grand espace de l'événement pour vanter son savoir-faire. Il faut dire qu'en matière de 5G, l'Empire du Milieu, dont 60% de la population est couverte par cette technologie, dispose d'un coup d'avance vis-à-vis de l'Europe, et fait tout pour damer le pion aux Etats-Unis.

La 5G permet d'en finir avec les câbles dans les usines

Aujourd'hui, dans les usines, les machines et autres robots sont généralement connectés via des câbles. La 5G et les réseaux privés permettent de les faire disparaître, et d'apporter une flexibilité essentielle pour optimiser les processus, et doper la compétitivité. Les avantages sont multiples. En Chine, certains groupes miniers voient dans ces solutions un Graal pour gagner en efficacité, réduire leurs personnels, tout en les exposant moins aux multiples risques inhérents à cette activité. Selon Jérôme Danneel, ingénieur chez Huawei France, le déploiement d'antennes 5G mobiles sur des sites miniers permet aujourd'hui de gérer nombre d'opérations à distance, du forage au transport du minerai. Huawei déploie des solutions similaires dans l'industrie pétrochimique ou dans les ports. Dans celui de Qingdao, à l'est de la Chine, des terminaux ont été entièrement automatisés pour optimiser le chargement et le déchargement des marchandises.

Aux yeux de Huawei, les réseaux 5G privés constituent un gage de sécurité, appréciable lorsque tous les actifs de l'entreprise y sont connectés et dépendent de cette infrastructure. Le groupe de Shenzhen espère profiter de son avance dans ce domaine pour exporter ses solutions à l'étranger. Et ce même si le groupe de Shenzhen s'est fait exclure, pour des raisons de sécurité et de souveraineté, de nombreux marché de la 5G aux Etats-Unis comme en Europe.

Le retard de l'Europe

Sur le Vieux Continent, les équipementiers télécoms Nokia et Ericsson misent aussi gros sur le développement de la 5G industrielle et des réseaux privés. Mais sur ce front, l'Europe accuse un regard « de un à deux ans par rapport à la Chine », concède Franck Bouétard, le PDG d'Ericsson France. Rien de très surprenant quand on sait qu'en France, moins de 10% de la population est couverte en 5G via les nouvelles fréquences 3,5 GHz, qui offrent de gros débits. Cela dit, « nous avons de plus en plus de demandes pour des réseaux privés », poursuit le dirigeant. Ericsson équipe par exemple Airbus, les centrales nucléaires d'EDF, ou certains sites du géant de la sidérurgie ArcelorMittal. Dans ce dernier cas, la connectivité mobile permet d'effectuer des opérations de maintenance à distance avec des outils de réalité augmentée ou virtuelle, de localiser les actifs, ou encore de piloter des navettes à distance. Reste qu'il s'agit ici de réseaux privés 4G, moins performants que leurs homologues en 5G. « Nous pourrons les faire évoluer plus tard en 5G, mais nous devons passer par une phase d'apprentissage », explique Franck Bouétard.

Aux Etats-Unis, les réseaux 5G privés ont aussi le vent en poupe. A la tête de Verizon Business, la branche dédiée aux entreprises de l'opérateur américain, Tami Erwin y voit un atout pour développer le « edge computing » dans les entreprises. Ce qui permet, en clair, de traiter des monceaux de données issues des opérations et actifs connectés directement sur place. La dirigeante vante, elle aussi, le haut niveau de sécurité de ces solutions. C'est, dit-elle, une des principales pour lesquelles BlackRock, le mastodonte américain de la gestion d'actifs, a choisi Verizon pour déployer un réseau 5G privé dans son nouveau siège à New York. Les hauts débits offerts par cette solution et la faible latence permettront d'améliorer les opérations, en particulier dans les salles de marchés.

Pierre Manière

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