Une région qui attire toujours et des acheteurs potentiels plus nombreux que les vendeurs. En Bretagne, les prix continuent d'augmenter mais le marché s'oriente à la baisse.
Depuis la fin 2021, le volume des transactions fléchit même sensiblement, retient le bilan des notaires bretons sur les six premiers mois de 2022, publié le 15 septembre. Cette contraction s'est confirmée au deuxième trimestre avec une baisse de 13,7% des ventes de maison sur un an. Les ventes d'appartements ont également fléchi de 2,7% sur la même période.
Hausse des prix 16% et pas de stocks à Rennes
Conséquence, dans une métropole comme celle de Rennes, qui gagne régulièrement en habitants, le prix médian d'une maison atteint 511.000 euros, ce qui représente une hausse de 16,1% sur un an.
Sur l'ensemble de l'Ille-et-Vilaine, les volumes des transactions ont reculé de 5% sur la période, faisant grimper automatiquement les prix.
« Le marché y est très tendu » reconnaît Maître Vincent Lemee, délégué départemental de l'Ille-et-Vilaine au Conseil régional des notaires, qui note que les maisons anciennes ne représentent plus que 7% du volume des ventes, contre 20% à Nantes. « Dans la grande couronne rennaise, les stocks n'ont jamais été aussi bas. Nous n'avons plus rien à vendre » ajoute-t-il.
Brest, Lorient, Quimper et Saint-Brieuc, villes où les prix étaient jusqu'à présent plus modérés, enregistrent aussi des hausses de prix record. Malgré une hausse de 15% sur un an, Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) demeure la ville la plus abordable de la région.
« Cet atterrissage est cohérent après la flambée des volumes de transactions et des prix de l'immobilier que nous avons observés depuis la sortie du confinement en 2020. Le marché immobilier pourrait augurer une décrue en 2023 en raison des effets combinés de la hausse des taux d'emprunt, de l'évolution de la réglementation énergétique, de la pression inflationniste et des inquiétudes des ménages » précise Olivier Arens, président du Conseil régional des notaires de la Cour d'appel de Rennes.
220.000 euros pour une maison, hors villes et littoral
S'ils anticipent un prochain repli, les notaires restent confiants et parlent plus volontiers de « stabilité du marché »
« Il n'y aura pas d'effondrement du marché immobilier dans les mois à venir, ni même un tassement rapide » évaluent-ils.
Sur un an, la hausse des prix immobiliers en Bretagne n'a pas montré de signes de faiblesse au deuxième trimestre 2022 puisque l'augmentation s'établit à +10% pour les maisons et à +8,8% pour les appartements anciens.
« Il est pourtant encore possible, en Bretagne, de se loger dans une maison à moins de 200.000 euros » veulent rassurer les notaires.
Selon leur bilan, qui prend en compte le marché en Loire-Atlantique, le prix médian pour une maison s'établit à 220.000 euros. Sur les quatre départements bretons, le prix moyen descend à 201.200 euros.
À condition de ne pas rechercher un bien sur le littoral ou dans une grande ville.
Crédits et blocage du marché
De fait, les disparités sont fortes. Dans les zones littorales, la flambée des prix suscite même des manifestations de locaux ne pouvant plus se loger, à Vannes notamment. Dans la préfecture du Morbihan, où les acquéreurs seniors sont plus nombreux, le prix médian d'une maison ancienne s'élève à 410.000 euros.
En Ille-et-Vilaine, les prix ont flambé de 16% sur le littoral autour de Saint-Malo, Dinard et Saint-Briac.
« L'augmentation rapide des taux d'intérêt, qui étaient en baisse quasi-constante depuis 40 ans, vient également freiner l'activité alors que le taux d'usure (taux maximum autorisé aux banques pour accorder un crédit) est faible » relèvent les notaires bretons.
D'où un effet ciseaux et des demandes de prêt refusées. « La marge pour obtenir un crédit se réduit et risque d'entrainer un blocage du marché immobilier dans les mois à venir » préviennent-ils.
Les professionnels attendent toutefois d'avoir plus de visibilité sur les six derniers mois de l'année pour affiner leurs prévisions.
Sujets les + commentés