Hollande va tenter d'apaiser la fronde policière

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La fronde des policiers persiste[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

PARIS (Reuters) - Les syndicats de police tentent de reprendre la main sur le mouvement de colère constaté depuis dix jours au sein de l'institution avant d'être reçus mercredi en fin de journée par François Hollande, mais la fronde de la base persiste.

Les organisations espèrent obtenir un additif substantiel au protocole signé en avril dernier avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et exigent un calendrier et des engagements forts sur un renforcement des moyens et de la politique pénale.

Un an presque jour pour jour après avoir déjà reçu les syndicats de police lors d'une précédente grogne, François Hollande pourrait annoncer un plan doté d'une centaine de millions d'euros qui prévoit notamment la suppression de tâches dites indues, comme les gardes statiques, selon Le Monde.fr.

Mais les syndicats débordés par les policiers en colère affirment qu'ils ne se contenteront pas de demi-mesures.

"Les policiers attendent autre chose que de nouveaux pare-balles ou un nouvel armement et méritent plus que les propositions faites aujourd'hui", affirme Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP police, deuxième syndicat chez les gardiens de la paix.

Selon un sondage Ifop pour le site Atlantico, diffusé mardi, 91% des Français estiment que les récentes manifestations de policiers sont "justifiées". Un chiffre qui s'explique autant par la bienveillance des Français envers cette corporation que par un fort désir d'une politique pénale plus sévère.

Cette nouvelle crise au sein de l'institution policière a éclaté après une attaque au cocktail Molotov le 8 octobre, à Viry-Châtillon (Essonne) qui a grièvement blessé deux policiers, dont un est toujours hospitalisé à Paris.

MANIFESTATION PRÈS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Pour canaliser la contestation, Unité SGP police, deuxième syndicat chez les gardiens, organise mercredi à la mi-journée des marches de la colère policière et citoyenne place de la République à Paris et dans des dizaines de villes de province.

Le syndicat, qui se défend de toute récupération, appelle les citoyens à se joindre aux cortèges.

La veille, une intersyndicale comprenant notamment Alliance, l'Unsa et Synergie officiers, avait appelé dans le même esprit les policiers à se rassembler devant les palais de justice de France pour dénoncer notamment le "laxisme" de la justice envers les agresseurs de forces de l'ordre. Mais le mouvement a faiblement mobilisé.

En dépit d'un essoufflement, les policiers manifestant hors de tout cadre syndical depuis dix jours, essentiellement la nuit, continuent à réunir quotidiennement près de 2.000 personnes en France.

Fait inédit, près d'un millier de participants à la "Nuit debout des policiers", par référence à la "Nuit debout" contre la loi Travail, avaient manifesté la semaine dernière à quelques centaines de mètres de l'Elysée aux cris de "Hollande démission".

Après avoir menacé de sanctions les policiers manifestant en uniforme ou avec des véhicules de service, l'exécutif a fait machine arrière et multiplié les gestes d'apaisement, avec l'annonce d'un nouveau plan de sécurité publique en novembre.

Accusés d'être infiltrés par le Front national, les policiers frondeurs ont changé de porte-parole et tentent de mieux se coordonner.

Plusieurs centaines d'entre eux devaient se rendre mercredi en début d'après-midi aux abords de l'Assemblée nationale pour dénoncer "les promesses non tenues" et réclamer "des actes". Dans une lettre ouverte, ils ont appelé les députés à "entamer un dialogue" et à venir à leur rencontre.

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)