L'économie française a plongé dans une violente récession au second trimestre

La France a enregistré une récession brutale au cours du second trimestre estimée à 13,8% selon des chiffres rendus publics par l'Insee ce vendredi 31 juillet.
Grégoire Normand
La formation brute de capital fixe (FCBF) a enregistré un repli abyssal au cours du second trimestre.
La formation brute de capital fixe (FCBF) a enregistré un repli abyssal au cours du second trimestre. (Crédits : Charles Platiau)

Les chiffres donnent le vertige. Selon la dernière livraison de l'Insee ce vendredi 31 juillet, le produit intérieur brut (PIB) tricolore a chuté de -13,8% au second trimestre 2020 après -5,9% au premier trimestre. La mise sous cloche de l'économie française à partir de la mi-mars et l'arrêt des activités non essentielles a entraîné un plongeon historique de la valeur ajoutée.

Depuis qu'il mesure le rythme trimestriel du PIB, l'Institut n'avait enregistré un tel effondrement. Les statisticiens ont révisé à la baisse leurs chiffres du premier trimestre de 0,6 point (-5,3% en première estimation). La chute de l'activité au deuxième trimestre est toutefois moindre que ce qu'anticipaient la plupart des analystes et l'Insee lui-même, qui l'estimait encore à 17% au mois de juin.

"Le chiffre du T2 masque des mouvements infra-trimestriels de grande ampleur, avec une activité sans doute au plus bas début avril (premières semaines de confinement) puis une reprise graduelle, notamment à partir du 11 mai", explique le chef du département de conjoncture à l'organisme public, Julien Pouget.

Si ces chiffres sont susceptibles d'être révisés dans les mois à venir, ils illustrent l'ampleur et la brutalité du choc subi par l'économie tricolore. La levée progressive des mesures de restriction au cours du second trimestre a permis à de nombreux secteurs de redémarrer mais les dégâts économiques et sociaux risquent de se propager encore pendant une longue période. L'un des principaux risques est que cette récession se transforme en violente dépression.

Si les États ont réagi plus rapidement que lors des précédentes crises, les nombreuses destructions d'emplois en cours et à venir vont entraîner une baisse de revenus considérables pour des milliers de ménages et donc une baisse durable de la demande. Pour l'économie française, une chute prolongée de la demande entraînerait une spirale récessive redoutable pour le tissu productif et les emplois.

Lire aussi : En Europe, la spirale récessive hante les Etats

Plongeon historique de la consommation

La mise en oeuvre des mesures de confinement drastiques et la paralysie de pans entiers de l'économie a provoqué un choc de demande historique. La plupart des indicateurs sont au rouge vif. La consommation, moteur traditionnel de la croissance tricolore, a chuté entre avril et juin d'environ 11% (-15,6% par rapport au T2 2019). Les ménages ont privilégié les dépenses de consommation de produits de première nécessité et ont reporté l'achat de biens importants. "S'agissant des biens, la consommation de biens fabriqués baisse nettement (-12,0 % après -16,0 %) et les dépenses en énergie baissent également (−11,1 % après -3,7 %) en raison notamment de la forte baisse des achats de carburants liée au confinement. Les dépenses alimentaires ne se replient que légèrement (-0,5 % après +2,8 %)", indiquent les économistes de l'Insee. Résultat, les foyers ont énormément épargné lors de cette période de confinement. Les économistes de la Banque de France estiment que cette épargne "forcée" devrait s'élever à environ 100 milliards d'euros en 2020.

Lire aussi : L'épargne, un moteur aussi puissant qu'incertain pour la reprise en Europe

Toujours du côté de la demande, les administrations publiques ont également fortement réduit leurs dépenses pendant cette période. Elles ont diminué de 8% après un premier recul de 3,5% au cours du premier trimestre. Pour le chef économiste de Allianz Ludovic Subran, "-8% de 'conso des APU' c'est délirant (même en Allemagne, elles augmentent). Ça baissait déjà au T1 mais municipales obligent; là ça montre que le confinement a gelé l'action publique, on n'a pas su dépenser juste et à temps pour limiter la casse".

L'investissement en chute libre

La formation brute de capital fixe (FCBF) a enregistré un repli abyssal au cours du second trimestre. L'investissement total a ainsi reculé de 17,3% entre avril et juin après 5,5% entre janvier et mars. La plupart des agents publics et privés ont gelé leurs dépenses d'investissement alors que le virus continuait de se propager sur l'ensemble du territoire. "L'investissement diminue dans la construction (−26,2 % après -14,5 %), en lien avec la suspension de chantiers pendant le confinement et malgré leur reprise progressive à partir notamment du mois de mai. La baisse est également très marquée sur le trimestre dans les biens manufacturés (-23,1 % après -13,2%)", souligne l'Insee. Au final, la chute de la demande a clairement plombé la croissance avec une contribution négative du PIB estimée à -12%.

Le commerce extérieur en repli

Les indicateurs du commerce extérieur sont épouvantables. Le blocage des ports de commerce, la fermeture des frontières maritimes et aériennes, le gel du fret ferroviaire a entraîné des pertes faramineuses pour les entreprises exportatrices. "Au deuxième trimestre 2020, les importations diminuent fortement (−17,3 % après -10,3 %), notamment les biens manufacturés. Les exportations diminuent de façon encore plus marquée (−25,5 % après -6,1 %), en particulier dans les matériels de transports", signalent les statisticiens. Au final, le commerce extérieur a plombé la croissance du PIB avec une contribution négative ce trimestre (-2,3 points après -0,1 point).

Vers une reprise lente et graduelle

À ce stade, il est encore complexe d'avoir des projections fiables sur les chiffres de croissance des prochains trimestres. Les premiers indicateurs avancés d'activité et les données hautes fréquences utilisées par l'Insee (données de transactions bancaires, fret ferroviaire) signalent un rebond au cours du mois de juin. En dépit des ces premiers signaux favorables, l'apparition de nouvelles zones de contamination dans quelques régions et les craintes d'une seconde vague risquent d'assombrir les perspectives économiques.

Lire aussi : Face à la menace d'une seconde vague, l'Europe durcit ses mesures anti-Covid

En outre, la vitesse de la reprise d'activité va également dépendre des avancées de la recherche pour trouver un vaccin. Or à l'heure actuelle, aucun traitement n'a encore fait ses preuves. En attendant les annonces du plan de relance programmées à la rentrée, beaucoup de secteurs restent dans la torpeur.

Lire aussi : Plan de relance en France : le pari sera réussi si la croissance atteint près de 8% d'ici fin 2021, estime Le Maire

Grégoire Normand
Commentaires 31
à écrit le 19/12/2023 à 9:06
Signaler
Nos dirigeants et leurs opposants sont nuls.

à écrit le 02/08/2020 à 19:59
Signaler
pas besoin de l'insee pour comprendre le PIB c' est effondré pendant le confinement .....article superflu les salariées les retraitées ouvriers ne sont pas dupes ..........................les ordonnances Macron ......................

à écrit le 02/08/2020 à 19:59
Signaler
pas besoin de l'insee pour comprendre le PIB c' est effondré pendant le confinement .....article superflu les salariées les retraitées ouvriers ne sont pas dupes ..........................les ordonnances Macron ......................

à écrit le 02/08/2020 à 12:48
Signaler
la responsabilité est du en grande partie au énarque qui nous dirige et qui n'ont jamais pris en considération la possibilité d'une crise du a une epidémie et qui ont basé leur logique sur la taxation et la mondialisation et la gestion a cours...

à écrit le 02/08/2020 à 11:22
Signaler
Merci Macron, la start up nation a une de ces gueules de biture !

à écrit le 01/08/2020 à 16:34
Signaler
Et ce n'est pas fini. Les retraités ne consomment plus et les actifs commencent eux aussi à comprendre qu'il faut se restreindre. En effet, un mouvement nouveau vient d'apparaître au gouvernent c'est l'écologie punitive. Les verts veulent remettre en...

le 02/08/2020 à 10:26
Signaler
Effectivement ce n'est pas fini d’autant que le comité d'urgence de l'OMS a annoncé hier que la durée de la pandémie "allait être certainement très longue". Ce matin, c'est la polémique sur "faut-il laisser les jeunes se contaminer entre eux". Aussi...

à écrit le 01/08/2020 à 12:43
Signaler
Augmentations tous azymuth en loucedé début aout comme d'habitude, prix des timbres, prix de l'electricité, gaz... France l'économie de Marchais...

à écrit le 01/08/2020 à 9:46
Signaler
ssssSSSplendide !!

à écrit le 01/08/2020 à 9:44
Signaler
oui on sait nous sommes en précession, sur une toupie quoi! ou toupire !

à écrit le 01/08/2020 à 8:51
Signaler
J'ai vu que bison futé prévoyait de nombreux départs en vacances aujourd'hui avec une carte de France entièrement noire à la TV .J'ai donc regarder ce matin le site sytadin pour l'ile de France , je suis dit que cela devait être le chaos puisqu'il l'...

à écrit le 01/08/2020 à 2:23
Signaler
Micron un genie ?

le 01/08/2020 à 10:06
Signaler
A situation d'urgence, réponse d'urgence. Rapatriement de nos forces déployées dans des Opex ruineuses et sans avenir politique. Retour de tous nos lycées français à l'étranger et redéploiement des enseignants dans l'hexagone. Voici deux exemples, et...

à écrit le 31/07/2020 à 22:10
Signaler
Les chiffres sont là. Mais le titre de l'article est erroné : ce sont les autorités politiques dirigeantes, les médias et les autorités sanitaires qui ont volontairement plongé l'économie française dans une violente récession ; osons nommer l'origine...

à écrit le 31/07/2020 à 19:15
Signaler
"Quoi qu'il en coûte"! Et bien on va arriver dans le dur. Parce "qu'il" va en coûter des milliards, des centaines, à cause d'une gestion sanitaire calamiteuse...et ça continue. Les masques à l'intérieur, il semble qu'il y ait un consensus... à l'exté...

à écrit le 31/07/2020 à 14:09
Signaler
Juste pour rappel, cette récession "violente", c'est ce qu'il faut tous les ans jusqu'en 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 2°C. Pour rappel également, en raison des limites physique de la Terre, une récession aura lieu tôt ou tard, et p...

le 31/07/2020 à 17:48
Signaler
c'est bien d'ouvrir votre porte a tous ceux qui vont perdre leurs emploi bien entendu que vous avez la capacité de nourrir et d'héberger ceux qui vont rester sur la route a cause de votre décroissance

le 01/08/2020 à 10:14
Signaler
@truc. Le réchauffement climatique n'a rien a voir avec les efforts français, car il dépend uniquement de la démographie mondiale. La France en voulant traiter de façon unilatérale ce réchauffement se tire une balle dans le pied sur le plan économiqu...

le 02/08/2020 à 9:44
Signaler
@calamard:des bras il y en a pour ramasser les légumes les gens qui sont au chomage .pas de bras pas d'indemnité chomage.Je sais c'est dur mais par temps de crise on ne peut pas se permettre de rester sans rien faire.

à écrit le 31/07/2020 à 13:12
Signaler
violente récession , brutale ...pour 14% seulement . Tout ce qui est excessif est insignifiant . J'eusse aimé de votre part les memes termes pour qualifier , entre hausse de la CSG et non revalorisation des pensions , une baisse bien supérieure des ...

le 31/07/2020 à 19:32
Signaler
Les idées sont toujours intéressantes à partager, les opinions non : allez au-delà de ce que vous pensez pour voir ce qui est. Déjà la Csg ne devrait être payée que par les retraites car elle est censée combler les déficits que vous avez crees... E...

à écrit le 31/07/2020 à 11:33
Signaler
L'histoire montrera par des analyses et enquêtes comparées socio économiques entre pays et territoires réalisées sur cette période, si cette pilule de choc conduisant à un tel effondrement économique, administrée sans nuance et de manière uniforme, b...

le 31/07/2020 à 12:48
Signaler
C'est la faute au gouvernement ou aux francais qui ne respectent que trop peu les gestes barrieres et le port du masque?C'est facile de critiquer le gouvernement et ne pas se remettre en cause.

le 31/07/2020 à 13:14
Signaler
la chine ment .et sur tous ces chiffres : croissance , PIB , décès du COVID . C'est une dictature .

le 31/07/2020 à 14:55
Signaler
Curieux que vous ne parlez pas des USA pour la gestion de la crise et pour la récession de 33 % du pib !

le 31/07/2020 à 16:11
Signaler
C'est sûr. Mais de là à dire que c'est un désastre comme chez nous, il y a de la marge. Regardez comment son économie est repartie pdt notre confinement et comment elle livrait pleins pots du matériel médical que se disputait le monde entier.

le 31/07/2020 à 16:47
Signaler
@marc469 "et pour la récession de 33 % du pib ! " En rythme annualisé sinon entre avril et juin, la diminution a atteint 9,5 % par rapport à la même période en 2019.

le 31/07/2020 à 17:00
Signaler
Allons! Rappelez-vous ! Les français ont été cités parmi les plus disciplinés d'Europe pdt les 2 mois de confinement draconien permettant la chute au pic du 31 mars de près de 8000 contamination jour à moins de 500 le 11 mai, tandis que les décès à ...

le 01/08/2020 à 7:38
Signaler
et ce n'est pas fini nos dirigeants continue d'infantilisé les francais car ils sont incapable d'assumer leurs responsabilité comme pour le port du masque qui il y a encore trois mois ne servais a rien

le 01/08/2020 à 19:42
Signaler
mon cher sachez que votre 32.8% en annualisant c'est 9.5%, soit 4 points de moins que notre "héros national" célèbre pour avoir détruit notre économie, pas plus, quoique avec brigitte on les remarque à l'étranger, mamie et son fils, du vrai....

à écrit le 31/07/2020 à 11:23
Signaler
au lieu de critiquer voir de constater une chute de l'économie au deuxième trimestre le plus logique est de proposer des solutions mais au résultat de gestion depuis un demi siècle que vous êtes au rouge et incapables de sortir la pays de sa léth...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.