Les différentes manières d'investir dans le non-coté

[ #Patrimoine 2/4 ] Vous pouvez placer votre argent dans le tissu économique français ou européen, prendre des parts au capital de TPE ou de PME, le tout avec une réduction d'impôt à la clé.
Vos versements ouvrent droit à une réduction d'impôt de 18%, retenue dans la limite de 12.000 euros pour les célibataires et de 24.000 euros pour les couples, soit une réduction maximale de 2.160 euros pour un célibataire et de 4.320 euros pour un couple.

L'investissement dans les TPE ou les PME rapporte ! Vous pouvez entrer directement au capital de petites entreprises qui répondent aux conditions fixées par la loi et que vous avez vous-même identifiées ou que vous avez sélectionnées sur des sites de financement participatif en fonds propres, comme Smartangels (lire l'interview ci-dessous), Anaxago ou Wiseed, entre autres.

À noter, les chefs d'entreprise peuvent bien sûr investir dans leur propre société si elles répondent aux conditions légales. Vous pouvez placer au maximum 50.000 euros si vous êtes célibataire et 100.000 euros pour un couple, ce qui dans les deux cas, vous donne droit à une réduction d'impôt de 18%, soit 9.000 au maximum si vous êtes seul et le double, 18.000 euros si vous êtes en couple. Attention, cet avantage fiscal entre dans le calcul du plafond global des niches fiscales de 10.000 euros, ce qui limite sensiblement son intérêt.

Acheter des parts de fonds spécialisés

Si vous n'avez pas le coeur à investir en direct, vous pouvez acheter des parts de fonds spécialisés dans les PME ou TPE non cotées comme les FIP (fonds d'investissement de proximité) ou les FCPI (fonds commun de placement dans l'innovation). Ils sont investis sur plusieurs TPE ou PME et accessibles dès 1.000 euros.

« C'est un moyen de diversifier ses investissements dans le non-coté, en écrasant un peu d'impôt sur le revenu. Les FIP et FCPI ont cet avantage de permettre de calibrer votre investissement au plus juste, pour bénéficier exactement de la réduction dont vous avez besoin, par exemple pour combler au plus près votre plafond de 10.000 euros au titre des niches fiscales », dit Frédéric Poilpré, directeur de l'ingénierie patrimoniale de Société générale Private Banking.

Réduction d'impôt

Vos versements ouvrent droit à une réduction d'impôt de 18%, retenue dans la limite de 12.000 euros pour les célibataires et de 24.000 euros pour les couples, soit une réduction maximale de 2.160 euros pour un célibataire et de 4.320 euros pour un couple. Vous pouvez doubler ces montants si vous investissez à la fois dans des FIP et dans des FCPI, mais attention, les réductions obtenues entrent dans le plafond global des niches fiscales de 10.000 euros.

FIP et FCPI : un niveau de risque ajustable

Alors FIP ou FCPI ?

« Le FIP a, sur le papier, un potentiel d'appréciation moindre, car il investit dans des PME régionales plus traditionnelles, de tous secteurs, mais il est du coup normalement moins risqué que les FCPI, qui eux, doivent nécessairement opter pour des sociétés innovantes », explique José Fernandez, directeur de l'offre financière d'UFF.

« Dans ces deux types de fonds, en plus des actions non cotées, le gérant peut aussi placer une partie dans des obligations convertibles. Cela va faire baisser le niveau de risque du fonds et permettre un rendement sécurisé grâce au versement des intérêts et faciliter la sortie du fonds, puisque l'obligation est simplement remboursée à sa date anniversaire. Les personnes réticentes au risque peuvent opter pour ce type de produits », détaille Mathieu Sanlaville, directeur commercial de 123Venture.

En tout état de cause, FIP et FCPI sont risqués : vous pouvez perdre votre mise. Votre investissement doit être conservé cinq ans pour bénéficier de l'avantage fiscal, mais il est plus généralement bloqué jusqu'au remboursement à l'échéance, au bout de huit à neuf ans en moyenne. Du coup, là encore, ne placez que les sommes dont vous n'avez pas besoin. Par ailleurs, les frais sont élevés, avec une moyenne annuelle de 4,2% à 6% selon les produits (taux de frais annuel moyen, intégrant tous les types de frais appliqués). Côté performance, on commence à disposer d'une bonne visibilité sur les FCPI : plus anciennes, certaines générations sont arrivées à échéance et les épargnants ont été remboursés, ce qui n'est pas encore le cas avec les FIP, lancés plus récemment.

« Les plus-values constatées sur les FCPI, hors avantage fiscal, varient de -40% à +40%. Mais le marché est de plus en plus mature et cette fourchette a, au fil du temps, tendance à se resserrer, pour s'établir désormais de -20% à +20% », constate José Fernandez.

« Sans prendre en compte l'avantage fiscal, tous nos FCPI sont sortis dans le vert : de + 1,5% sur dix ans pour le plus mauvais, à + 127% sur huit ans pour le meilleur... », selon Mathieu Sanlaville.

Si vous avez eu la chance d'investir dans des fonds qui ont sélectionné des sociétés comme Criteo, Carmat ou Showroomprivé, la performance devrait être au rendez-vous !

Pour choisir vos fonds justement, impossible de vérifier à l'avance la liste des PME que va sélectionner le gérant, puisqu'il réalise ses premiers investissements dans les deux ans qui suivent la clôture de la collecte.

« Vous pouvez cependant vérifier les orientations habituelles du gérant et les secteurs sur lesquels il a l'habitude d'investir », poursuit Mathieu Sanlaville.

« Pour choisir en connaissance de cause, il faut vérifier sur le site de la société de gestion comment procède le gérant, dans ses investissements et dans ses liquidations de fonds. Il faut regarder non seulement les performances passées des fonds arrivés à échéance, mais aussi la durée au bout de laquelle les épargnants ont été remboursés. Si cela dépasse la durée maximale inscrite dans le prospectus, c'est que le gérant s'est mal débrouillé pour revendre les actifs du fonds, ce n'est pas bon signe », conclut José Fernandez.

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ENTRETIEN avec Benoît Bazzocchi, président et fondateur de SmartAngels

Depuis sa création fin 2012, la plateforme Smartangels a permis de financer une trentaine d'entreprises pour un montant supérieur à 15 millions d'euros. Les particuliers peuvent y trouver des TPE et PME dans lesquelles investir pour obtenir une réduction de l'impôt sur le revenu, mais aussi de l'ISF.

LA TRIBUNE - Qui peut prendre des parts au capital de PME via Smartangels ?

BENOÎT BAZZOCCHI - Tout le monde peut investir dans les sociétés sélectionnées par notre plateforme.

Avant cela et comme nous l'impose la loi, nous vérifions, à l'aide d'un test d'adéquation, que les profils d'épargnants correspondent bien à l'investissement qu'ils s'apprêtent à réaliser. Si le test n'est pas satisfaisant, la personne ne pourra pas réaliser son versement. La limite d'investissement est de 1 million d'euros par entreprise présentée.

Quelle est la durée de blocage de l'investissement ?

Il faut être prêt à conserver ses titres au-delà du délai fiscal de cinq ans, et pour au moins huit ans. Ce n'est qu'au terme, non connu à l'avance, qu'ils seront remboursés.

Vous ne pouvez pas récupérer votre argent avant. Nous venons cependant de signer un partenariat avec l'assureur Allianz, qui sécurise l'opération et vous rembourse votre mise pendant les cinq premières années, en cas d'accident de la vie (décès, invalidité...).

Les risques sont importants, quels conseils donner aux épargnants ?

Oui, les risques sont importants. Si l'entreprise fait faillite, vous pouvez perdre l'intégralité de votre mise. Mais il y a aussi et heureusement de belles surprises ! Pour ceux qui ont une appétence pour le non-coté, il faut penser à diversifier son investissement sur plusieurs entreprises. Avec des tickets d'entrée de 1.000 euros, c'est tout à fait possible sur notre plateforme. Il faut diversifier sur le choix des millésimes [les années d'investissement, ndlr] et donc ne pas tout placer la même année, mais le faire régulièrement.

En tout état de cause, un portefeuille dans le non-coté ne doit pas dépasser 5 % de votre patrimoine, éventuellement 10% pour les plus fortunés.

Les entreprises « prometteuses » ne font-elles pas appel à des fonds de type FIP ou FCPI, plutôt qu'à des plateformes comme Smartangels ?

Si vous insinuez que nous finançons des entreprises dont les fonds ne veulent pas, je vous arrête tout de suite ! C'est même l'inverse, les deux modes de financement sont parfaitement complémentaires, nous intervenons généralement simultanément sur les mêmes entreprises.

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La suite de notre série #Patrimoine, en quatre épisodes, dès demain :

  • La pierre-papier, l'unique solution pour défiscaliser en fin d'année mardi 17.11
  • Des outils de défiscalisation massive ! mercredi 18.11

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Commentaire 1
à écrit le 17/03/2017 à 10:46
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Bonjour, Le crowdlending est une autre manière d'investir dans un produit non coté. Dans ce cas le produit financier est un prêt rémunéré (et non une action). J'ai fait un article à ce sujet : https://blog.edukys.com/comment-decorreler-son-patrim...

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