Médecins, ingénieurs, avocats, journalistes... l'emploi des cadres ne cesse de prendre de l'ampleur. Selon la dernière livraison de l'Insee publiée ce vendredi 25 septembre, la proportion de cadres et professions intellectuelles supérieures a fait un bond spectaculaire durant ces quatre dernières décennies passant de 7,8% de l'emploi total à 19,3%.
Cette montée en puissance de telles professions illustre les bouleversements de l'économie tricolore depuis le début des années 80. La qualification de la population active s'est considérablement accrue tandis que les besoins des entreprises dans le tertiaire ont augmenté.
Une radiographie des cadres en France
L'étude de l'Insee permet de brosser un portrait des cadres français. Les deux auteures ont ainsi retenu une typologie en six catégories. Il apparaît que les profils sont très hétérogènes. L'année dernière, les ingénieurs et cadres techniques étaient les plus nombreux en proportion (29%). Ils sont aussi bien ingénieurs en informatique, ingénieurs dans l'industrie, responsable logistique. Il s'agit de la catégorie qui a le plus augmenté depuis les années 80 (+ 7 points).
Arrivent ensuite, les cadres administratifs et commerciaux d'entreprise (28%) qui regroupent les cadres comptables, responsables administratifs et marketing. Les enseignants et professions scientifiques apparaissent en troisième position (16%). Puis viennent les professions libérales (10,6%), les cadres de la fonction publique (9,7%) et enfin les professions de l'information, des arts et du spectacle (6,5%).
Une féminisation accrue des cadres
L'autre enseignement important de ce document est la montée en puissance des femmes chez les cadres lors de ces 40 dernières années. Leur part est ainsi passée de 4% en 1982 à 16,8% en 2019. Chez les hommes, cette progression est beaucoup moins marquée. La proportion d'hommes est ainsi passée de 10,3% à 21,6%. L'écart s'est ainsi réduit, passant de 6,3 points à 4,8 points entre les hommes et les femmes. Malgré cette féminisation accrue, les hommes demeurent majoritaires dans certaines catégories ou positions comme dans le top management ou les postes de direction par exemple où il existe encore "un plafond de verre". En revanche, le secteur public reste exemplaire sur ce point avec plus de femmes (50,4%) que d'hommes (49,6%).
Les cadres travaillent plus souvent chez eux
Même si cette situation est loin d'être partagée dans les entreprises des secteurs privé et public, 43% des cadres ont déjà travaillé à leur domicile en 2019 contre 18% des personnes en emploi. "Cette part est plus élevée encore pour les professionnels de l'enseignement secondaire général ou technique (83 %) et les professionnels de l'enseignement supérieur et de la recherche publique (67 %) qui préparent chez eux leurs cours et corrigent les copies des élèves ou étudiants. Le travail à domicile est aussi plus répandu parmi les cadres commerciaux (50 %) et les professions libérales juridiques et techniques (48 %)", indiquent les économistes. Avec la crise et les mesures de confinement mises en œuvre au printemps, ce phénomène s'est fortement accentué pour une partie de la population active.
Stabilité de l'emploi
Les cadres bénéficient le plus souvent d'une stabilité dans leur travail. Le contrat à durée indéterminée demeure la norme pour une forte proportion de cadres. Ils sont ainsi 82 % dans cette situation là, contre 74 % pour l'ensemble des personnes en emploi. Les autres catégories comme les professions libérales exercent souvent à leur compte. Enfin, contrairement à certaines idées reçues, les cadres ne travaillent pas forcément plus le week-end que les autres personnes en emploi. "33 % ont travaillé au moins un samedi au cours des quatre dernières semaines, contre 39 % pour l'ensemble des personnes en emploi ou le dimanche (20 % contre 22 %). Les professions de l'information, des arts et des spectacles, de même que les professeurs et professions scientifiques, font cependant exception : le travail le samedi et le dimanche y est fréquent", notent les statisticiens.