La direction de la SNCM en appelle au couple exécutif

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La direction de la SNCM en appelle au couple exécutif[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Jean-François Rosnoblet

EILLE (Reuters) - La direction de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) a demandé jeudi à François Hollande de nommer un coordinateur pour empêcher l'actionnaire majoritaire de "saborder" la compagnie maritime confrontée à de graves difficultés financières.

La direction de l'entreprise et son actionnaire majoritaire s'affrontent ouvertement depuis plusieurs mois sur l'avenir de la SNCM, que l'Union européenne a condamnée à rembourser 440 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales.

"Il faut une personnalité au plus haut niveau de l'Etat car ce dossier ne doit pas se gérer dans la crise", a déclaré le président du directoire, Marc Dufour, à des journalistes.

Un des avocats de la SNCM, Jean-Pierre Mignard, a expliqué que la société demandait "solennellement au président de la République et au Premier ministre de prendre en considération la gravité de ce dossier. Il n'est pas acceptable de laisser la SNCM se saborder dans les conditions que certains envisagent".

La SNCM, qui assure notamment les dessertes avec la Corse, est détenue par Transdev (Caisse des dépôts et Veolia), avec 66% du capital, l'Etat (25%) et les salariés (9%).

Les parties s'opposent aussi sur la mise en place d'un plan de restructuration prévoyant la suppression de 500 emplois sur 2.600 et le renouvellement de la flotte avec l'achat de quatre navires qui grèverait encore les comptes de la compagnie.

La direction et son actionnaire majoritaire se sont même retrouvés la semaine dernière devant le tribunal de commerce de Marseille, qui a débouté Transdev et l'a empêché d'obtenir une gouvernance de l'entreprise plus favorable à ses intérêts.

VEOLIA VEUT SE DÉSENGAGER

Le président de Veolia Environnement, Antoine Frérot, a réaffirmé dans une interview publiée mercredi sur le site d'information La Bourse et la vie son intention de se désengager.

"Veolia ne remettra pas d'argent dans la SNCM tant qu'une solution définitive et viable de cette entreprise ne sera pas trouvée", a-t-il dit. "Aujourd'hui nous pensons que ce n'est pas le cas, d'abord parce que les amendes de Bruxelles pèsent sur sa tête et qu'un jour ou l'autre elles seront exigibles et que tout argent remis aujourd'hui dans l'entreprise le serait en pure perte parce que le jour où les amendes seront exigibles, l'entreprise capotera."

Pour Jean-Pierre Mignard, "les personnes ne se parlent plus, nous sommes arrivés à un niveau de défiance tel que les caractères des uns et des autres s'entrechoquent."

L'avocat plaide pour la nomination d'une personnalité aux pouvoirs renforcés qui pourrait être le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier.

La SNCM estime que l'Etat est engagé en sa qualité d'actionnaire indirect à travers la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qui pourrait monter provisoirement au capital, mais aussi comme puissance publique et actionnaire direct, et comme garant des équilibres territoriaux et sociaux.

Les aides dont le remboursement est réclamé par Bruxelles ont été versées lors de la privatisation de la SNCM en 2006 et pour assurer ses obligations de service public, qui perturbent la concurrence selon la Commission européenne.

DUFOUR REFUSE "L'EUTHANASIE" DE LA SNCM

Une lecture contestée par Marc Dufour, qui estime qu'il faudra entre cinq et sept ans pour purger les contentieux avant une décision définitive de la Cour de justice de l'UE.

"Le temps juridique n'est pas celui de l'entreprise. Cela ne peut pas entraîner la disparition de la SNCM, on ne peut pas euthanasier la compagnie", dit le président du directoire. "Aujourd'hui, ce sont deux thèses qui s'affrontent: la continuité ou la discontinuité. Cette entreprise a-t-elle le droit de vivre ou est-elle condamnée à mourir?"

Pour l'instant, les contentieux européens compliquent les discussions entre les actionnaires et mettent un frein à une reprise de la compagnie par un investisseur extérieur tel le que le groupe norvégien Siem, qui a exprimé son intérêt mais n'entend pas supporter le passif des remboursement des aides.

"Nous savons que Veolia et Transdev veulent quitter le projet, mais nous avons un investisseur qui y croit et qui piétine depuis un an à la porte. Nous ne pouvons attendre que le contentieux européen soit purgé", dit Marc Dufour, qui estime entre 120 et 150 millions d'euros le montant à rembourser.

La question du contentieux européen sera indirectement inscrite à l'ordre du jour du prochain conseil de surveillance de la SNCM, le 26 avril, avec l'examen de l'exercice 2013 de la société, dont les comptes n'ont toujours pas été certifiés en raison du provisionnement de plus de 600 millions d'euros réclamé par les commissaires aux comptes.

Marc Dufour, dont le mandat arrive à échéance au 31 mai, a annoncé qu'il allait provisionner "les risques qui méritent de l'être, notamment une partie des créances et le coût du pacte social et de la restructuration de l'entreprise, soit un montant compris entre 40 et 50 millions d'euros".

(Edité par Yves Clarisse)

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