Climat : suite au One Planet Summit, Macron fixe un rendez-vous annuel

A l’issue du sommet climat organisé à Paris le 12 décembre, le président français a émis le souhait que ce rendez-vous se tienne chaque année, de façon à suivre régulièrement les engagements pris par les participants, tous volontaires pour s’impliquer dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.
Dominique Pialot
Le président français veut pérenniser ce rendez-vous climat

« C'est un bel anniversaire, je suis d'ailleurs assez émue », a commenté mardi en fin de journée Laurence Tubiana, l'une des chevilles ouvrières de l'Accord de Paris, qui dirige aujourd'hui la fondation européenne pour le climat ECF.

Une cinquantaine de chefs d'Etats et de gouvernements ainsi que des people tels qu'Arnold Schwarzenegger, Sean Penn ou Marion Cotillard mais aussi des personnalités dont la voix porte sur le climat, comme le gouverneur de Californie Jerry Brown ou l'ancien secrétaire d'Etat à la Maison-Blanche John Kerry, dont les discours ont été vigoureusement applaudis, ont participé à ce sommet voulu par Emmanuel Macron deux ans jour pour jour après l'adoption de l'Accord de Paris.

Tous ont à la fois salué l'initiative française et les engagements pris à cette occasion, tout en alertant sur l'urgence d'agir. Le président français lui-même a mis en garde dans son allocution :

« Nous sommes en train de perdre la bataille du climat. »

Un virage sur les énergies fossiles

De l'avis général, ce sommet était nécessaire pour éviter que la dynamique enclenchée à Paris ne s'enraye, mais aussi pour constater l'écart entre les engagements et ce qui serait nécessaire pour respecter l'Accord de Paris, la contention à 2°C - si possible 1,5°C - de la hausse des températures.

Puisqu'il s'agissait d'une réunion des villes, régions, entreprises et acteurs financiers «progressistes», rien d'étonnant à ce qu'elle ait été émaillée de quelques annonces fortes. Les plus marquantes sont venues d'investisseurs publics et privés sur le front du financement des énergies fossiles : la Banque mondiale va ainsi cesser de financer tout projet d'exploration et d'exploitation de pétrole et de gaz à compter de 2019, et l'assureur français Axa renforcer nettement les engagements qu'il avait été le premier à prendre sur le charbon lors du premier Climate Finance Day de mai 2015. Par la voix de son président Rémy Rioux, l'Agence française de développement (AFD) a déclaré pour sa part :

"Notre objectif est d'être la première agence 100% Accord de Paris. Ce qui ne signifie pas que nous ne financerons que des projets climat, mais nos projets suivront à long terme la trajectoire de l'Accord de Paris alors qu'aujourd'hui, 50% de nos financements sont des projets climatiques."

« C'est le début de la fin du financement des énergies fossiles », se réjouit de son côté Pascal Canfin, directeur du WWF France, qui insiste :

« Il faut quand même savoir mesurer le chemin parcouru. Financer ces énergies était encore la norme hier ; aujourd'hui, la norme devient scandaleuse. »

Si on n'est pas encore, loin s'en faut, sur la trajectoire des 2°C, « on s'en rapproche peu à peu ».

Par ailleurs, dans le cadre d'une nouvelle coalition baptisée Climate 100+, 225 investisseurs mondiaux, représentant 26,300 milliards de dollars d'actifs, ont décidé de mettre sous surveillance les 100 entreprises les plus émettrices de CO2 de la planète pendant les cinq prochaines années. Les énergéticiens (BP, Eon, Exxon, mais aussi Total, EDF et Engie...) et les exploitants de mines (BHP Billiton, Rio Tinto, Suncor...) sont en première ligne, aux côtés des secteurs de l'acier (ArcelorMittal), du ciment (LafargeHolcim), du transport (Airbus, Rolls-Royce, Suzuki...)

La liste des investisseurs impliqués comprend des groupes tels qu'Allianz, AP7, Axa, BNP Parisbas, l'Ircantec, la Caisse des Dépôts, le Calpers, Mirova, Humanis ainsi que des acteurs de taille plus modeste.

La vocation de l'initiative est de travailler aux côtés des entreprises pour les faire progresser. Une liste sera publiée chaque année,  dont les meilleurs élèves seront peu à peu exclus.

Nouvelles règles du jeu et alliances public/privé

Ce sont également les prémices d'un « changement des règles du jeu » que Pascal Canfin a saluées, qui se réjouit notamment d'un examen des budgets nationaux et projets de loi de finances à l'aune de l'Accord de Paris. La France, le Mexique et la Suède se sont portés les premiers volontaires de cet exercice inédit qui sera mené sous l'égide de l'OCDE.

Au niveau de l'Union européenne (dont le président Jean-Claude Juncker, annoncé, n'a finalement pas fait le déplacement, trop occupé, dit-on, par le Brexit et la préparation du prochain sommet européen), le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis s'est prononcé en faveur du "Green Supporting Factor" visant à alléger les règles prudentielles pour les actifs verts (une sorte de bonus également réclamé par les banques françaises) sur lequel le Parlement européen planche actuellement dans le cadre de la version européenne de Bâle III, ou CR2-4. Il a d'ailleurs également évoqué un « Brown Punishing Factor », autrement dit, un malus sur les actifs non durables.

Concernant l'élargissement des règles de transparence imposées aux entreprises françaises par l'article 173 de la loi de transition énergétique, le projet est toujours d'actualité, mais pas encore entériné.

Pascal Canfin salue par ailleurs la multiplication des initiatives alliant acteurs publics et privés, indispensables pour réunir les fonds qu'impose l'urgence climatique. Le fonds LDN (pour Land Degradation Neutrality), un enjeu majeur en matière de stockage de CO2, d'adaptation au changement climatique et de sécurité alimentaire, est en effet porté par la convention des Nations unies de lutte contre la désertification en partenariat avec le gestionnaire d'actifs Mirova et des acteurs privés. Doté de 130 millions de dollars, le fonds LDN a vocation à attirer plusieurs milliards d'obligations vertes. Selon ses gestionnaires, 3,6 milliards de dollars seraient nécessaires chaque année par an pour restaurer les terres dégradées à l'échelle mondiale.

Canfin regrette le recul français sur la TTF

Pascal Canfin, ministre délégué au Développement du gouvernement Ayrault regrette en revanche le recul français concernant la taxe européenne sur les transactions financières (TTF), auquel la tribune de quatre ministres français dimanche 10 décembre dans le JDD n'a rien changé.

De son côté, Laurence Tubiana reconnaît un mouvement qu'illustrent notamment la croissance des green bonds, l'ampleur des désinvestissements des énergies fossiles ou encore les nouvelles règles de transparence en matière de stratégie carbone adoptées par près de 240 entreprises sur la base des recommandations de la TCFD, la Task Force sur la transparence financière sur le climat du G20.

Mais les signaux envoyés par les gouvernements restent indispensables sur le plan de la régulation, notamment en matière de mobilité bas carbone, d'efficacité énergétique, de tarification du carbone, etc.

Plateforme dédiée et rendez-vous annuel

Côté étatique, 14 pays - dont la France, comme annoncé par Nicolas Hulot dans son plan climat, mais aussi le Costa Rica, l'Ethiopie, l'Allemagne ou la Suède - ainsi que 34 villes se sont par ailleurs engagés à devenir neutres en carbone à l'horizon 2050 et à présenter bien avant 2020 leurs feuilles de route pour y parvenir.

En fin de journée, 35 pays  - dont le Canada, la France, l'Allemagne, les îles Marshall qui en sont l'un des maillons importants et le Royaume-Uni - ont appelé le secteur du transport maritime, le seul à ce jour à ne pas être concerné par l'Accord de Paris, à s'engager sur le climat.

Emmanuel Macron a annoncé lors de son discours le lancement d'ici à la fin de l'année d'une plate-forme One Planet permettant de recenser l'ensemble des engagements, de manière à permettre un suivi. Et de donner rendez-vous dans un an aux participants de ce premier sommet parallèle aux COP organisées par l'ONU.

« Je souhaite que, chaque année, nous nous retrouvions sous ce format. Nous avons besoin chaque année d'avoir une réunion de chantier », a conclu le président français.

En attendant, peut-être, une deuxième édition parisienne, des représentants des échelons infranationaux, des entreprises, des investisseurs et de la société civile doivent se retrouver à San Francisco en septembre 2018, invités en juillet dernier par  le gouverneur de Californie Edmund G. Brown Jr., présent à Paris pour le One Planet Summit.

Dominique Pialot
Commentaires 12
à écrit le 14/12/2017 à 12:14
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Entre 1910 et 1940, et entre 1970 et 2000 (2 périodes de 30 ans donc statistiquement significatives sur le plan de l’évolution du climat), on a observé le même réchauffement de 0.5°C environ (respectivement 0.47 et 0.48°C selon les données HADCRUT3),...

à écrit le 14/12/2017 à 8:54
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Ik y avait déjà la COP et bien maintennat il y aura le machin de Macron une occasion de plus de multiplier les voyages en avion pour améliorer le bilan carbone.... Mais que ne ferait-on pour satisfaire l'égo et l'arroance d'Emmanuel!

à écrit le 13/12/2017 à 19:18
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Il faut abandonner la bataille du climat et mettre en application la note n°6 du CAE. Pour le même résultat avec en plus le retour de la croissance.

à écrit le 13/12/2017 à 18:46
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jadis le charbon § principale énergie polluait il ? ? Bien moins .. que ces (cop) d écolos

à écrit le 13/12/2017 à 18:27
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Ils ont bouffé, ils ont bien bu, merci petit Macru, et à la revoyure, sur argent public bien sur.

à écrit le 13/12/2017 à 18:18
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il avait déjà un destin, signer une fois l' an les GOPE bruxelloises et comme il ne sait pas y échapper, aussi tente t-il une contorsion pour flatter l' imaginaire de maitriser le pouvoir ... Macron n' a pas beaucoup ...

à écrit le 13/12/2017 à 17:32
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Après la COP 23 le "machin" à Macron pour se faire mousser. One planet summit bonjour pour la francophonie pour cette sous COP super Emmanuel après avoir sauvé la France va maintenant sauver le monde en attendant de sauver l'univers. Bientôt les fête...

à écrit le 13/12/2017 à 17:23
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Tout le monde a compris que ce cirque sur le climat est une cause perdue avec les perspectives démographiques avérées et l'exigence de développement des miséreux . Les énergies renouvelables représentent moins d'une poignée de pour cents de la conso...

à écrit le 13/12/2017 à 17:15
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parole parole mais expliquez moi comment vous allez produire de l'electricite a grande echelle sachant que plus ça va plus on en consomme combie de milliers et plus d'éoliennes faudra t ik pour remplacer 1 seule centrale nucleaire et encore fau...

à écrit le 13/12/2017 à 16:54
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Délire écologique des hommes de davos à la tête d'Etats socialistes en faillite et prêts à tout pour nous voler encore plus d'argent. Une bonnes âme pour dire à tous ces parasites déconnectés qu'avec internet la populace à accès aux vraies études sci...

le 13/12/2017 à 17:48
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bravo . cela fait penser aux histoires des avions renifleur

à écrit le 13/12/2017 à 13:02
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Un cinquantaine de chef d'état !Qui ?A part la France organisatrice et le RU que des chefs d'états secondaires les pays majeurs ont envoyés des ministres ou secrétaire d'état .De plus les banques qui s'engagent à ne plus aider l'extraction de charbon...

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