Lutte antiterroriste : l'Assemblée nationale adopte le projet de loi

Le texte présenté par le ministre de l'Intérieur, bien que jugé "liberticide" pour certains et "insuffisant" pour d'autres, a été adopté par une large majorité, ce mardi. Le gouvernement souhaiterait voir adopté le projet de loi à la mi-octobre.
Pour rappel, le texte transcrit dans le droit commun des dispositions de l'état d'urgence uniquement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Les députés français ont adopté mardi le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme qui vise notamment à remplacer au 1er novembre l'état d'urgence décrété après les attentats de novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.

Le texte présenté par Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, et que le Sénat, où la droite est majoritaire, avait adopté en juillet, a été approuvé par 415 voix contre 127.

Le vote de ce projet de loi s'est déroulé dans un climat alourdi par les attentats de Marseille et de Las Vegas et après que les députés, en début de séance, aient observé une minute de silence en hommage aux victimes.

"Insuffisant" pour les uns, "liberticide" pour les autres

Le texte est soutenu par les groupes La République en marche (LREM), MoDem, les Constructifs et - avec des réserves - par celui de la Nouvelle gauche (ex-PS) qui s'est majoritairement prononcé en sa faveur.

Il est en revanche rejeté majoritairement par le groupe Les Républicains (LR), qui le juge "insuffisant", et les élus du Front national et, pour des raisons opposées, par les groupes La France insoumise (LFI) et de la Gauche démocrate et républicaine (GDR, PC) qui, comme nombre d'associations de défense des droits de l'Homme, le qualifient "d'inefficace" et de "liberticide".

"Nous sommes opposés à ce texte car je ne vois pas ce qui justifie aujourd'hui de sortir de l'état d'urgence", a déclaré Christian Jacob, le président du groupe LR.

"Nous allons voter contre ce texte car il est inférieur dans ses effets à l'état d'urgence", a déclaré mardi Marine Le Pen, députée et présidente du FN, lors d'une conférence de presse.

Le vote définitif prévu mi-octobre

Ces critiques sont rejetées par le ministre qui juge son projet de loi "équilibré" avec pour objet d'apporter "une réponse durable à une menace devenue durable".

"Ce texte va permettre de protéger les Français (...) On voit bien que contre les terroristes il faut à la fois se protéger et en même temps garder ce qui fait la valeur de notre patrie : ces valeurs de justice, de liberté qui sont au cœur du système que les terroristes et nos adversaires de Daech voudraient détruire", a-t-il ajouté.

Le gouvernement ayant décidé d'utiliser la procédure accélérée, qui réduit le nombre de navettes entre les deux assemblées, une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat sera convoquée à la fin de la semaine prochaine afin de tenter de mettre au point un texte commun aux deux chambres.

Le gouvernement souhaite que ce projet de loi soit définitivement adopté par le Parlement à la mi-octobre avant le début du "marathon budgétaire".

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Le projet, dans les grandes lignes

Pour rappel, le texte transcrit dans le droit commun des dispositions de l'état d'urgence uniquement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme notamment en matière d'assignation à résidence, de perquisition et de contrôle des personnes.

Il élargit le périmètre des contrôles dans les zones frontalières, aux abords des aéroports, des ports et gares et autorise les préfets à fermer provisoirement des lieux de culte.

Parmi les amendements adoptés, l'un prévoit la création d'un nouveau crime pour les parents incitant leurs enfants à partir à l'étranger dans les zones de combats et de commettre des actes de terrorisme. Cet amendement prévoit une peine de quinze ans de réclusion criminelle et une amende de 225.000 euros avec la possibilité d'une déchéance de l'autorité parentale.

(avec Reuters)

Commentaires 5
à écrit le 04/10/2017 à 10:32
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""Nous sommes opposés à ce texte car je ne vois pas ce qui justifie aujourd'hui de sortir de l'état d'urgence"," La fatigue des services de l'ordre peut-être non ? Ou comment diriger une profession qui était toute désignée pour être de droite...

à écrit le 04/10/2017 à 10:07
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J'oubliais : Merci les médias de votre réaction et de votre professionnalisme! Grâce à vous, à votre non-analyse et votre volonté de ne pas contrarier le gouvernement (des fois qu'il contrarie d'autres intérêts), il n'y a pas grand monde qui compren...

à écrit le 04/10/2017 à 9:59
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Super! La fin de l'État de droit! Maintenant, sans état d'urgence, on peut aller en prison sur des soupçons! Vive l'État tout puissant! Mais bien sûr le gouvernement est connu pour sa modération et va en faire un usage tout à fait dans l'esprit de la...

à écrit le 03/10/2017 à 21:12
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La fin justifie t’elle tous les moyens ? Je n’ai pas lu les textes de loi mais les critiques qui reviennent sont « l’aspect liberticide » qui entérine tout de même un régime d’exception et s’exonère d'un pouvoir judiciaire independant. Tout aussi d...

à écrit le 03/10/2017 à 18:03
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surprenant dans la pressE,on ne parle presque pas de la grosse faute que represente le manque de suivi DU TUEUR de Marseille ???? DEPUIS 12 ANS ET MAINTES ARRESTATIONS ??????

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