Télécoms : Bruxelles fait (encore) la peau aux frais d’itinérance

Bruxelles a décidé de prolonger de dix ans une mesure visant à éradiquer les surcoûts des communications pour les citoyens européens voyageant dans un autre pays de l’UE.
Pierre Manière
Au regard de la Commission européenne, les frais d'itinérance entravent le marché unique.
Au regard de la Commission européenne, les frais d'itinérance entravent le marché unique. (Crédits : DR)

Les frais dits de « roaming », ou d'itinérance, ont longtemps constitué un cauchemar pour de nombreux consommateurs. Derrière ce nom barbare se cachent des surfacturations appliquées par les opérateurs à leurs clients, lorsqu'ils voyagent à l'étranger. Certaines personnes, qui n'y prenaient pas garde, se retrouvaient parfois, au retour d'une escapade dans un autre pays, avec des ardoises de plusieurs milliers d'euros... Ce problème a longtemps été dénoncé par les associations de consommateurs. En France, bien sûr, mais aussi auprès de l'Union européenne.

Après une longue bataille, et confronté au lobbying des opérateurs peu désireux de tirer un trait sur cette manne, Bruxelles a finalement aboli les frais d'itinérance dans l'Union européenne le 15 juin 2017. La Commission a considéré, à l'époque, qu'ils constituaient une entrave au marché unique. En réalité, cette gratuité du « roaming » est arrivée de manière progressive. Sous l'impulsion de l'Europe, ces frais avaient diminué de plus de 90% depuis 2007. Concrètement, un accord a été conclu entre le Parlement européen et les Etats membres sur les prix de gros que se facturent les opérateurs. Des plafonds ont été arrêtés, afin que la suppression des frais d'itinérance ne débouchent pas sur une hausse du prix des abonnements.

L'ennui, c'est que cet accord a été décidé pour cinq ans. Il devait s'achever en juin 2022. Ce jeudi, les Etats membres de l'UE et des négociateurs du Parlement européen ont finalement prolongé la suppression des frais d'itinérance pour dix années supplémentaires, jusqu'en 2032. Cette décision était attendue. Bruxelles aurait sans doute essuyé de violentes critiques, si, d'un coup, certains consommateurs, qui ont pris l'habitude d'utiliser leur smartphone à l'étranger comme chez eux, s'étaient retrouvés avec des factures astronomiques après un voyage dans un autre pays de l'UE...

C'est d'ailleurs ce que précise, on ne peut plus clairement, le Conseil européen, qui représente les 27 Etats membres, dans un communiqué :

« La reconduite des règles garantira que les personnes puissent téléphoner, envoyer des textos et surfer sur l'internet tout en voyageant dans d'autres pays de l'UE que le leur, sans redouter d'avoir un terrible choc en recevant la facture de leur opérateur. »

Le Royaume-Uni rétablit les frais d'itinérance

Outre les 27 Etats membres de l'UE, trois autres pays sont concernés par cette mesure. Il s'agit de l'Islande, du Liechtenstein et de la Norvège. En revanche, le Royaume-Uni, depuis le Brexit, n'est plus concerné par la suppression des frais d'itinérance. Certains opérateurs veulent les rétablir. En août dernier, Vodafone, le mastodonte britannique du mobile, comme son rival EE, ont indiqué, cet été, que des surcoûts seraient de nouveau appliqués à leurs clients.

Cette décision de Bruxelles sur le roaming constitue une bonne illustration de la politique de l'Union européenne vis-à-vis des télécoms. A savoir privilégier, de manière générale, les consommateurs. C'est notamment la raison pour laquelle l'Union européenne s'attache à garder, dans les marchés nationaux, plusieurs opérateurs. Cela garantie un très haut niveau de concurrence, synonyme de prix bas sur le front des abonnements. Les opérateurs, de leur côté, critiquent régulièrement cette doctrine, qui rogne leurs revenus. Dans l'Hexagone, les revenus du roaming des clients français à l'étranger s'élevait, en 2016, à environ 1 milliard d'euros, estimait à l'époque, à La Tribune, un analyste financier.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 11/12/2021 à 9:59
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Merci l’europe

à écrit le 10/12/2021 à 17:11
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pourquoi pas, encore une fois si c'est encadre pour eviter les abus de gars qui prennent un abonnement a 2 euros en roumanie et viennent telephoner plein pot en france ou en allemagne.........le diable est tjs dans le detail

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