Crimée-Siemens précise qu'il ne poursuit que le russe TPE

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Siemens poursuit sa coentreprise russe[reuters.com]
(Crédits : Michaela Rehle)

MOSCOU/FRANCFORT (Reuters) - Siemens a déposé une plainte contre la société publique russe à qui il a vendu des turbines, tandis que sa coentreprise russe est citée dans les documents judiciaires uniquement pour des raisons techniques, a déclaré un porte-parole du conglomérat allemand.

La plainte, déposée mardi au tribunal arbitral de la ville de Moscou, cite la société russe Technopromexport (TPE), ainsi que Siemens Gas Turbine Technologies LLC, coentreprise à Saint-Petersbourg dans laquelle Siemens a une part majoritaire.

Siemens a annoncé lundi qu'au moins deux de ses turbines à gaz avaient été transférées "contre sa volonté" vers la Crimée, région visée par des sanctions de l'Union européenne concernant les technologies de l'énergie.

La péninsule a été annexée par la Russie en mars 2014.

TPE est la société qui a acheté les turbines en disant qu'elle avait l'intention de les installer dans une centrale électrique à Taman, dans le sud de la Russie.

Mais elle construit également deux centrales en Crimée, auxquelles les turbines de Siemens sont en réalité destinées, selon trois sources proches du projet.

Le porte-parole de Siemens a précisé: "Sur le fond, toutes les plaintes vont contre TPE. Toutefois, puisque nous poursuivions en tant que Siemens AG et non pas SGTT (qui est partie prenante au contrat de Taman), nos experts russes en ont conclu qu'il fallait, d'un point de vue technique, citer SGTT."

Aucune précision ne figure sur les raisons de ces poursuites dans les documents auxquels Reuters a eu accès.

Siemens a dégagé au moins 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en Russie en 2016, environ 2% de ses ventes totales. Le groupe est surtout présent dans l'énergie et le transport et affirme employer indirectement 48.000 personnes dans le pays.

Le président du directoire Joe Kaeser a rencontré Vladimir Poutine plusieurs fois au cours de sa première année à la tête du groupe en 2013 et a été vivement critiqué pour s'être rendu en Russie après l'annexion de la Crimée.

A l'époque, il avait réaffirmé son engagement vis-à-vis de la Russie, où Siemens est présent depuis près de 170 ans et où il a investi environ un milliard d'euros au cours des dix dernières années, déclarant que la relation ne serait pas perturbée par des "turbulences de court terme".

(Oksana Kobzeva, Gleb Stolyarov et Anastasia Lyrchikova et Georgina Prodhan, Juliette Rouillon pour le service français)