Télécoms : ces grandes villes où la couverture en fibre reste incomplète

A Marseille, Paris, Toulouse, Montpellier ou encore Nantes, des dizaines de milliers de locaux ne sont toujours pas raccordables à la fibre optique. Voilà pourquoi, déplore l’Avicca, association représentant les collectivités engagées dans le numérique, il est inenvisageable d’y fermer le vieux réseau cuivre, encore utilisé pour l’ADSL et le téléphone.
Pierre Manière
« Si un opérateur privé veut vite fermer le cuivre dans les ‘grandes’ villes, il peut vite y déployer lui-même les locaux non encore couverts en fibre optique ! », affirme l'Avicca.
« Si un opérateur privé veut vite fermer le cuivre dans les ‘grandes’ villes, il peut vite y déployer lui-même les locaux non encore couverts en fibre optique ! », affirme l'Avicca. (Crédits : ALESSANDRO BIANCHI)

Le sujet est sensible. Les modalités du chantier de fermeture du réseau cuivre d'Orange, utilisé pour l'ADSL et le téléphone, ne font guère l'unanimité. Lors d'une audition au Sénat, en fin de semaine dernière, Xavier Niel, le propriétaire d'Iliad (Free) a dit tout le mal qu'il en pensait, jugeant le calendrier proposé par l'opérateur historique beaucoup « trop étendu ». Déployé dans les années 1960 à l'échelle nationale, le réseau cuivre sera définitivement abandonné d'ici à 2030. Orange prévoit une fermeture progressive de ce réseau. Celle-ci interviendra dans des communes où la fibre est disponible, et se déroulera en deux temps, avec une fermeture commerciale (où les opérateurs ne pourront plus vendre de nouveaux abonnements), suivie d'une fermeture technique, environ cinq ans plus tard.

Au regard de Xavier Niel, le plan d'Orange est « peu ambitieux ». En particulier, « nous ne comprenons pas ce qui nous empêche d'éteindre rapidement le cuivre dans les grandes villes », a critiqué le milliardaire jeudi dernier, lors d'une audition au Sénat« Des expérimentations ont été pratiquées dans des villes moyennes, des petites villes, et cela a très bien marché... », a-t-il renchéri. Xavier Niel souhaite notamment réduire drastiquement le temps entre la fermeture commerciale et la fermeture technique, d'autant qu'il est envisagé qu'Orange puisse augmenter, dans cet intervalle, le prix de la location du réseau cuivre payé par Free et les autres opérateurs. Ce qui exaspère profondément le milliardaire.

Sa sortie a toutefois provoqué l'agacement de l'Avicca, association représentant les collectivités engagées dans le numérique. « Certains acteurs se sont récemment émus de ne pas comprendre pourquoi le réseau cuivre de l'opérateur historique était éteint prioritairement dans les petites communes et non pas dans les grandes villes », écrit-elle dans un billet publié sur son site. D'après l'Avicca, la raison est simple : comme les grands opérateurs, dont Free, n'ont pas achevé la couverture en fibre dans les grandes villes, il est impossible d'y envisager l'arrêt du réseau cuivre. « Si un opérateur privé veut vite fermer le cuivre dans les 'grandes' villes, il peut vite y déployer lui-même les locaux non encore couverts en fibre optique ! », lance l'association.

Celle-ci rappelle, ensuite, qu'il reste 109.545 locaux non raccordables à Marseille, 55.551 à Paris, 39.347 à Toulouse, 33.712 à Montpellier, 27.951 à Lille, 27.737 à Nantes, ou encore 25.365 à Aix-en-Provence... « Voilà, grâce à l'Avicca, on a l'explication, et la solution », enchaîne-t-elle. Avant de lâcher un « bref, on a tout compris », en référence au slogan de Free (« Il a Free, il a tout compris »).

Les opérateurs ne sont soumis à aucune obligation

Il y a deux semaines, l'Avicca avait déjà déploré le fort ralentissement du déploiement de la fibre par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free dans les grands centres urbains et les zones très denses. Celles-ci rassemblent 106 communes et 7,7 millions de locaux. Cette situation inquiète également l'Arcep, le régulateur des télécoms. D'autant que le gendarme du secteur ne dispose, dans ces territoires, d'aucun moyen d'obliger les opérateurs à effectuer les raccordements restants. Dans ces zones très denses, les plus peuplées donc en théorie les plus rentables, la seule règle est celle de la concurrence par les infrastructures. Chacun est libre de déployer son réseau. Ou pas.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 28/03/2023 à 20:42
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Qu'ils ferment tout, l'internet prend un chemin d'outils de contrôles et de propagande. Elon Musk a t'il été encore une fois un visionnaire avec starlink. Un internet moins contrôler et dont le prix deviendra concurrentiel au terrestre si nous ne con...

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