L'apparition du variant Omicron en Afrique du Sud affole depuis plusieurs jours les compteurs des urgences sanitaires. En Europe, certains Etats ont décidé de durcir les restrictions face à cette nouvelle déferlante. La décision de l'Autriche de rendre la vaccination obligatoire à partir de février et de mettre en place un confinement partiel a provoqué une vague de protestations sociales dans tout le pays. En Allemagne, les autorités ont imposé de lourdes restrictions aux personnes non vaccinées.
Face à ce nouveau raz-de-marée, le Premier ministre Jean Castex a finalement annoncé des mesures plus souples que certains de nos voisins européens alors que les niveaux de contaminations sont supérieures aux précédentes vagues. "Le virus circule, dans tous les territoires et dans toutes les catégories de la population. Nos hôpitaux commencent à monter en pression, alors même que les équipes sont très fortement éprouvées par près de deux années de lutte contre la Covid", a-t-il déclaré lors d'un point presse lundi soir. Le mot d'ordre est d'apporter une réponse "proportionnée" à quelques semaines des fêtes de fin d'année.
D'un point de vue économique, la mesure la plus forte concerne les boîtes de nuit et les traiteurs. Le chef du gouvernement a annoncé la fermeture des discothèques pour les quatre prochaines semaines. Il a déclaré que les traiteurs et les sociétés d'événementiels qui seront touchées par ces fermetures pourront bénéficier d'un accompagnement spécifique.
La ministre du Travail Elisabeth Borne a notamment annoncé ce midi sur le chaîne LCI que l'activité partielle va être réinstaurée dans ces deux secteurs soumis à ces nouvelles restrictions. "Je veux vraiment les rassurer : on va remettre en place de l'activité partielle, prise en charge à 100% donc sans reste à charge pour l'employeur, pour continuer à protéger les emplois", a-t-elle assurée. Évoquant d'abord un seuil de 80% de baisse du chiffre d'affaires nécessaire à cette prise en charge, la ministre a finalement expliqué qu'il serait précisé avec les professionnels.
Un impact économique limité
Les dispositifs annoncés par l'exécutif ne devraient toutefois pas avoir de répercussions majeures sur l'économie française. D'après des chiffres communiqués par Bercy, 1.200 boîtes de nuit et 300 traiteurs ou organisateurs seraient directement ou indirectement frappées par ces mesures. Les discothèques représentent 30.000 emplois directs et un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, selon les syndicats professionnels. "C'est la seule exception que nous ferons à notre principe de ne pas restreindre d'activités", a souligné le chef de la majorité. Hormis ces secteurs, aucun autre n'a été visé par les mesures de l'exécutif.
Compte tenu du poids de ces secteurs dans le produit intérieur brut (PIB), l'impact macroéconomique devrait être très circonscrit. En effet, le gouvernement a sensiblement réduit le niveau de restriction des mesures prophylactiques depuis le printemps 2020. En parallèle, les conséquences économiques ont été sensiblement moindres comme le rappellent plusieurs études de l'Insee ou de la Banque de France.
Avec ces nouvelles directives, la croissance du produit intérieur brut (PIB) tricolore ne devrait pas décrocher sensiblement d'ici la fin de l'année même si les économistes restent prudents sur leurs projections actuellement.
L'OCDE a dernièrement révisé à la hausse ses prévisions de croissance de 0,5 point à 6,8% du PIB en 2021. De son côté, l'Insee table sur une croissance de 6,75% avant la présentation de sa prochaine prévision la semaine prochaine. Enfin, Eurostat a indiqué ce mardi 7 décembre que la croissance de l'économie française avait grimpé de 3% au troisième trimestre en glissement trimestriel, soit la deuxième performance de l'Union européenne derrière l'Autriche. Il faut néanmoins rappeler que l'économie tricolore avait enregistré des résultats décevants en début d'année avec une stagnation de son activité au T1 (0,1%) et un relatif rebond au T2 (1,3%).
De la souplesse dans le télétravail
Sur le front du télétravail, le gouvernement a décidé d'accorder de la souplesse aux entreprises et au secteur public. "La cible doit être 2 à 3 jours de télétravail par semaine sous réserve bien sûr des contraintes liées à l'organisation du travail et de la situation des salariés. Pour la fonction publique de l'Etat, nous autoriserons jusqu'à 3 jours", a affirmé le locataire de Matignon dans son allocution.
Là encore, la stratégie du gouvernement a clairement changé. Le but est de laisser la main aux entreprises sur la question du travail à distance même si la ministre du Travail Elisabeth Borne a annoncé qu'elle allait renforcer les contrôles dans les entreprises.
Sur le plan économique, cette souplesse ne devrait pas avoir d'impact considérable non plus sur l'activité. L'expérience des précédents confinements a montré qu'un grand nombre d'entreprises et de salariés s'étaient adaptés au télétravail sans vraiment avoir de répercussions sur le fonctionnement de l'économie. Le passage à l'activité à distance au printemps 2020 s'était passé de manière précipitée sans vraiment d'anticipation, ni de préparation. Beaucoup d'entreprises n'avaient jamais expérimenté ce mode d'organisation et n'avaient pas toujours les outils adéquats pour faciliter la collaboration entre collègues.
Après plusieurs confinements stricts, plusieurs études comme celle de la Banque de France ou celle du Trésor n'ont pas montré d'effondrement de l'activité ou de la productivité en raison du télétravail. En outre, "l'effet d'apprentissage" des entreprises et des salarié souligné par plusieurs économistes devraient profiter au fonctionnement de l'activité. En revanche, le gouvernement ne s'est pas interdit de durcir les mesures si la situation sanitaire devait s'aggraver.