Les Espagnols digèrent difficilement la pilule de la réforme de la santé

Le Pays Basque et l'Andalousie ne comptent pas appliquer intégralement le texte promu par le gouvernement central censé permettre de réaliser 7 milliards d'euros d'économie.
Ana Mato, ministre de la Santé et des Affaires sociales lors de sa prestation de serment devant le roi et la reine d'Espagne /Copyright AFP

Semaine décisive pour le système de santé espagnol : le ministère de la Santé présentait mercredi soir aux communautés autonomes une liste de 456 médicaments dont le remboursement par l'Etat pourrait être supprimé. Le Conseil Interterritorial du Système National de Santé, qui réunit les "ministres" de la Santé des régions et Ana Mato, chargée du portefeuille au niveau national, devait en outre étudier la mise en ?uvre de la hausse de la participation des patients au paiement de leurs médicaments, prévue à partir du 1er juillet.

Fin de la gratuité pour les retraités

La fin du remboursement de ces médicaments devrait permettre à l'Etat d'économiser 440 millions d'euros. Le ministère affirme néanmoins que la raison de ce changement réside dans une simple actualisation du catalogue pharmaceutique de l'Etat. La hausse du niveau de co-paiement des médicaments, qui sera désormais fonction des revenus et mettra fin à la gratuité dont bénéficiaient les retraités, fait quant à elle partie de la réforme du système de santé adoptée en avril par le gouvernement de Mariano Rajoy. Outre ce "co-paiement", le texte réduit l'accès à la santé publique des immigrés sans papiers, ainsi que le portefeuille de services sanitaires obligatoires, entre autres. Le gouvernement calcule que les économies devraient être de 7 milliards d'euros au total.

De quoi aider à ramener le déficit public à 3% en 2013, alors que le déficit de l'Etat central était de 3,41% du PIB en mai, à peine plus bas que le déséquilibre autorisé pour 2012, de 3,5% du PIB. L'impact de la réforme de la santé se fera toutefois essentiellement sentir dans les comptes régionaux, car les communautés autonomes sont détentrices de cette compétence.

Recours en inconstitutionnalité

Or, certaines régions refusent d'appliquer un texte politiquement coûteux : les Espagnols tiennent en effet au maintien de la gratuité de la santé publique. Trois d'entre elles ont déposé, ou s'apprêtent à le faire, un recours en inconstitutionnalité contre la réforme : il s'agit de l'Andalousie, le Pays Basque et la Catalogne, rares régions qui ne sont pas gouvernées par le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy.

Les socialistes au pouvoir au Pays Basque ont ainsi adopté mardi un décret qui exclut la hausse du "co-paiement" pharmaceutique qui garantit les services de santé aux immigrés sans papier. L'Andalousie, également aux mains de la gauche, partage cette dernière mesure. La Catalogne devrait quant à elle appliquer la mesure dès dimanche, malgré des difficultés techniques d'ordre informatique. Elle a par ailleurs récemment instauré une taxe d'un euro par ordonnance.

Risque de modification des prescriptions médicales

Dans ce contexte, les 7 milliards d'économies prévus sont-ils atteignables ? Outre que les régions pourraient ne pas appliquer intégralement la réforme, les experts craignent d'assister à une modification des prescriptions médicales qui remplaceraient les médicaments non remboursés par des produits plus coûteux mais subventionnés. Par ailleurs, d'aucuns, comme le gouvernement basque, réclament la mise en place d'études d'impact de ces différentes mesures, non seulement sur les finances publiques mais aussi sur l'état de santé des Espagnols.

Le Pays Basque fonde sa décision sur son autonomie financière. Ce principe a toutefois été altéré par la réforme sur la "Stabilité Financière" qui permet à l'Etat central d'intervenir, en dernière instance, dans les comptes des régions trop dépensières. Les régions devront donc compenser les systèmes de santé les plus généreux par d'autres coupes budgétaires ou hausses des recettes afin de retrouver un déficit qui ne dépasse par les 1,5% du PIB en 2012.

Commentaires 7
à écrit le 28/06/2012 à 4:43
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Tout ceci n'est rien à coté de l'AME française (Aide médicale d'Etat) de 600 millions d'euros par an (et qui croit vertigineusement chaque année) qui permet à des sans papiers après 3 mois de séjour illégal de se faire soigner gratuitement aux frais ...

le 28/06/2012 à 9:39
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Exact et que dire des crédits d'impôts et autre CMU ..... C'est devenu un BUSINESS financé par le contribuable Français. Maintenant fallait voter autre chose ....

à écrit le 27/06/2012 à 19:44
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A part la gabegie de certains pays (en particulier en Espagne et en particulier en Andalousie avec à sa tête le PS depuis 30 ans), le fonctionnement actuel de l'Europe est une hérésie : le contribuable belge paye pour former plein d'étudiants Françai...

le 29/06/2012 à 9:32
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D'accord avec vous sur les divergences aberrantes entre les systèmes nationaux en Europe, à corriger! Mais il ne faut pas inverser les rôles: les Européens non-espagnols ne profitent pas de la générosité espagnole, au contraire c'est l'Espagne qui (s...

à écrit le 27/06/2012 à 19:10
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Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi mes impôts en France devraient payer les dépenses de santé des immigrés clandestins en Espagne ?

le 27/06/2012 à 19:19
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Parce ce qu il s agit de pauvre miséreux. Et que le premier devoir d'un bon bobo socialo et d'être fier de payer beaucoup d impot pour favoriser la JUSTE redistribution des richesses, que soit dit en passant, vous avez mal acquis avec des restes de c...

le 28/06/2012 à 9:17
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Euhhh un bon bobo socialo , il prône l aide de l univers entiers mais lui il est au parlement , cumule les mandats et est exonéré à 50 % ... À la limite , il agite les 2 bras , fait preuve d une incroyable ingéniosité pour augmenter la dîme sous tout...

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