
A première vue, les chiffres ne sont guère flatteurs. D'après la dernière enquête de l'Arcep, le régulateur des télécoms, sur l'empreinte carbone des opérateurs, leurs émissions de gaz à effet de serre ont nettement progressé en 2021. Elles se sont établies à 373.000 tonnes équivalent CO2, soit 10.000 tonnes de plus qu'en 2020... Mais cette augmentation est à replacer dans son contexte. En 2020, la crise du Covid-19 et son chapelet de confinements ont obligé les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à lever le pied sur leur activité. En conséquence, leurs émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup diminué pendant cet exercice. Mais son caractère exceptionnel rend toute comparaison difficile. On retiendra plutôt que les émissions de gaz à effet de serre des opérateurs ont légèrement diminué de 7.000 tonnes équivalent CO2 entre les exercices 2019 et 2021.
(Crédits: Arcep)
Mais le diable est dans les détails. Ces dernières années, les opérateurs ont réussi à diminuer leurs émissions directes (en bleu clair sur le graphe), provenant des véhicules de société, de l'exploitation des boutiques ou des locaux professionnels. Entre 2018 et 2021, celles-ci sont passées de 165.000 à 135.000 tonnes équivalent CO2. En revanche, les émissions indirectes (en rouge) liées à la consommation électrique des réseaux, des centres de données ou autres bâtiments administratifs et commerciaux, n'ont cessé de progresser. Sur cette même période, elles sont passées de 218.000 à 238.000 tonnes équivalent CO2. L'Arcep l'explique par « le déploiement des réseaux » concernant la fibre, la 4G ou la 5G, couplé à « l'augmentation des usages » numériques.
La fibre bien moins énergivore que l'ADSL
L'Arcep constate sans surprise que les réseaux Internet fixe sont moins énergivores que les réseaux mobiles. « La consommation énergétique moyenne par abonnement est un peu plus faible sur les réseaux fixes (25 kWh en moyenne par abonnement) que sur les réseaux mobiles (30 kWh en moyenne par carte SIM) », précise le régulateur. C'est la raison pour laquelle tous les opérateurs appellent leurs abonnés à connecter leurs smartphones via le Wi-Fi de leurs box lorsqu'ils sont chez-eux.
Le régulateur constate également que la fibre consomme beaucoup moins d'énergie que l'ADSL, sur le vieux réseau cuivre. « La consommation énergétique moyenne par abonnement sur les réseaux d'accès cuivre est un peu moins de quatre fois supérieure à celle des réseaux d'accès fibre (34 kWh par abonnement cuivre en 2021 contre moins de 10 kWh par abonnement fibre) », souligne le gendarme des télécoms. C'est d'ailleurs ce qui explique, poursuit l'administration, le « ralentissement » de la croissance de la consommation d'énergie des réseaux, à mesure que les abonnés passent de l'ADSL à la fibre.
Stabilisation des ventes de smartphones
En parallèle, l'étude montre une stabilisation des ventes de smartphones neufs par les opérateurs français, à 8,1 millions d'unités en 2021 (soit 38% des ventes dans l'Hexagone). Un motif de satisfaction pour le régulateur, qui rappelle que le nombre de terminaux écoulés dans le monde a « significativement » progressé de 6% cette même année, et que ceux-ci représentent pas moins de 80% de l'empreinte carbone totale du numérique.
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