Grèce : le parti Syriza veut annuler le "memorandum" sur la réduction de sa dette

Le parti de la gauche radicale serait, selon un des derniers sondages publié avant le scrutin du 17 juin, capable de former un gouvernement dans deux semaines. Le parti a présenté ce vendredi son programme où il s'efforce de présenter une alternative économique crédible en supprimant notamment les 58 exemptions fiscales accordées aux armateurs
Alexis Tsipras, président de Syriza. Copyright AFP

Ce vendredi représente la dernière occasion de disposer de sondages avant les élections parlementaires grecques du 17 juin prochain. La loi hellénique interdit en effet la publication des enquêtes d?opinion au cours des deux semaines précédant le scrutin. Et les derniers sondages publiés sont assez peu clairs, même s?ils laissent présager un duel entre le parti de la gauche radicale, Syriza et les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND).

Avance de Syriza

Selon l?institut Public Issue, l?avance de Syriza serait considérable. Le parti dirigé par Alexis Tsipras obtiendrait 31,5 % des voix, soit, avec les 50 sièges attribués au parti en tête au niveau national, 134 des 300 sièges de la Vouli, le parlement monocaméral grec. La ND n?obtiendrait que 25,5 % des voix et 68 sièges, le Pasok social-démocrate 13,5 % et 36 sièges. L?élément intéressant est également la tendance : sur une semaine, Syriza gagne 1,5 point, la ND reste stable et le Pasok recule de 2 points. Selon ce sondage, Syriza serait en mesure de former un gouvernement majoritaire avec la Gauche Démocratique (Dimar), parti qui en est une scission plus modérée.

Enquêtes contradictoires

D?autres enquêtes sont cependant moins catégoriques. L?institut MRB donne la ND en tête avec 23,9 % devant Syriza (22,5 %) et le Psaok (12,6 %). GHPC prévoit lui Syriza à 18,3 %, ND à 18 % et le Pasok à 10 %. Compte tenu de l?échec des instituts de sondage lors du scrutin du 6 mai où la percée de Syriza, qui a engrangé 16,7 % des voix, n?avait pas été prévue et des marges d?erreurs, il faut prendre ces études avec la plus grande prudence.

Priorité à l?annulation du mémorandum

Ce qui est certain, c?est que Syriza semble avoir le vent en poupe. Vendredi, Alexis Tsipras a présenté son programme, notamment économique, qui était très attendu. Sans surprise, il a annoncé qu?un gouvernement mené par son parti dénoncerait le « mémorandum », le protocole d?accord signé avec l?UE, le FMI et la BCE pour la réduction de la dette. « Le mémorandum doit être soit appliqué, soit abrogé. Nous, nous l?abrogerons », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « la première décision de notre gouvernement sera d?abroger le mémorandum et les lois qui en découlent ».

Placer les dépenses sous contrôle

Pour autant, Syriza n?entend pas promettre de « raser gratis ». Il a prévenu que la « route sera difficile ». « Nous ne disons pas qu?il y aura de l?argent facile », a-t-il assuré, avant d?ajouter que les Grecs étaient prêts à faire des efforts : « les Grecs ne veulent pas de charité, mais ils veulent du travail ». Du reste, Alexis Tsipras, qui a insisté sur « l?expertise » économique de son parti, entend « poursuivre l?assainissement budgétaire » et maintenir le niveau des dépenses sociales à 43 % du PIB, sous la moyenne européenne de 46 %, mais au-dessus des 39 % imposés par le mémorandum. Le leader de la gauche radicale entend favoriser « les plus pauvres » dans la redistribution des richesses. L?idée est donc de ne pas se laisser imposer le rythme de l?assainissement budgétaire par la troïka.

Lancer une réforme fiscale

Du côté des recettes, Syriza entend revoir entièrement le système fiscal, en supprimant notamment les 58 exemptions qui existent pour les armateurs, en combattant l?évasion fiscale et en réorganisant l?administration des impôts. Un registre précis des fortunes sera établi, permettant de mettre en place un « impôt plus juste » frappant « les plus riches ». Parallèlement, la TVA sur les produits de base sera réduite afin de relancer la consommation.

En ce qui concerne le secteur bancaire, Syriza veut nationaliser les banques recapitalisées au préalable par le Fonds de sauvetage européen, le FESF, pour ensuite annuler un certain nombre de dettes, notamment celles contractées par les plus pauvres. Evidemment, Alexis Tsipras entend aussi ramener le salaire minimum à 751 euros par mois et revenir sur les mesures de libéralisation du marché de l?emploi adoptées par Lukas Papademos.

Constituer une alternative crédible

Au final, Syriza semble avoir voulu apparaître comme une véritable alternative crédible, même si le parti n?a pas parfois échappé aux promesses faciles. Le travail de consensus d?Alexis Tsipras n?est pas à négliger car Syriza est, rappelons-le, une coalition entre des formations très diverses et parfois très radicales : maoïstes, écologistes, communistes réformateurs et trotskystes, entre autres. Le quotidien Dimokratia, sorte de Bild Zeitung grec, a jeudi dénoncé en une "les Soviets d'Alexis", signe d'une campagne tendue dans le pays où l'on cherche à jouer sur les peurs des uns et des autres. Alexis Tsipras sait donc que l?enjeu fondamental est de rassurer un électorat excédé, mais qui demande également du réalisme, afin de prendre la tête le 17 juin et de glaner les fameux 50 sièges de bonus. On notera notamment que Syriza n?a pas évoqué la sortie de l?euro..

Commentaires 9
à écrit le 08/06/2012 à 13:34
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Que les grecs prennent -enfin- leurs responsabilités au lieu de toujours reporter leurs problèmes sur la tête des autres (l'europe, l'Allemagne, le soleil, les touristes, la pluie, etc..) Ils sonr responsables de leurs problèmes car depuis 35 ans ils...

à écrit le 03/06/2012 à 11:24
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Je souhaite vraiment qu'ils gagnent les élections pour que les grecs cessent d'être 10 millions de mort vivants depuis plus de deux ans. et arrêtez de dire que les plans européens sont là pour "sauver la Grèce" les plans de sauvetages ne sauvent que...

le 04/06/2012 à 2:09
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OUI !!! qu'on leur laisse la porte grande ouverte !!! a eux de choisir : tu restes et tu assumes... ou tu pars et tu assumes !!!

à écrit le 02/06/2012 à 11:13
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L'europe est une catastrophe,qui ne peut que mal finir,c'est comme un ménage endétté,ça tient dix quinze ans voir une peu plus,mais c'est mathématique ça fini toujours par une faillite,,faut espérer que les responsables et ceux qui se seront rempli ...

à écrit le 01/06/2012 à 21:07
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S'ils envisagent de faire une réforme fiscale en imposant les privilégiés , je les approuve largement.

à écrit le 01/06/2012 à 17:30
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"" nationaliser les banques recapitalisées au préalable par le Fonds de sauvetage européen, le FESF, pour ensuite annuler un certain nombre de dettes, notamment celles contractées par les plus pauvres""" <-- si ca c'est pas se f... de la gu.. des gen...

le 01/06/2012 à 18:38
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La faute est imputables aux europeens ! La grece ne peut pas payer, elle ne l a jamais put ! C est l europe, qui a pris le parti de sauver financierement la grece avec l argent des contribuables europeens. Il aurait fallu arreter les frais de suite.

le 01/06/2012 à 19:11
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C'est l'Europe qui a pris le parti de sauver la finance et les banques internationales, au detriment du peuple grec et des autres peuples de l'Europe.

à écrit le 01/06/2012 à 16:33
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Chronique de Philippe Meyer d'hier : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4448549 Le ciel vous tienne en joie, comme il le dit.

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